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Ce qui est bien quand Moonsorrow sort un EP c’est qu’on a l’impression de tenir dans ses mains un véritable album. En tout cas, l’objet a en bien la couleur de part sa longueur tout d’abord (plus d’une heure au compteur pour un EP ce n’est pas mal) et de part la richesse de son contenu ensuite. Au menu, une chanson originale, deux ré-enregistrements et deux reprises. A table !

Vous allez me dire que une chanson originale dans un EP ça ne fait quand même pas beaucoup à se mettre sous la dent. Grossière erreur car il faut se rappeler que chez Moonsorrow tout est dans la complexité et le style d’écriture et non dans l’avalanche de titres et le déluge de compositions. De toutes façons, Tulimyrsky a tous les attributs requis pour prouver que ce n’est pas parce qu’on est un EP qu’on ne peut pas avoir sa féerie propre.

Tulimyrsky commence donc tout en douceur, avec des bruits de vagues qui se brisent sur la plage, une brise qui souffle sur la côte vierge et sauvage d’un pays lointain et froid. Un conteur commence à nous raconter une histoire. On ne comprend pas rien à ce qu’il nous dit mais ce n’est pas important. Ce qui compte c’est qu’en deux minutes Moonsorrow a posé les bases de sa mélancolie, de sa folie, de son univers. Ce qui compte c’est que la magie opère pour que quand la chanson démarre tout à fait, l’auditeur ait quitté sa chambre, sa voiture, son salon et soit près à suivre Moonsorrow dans ses aventures.

Ce qui compte c’est que "Tulimyrsky" ne paraisse pas ses trente minutes. Il n’y a rien de pire que de s’ennuyer en écoutant une chanson, surtout quand le morceau en question est long. Moonsorrow, déjà rompu à l’exercice avec son album précédent, sait parfaitement éviter les écueils que comporte ce genre d’exercice. Les finlandais varient leurs mélodies à loisir et passent sans cesse d’un tempo lent à un tempo plus soutenu, de rythmes lourds à des mélodies plus enjouées, d’un chant haché et brutal à des parties contées reposantes. Tout est fait pour nous tenir en éveil, pour aiguiser notre curiosité. Et, croyez-moi, s’il y a bien quelque chose que Moonsorrrow sache faire c’est composer des titres riches, puissants et épiques à souhait (les “ohohoh” et les choeurs scandés à la fin du morceau sont de vrais bijoux). "Tulimyrsky" n’est qu’un exemple parmi d’autres. Et puis finalement, le morceau s’achève, toujours avec une douce tristesse, un corbeau qui croasse dans le lointain, la voix de ce conteur qui termine son histoire et un dernier soubresaut musical qui prouve que Moonsorrow maîtrise parfaitement son sujet et sait terminer en beauté.

Après une telle mise en bouche, on pourrait se dire que Moonsorrow peut se reposer sur ses lauriers, que le contrat est presque rempli pour le groupe. Mais il n’en est rien. Les finlandais le prouvent d’ailleurs avec deux excellentes reprises. La première est “For Whom The Bell Tolls” des Four Horsemen, le seconde, avec laquelle l’EP se termine, est “Back To North” de Merciless sur l’album Unbound. Les seuls titres que Moonsorrow interprête en anglais. Et d’ailleurs ça surprend un peu de comprendre enfin les paroles. En s’attaquant à l’exercice périlleux de la reprise, Moonsorrow ajoute une nouvelle corde à l’arc de ses talents. En effet, sous les assauts des finlandais, “For Whom The Bell Tolls” prend une toute autre dimension, aventurière et onirique, qui, sans rien enlever à la qualité de l’originale, apporte un nouveau sens de lecture et un petit plus indéniable. Même constat avec “Back To North” qui voit sa durée rallongée de 5 minutes pour l’occasion. Moonsorrow interprête à sa sauce le morceau des suédois. Le groupe a tendance à laisser un sillon guerrier partout où il passe et ce n’est pas cette reprise de “Back To North” qui va me faire mentir. A l’écoute du titre original on comprend le choix des cousins Sorvali, tant la chanson de Merciless colle à l’univers de Moonsorrow. Sans oublier la mélodie qui apparaît en milieu de morceau, guillerette et légère au milieu de la musique très crue que les finlandais ont su parfaitement s’approprier. Tout comme il a su faire sienne celle, nostalgique, par laquelle la chanson se termine qui nous rappelle où nous sommes, dans un EP de Moonsorrow, et qu’il est temps d’ouvrir les yeux parce que le disque touche à sa fin.

Il ne reste plus qu’à vous parler des deux ré-enregistrements qui encadrent les deux reprises : “Taistelu Pohjolasta” et “Hvergelmir”, le premier provenant de Tämä Ikuinen Talvi, la démo de 1999, le second de Metsä, la démo sortie en 1997. Rien de vraiment nouveau pour ses deux morceaux si ce n’est, pour Moonsorrow, l’occasion de dépoussiérer et de remettre au goût du jour, deux titres peu connus et un peu oubliés. Surtout que le groupe ne se contente pas de reprendre “Taistelu Pohjolasta” et “Hvergelmir” note pour note, il les adapte et les fait évoluer pour mieux les intégrer à l’air du temps. “Taistelu Pohjolasta” est ainsi amputé de plusieurs minutes alors que “Hvergelmir” est un peu rallongé. C’est ainsi une manière de concevoir la musique de Moonsorrow : un élément en constante évolution qui se remet en question.

Tulimyrsky est plus qu’une simple mise en bouche entre deux albums. C’est un oeuvre à part entière, complètement intégrée à la discographie de Moonsorrow, qui se déguste et se savoure sans fin. Le titre “Tulimyrsky” et ses trente minutes (soit l’équivalent d’un album grindcore de 45 chansons) vaut à lui seul le détour mais il s’agit de ne pas oublier le reste du disque.L’EP propose son lot de moments de qualité, beaux, vivants ou enragés. Un pur condensé de Moonsorrow qui saura ravir toutes les oreilles. Bon appétit !

Nola

0 Comments 19 novembre 2011
Whysy

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