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Pour fêter dignement un anniversaire, chaque groupe y va de sa petite contribution : live commémoratif pour les uns, best-of avec son lot de raretés pour les autres, voire la ré-édition d'un album précis pour les moins inspirés ou les plus nostalgiques... Autant de coups marketings classiques visant à célébrer, avec plus ou moins de réussite, la longévité d'une légende du Metal. Et la légende qui nous occupe aujourd'hui, c'est Helloween, qui, en cette année 2010, fête ses 25 ans de carrière, ou plus exactement l'anniversaire de leur premier EP éponyme sorti en 1985, le groupe s'étant formé deux ans plus tôt.  Ayant déjà publié un best-of en 2002 (l'excellent « Treasure Chest », chaudement recommandé), l'annonce d'un nouveau best-of laisse donc pour le moins perplexe... Mais le groupe ayant préalablement annoncé que ce dernier contiendrait des titres entièrement ré-enregistrés, pourquoi pas ? Sauf qu'il n'avait précisé à quel point ils allaient l'être !!! Car attention, ici nulle exaltation métallique de la part de nos citrouilles chéries, mais un relecture complète, et en version jazzy-country-bluesy-lounge-acoustique, des « tubes » de leur carrière...  Avec « Unarmed... », Helloween prend donc le risque de ré-écrire, ré-arranger et ré-enregistrer un florilège des succès qui l'ont placé en tête des références du Power Metal. Un pari osé quand on sait le peu d'ouverture d'esprit dont les die-hards, entre autres, font preuve. Et quand on sait le temps mis par le groupe pour regagner ses galons perdus après les départs de Kai Hansen et Mickael Kiske, c'est à se demander s'il n'aime pas se mettre lui-même des bâtons dans les roues ! Car ce nouvel opus est le parfait exemple des albums qui divisent farouchement. Deux points de vue viendront ainsi s'affronter ; le point vue du fan intransigeant (« Nul ! Une horreur ! Un sacrilège ! A brûler ! ») et le point de vue de l'amateur curieux et éternel optimiste (« Intéressant ! Original ! Rafraichissant ! »).  Étant pour ma part de nature schizophrène, et rejetant en bloc la facilité despotique et la gratuité intellectuelle du tout bien / tout pourri, je me situerai à mi-chemin de ces opinions contradictoires... Car, au final, dans cette épopée multirisque, tout n'est pas à jeter (si, si je vous jure). Pour simplifier les choses, disons qu'il y a un peu de tout : des relectures curieuses mais pas inintéressantes, d'autres sans grand intérêt, des échecs flagrants, et quelques belles réussites !  Présentés dans une nouvelle mouture mélangeant influences jazzy et ambiance de cabaret, les « Dr Stein » et autre « Perfect Gentleman » s'avèrent, pour qui sait prendre un minimum de recul, suffisamment divertissants et amusants pour satisfaire tout curieux en mal d'originalités. L'humour caractéristique de la formation allemande transparait dans ses relectures déjantées, qui, si elles risquent de déplaire fortement aux puristes, ont au moins le mérite de proposer un travail original (sur le fond comme sur la forme). Seulement, ce type de morceaux ne fait pas dans le consensus et se verra soit adopté pleinement et entièrement, soit rejeté en bloc sans autre forme de procès...  Au rayon des morceaux sympathiques mais dont on se demande quel est l'intérêt de les ré-enregistrer tant ils ressemblent à leur version originale, citons « If I could Fly » et son atmosphère très légèrement latino, « Fallen to Pieces » qui se voit agrémenté de quelques samples électro pour donner le change (ceci étant dit, le résultat final est plutôt bon à défaut de surprendre), et « Where The Rain Grows » qui permet de pointer du doigt le piège typique de ce genre d'albums, en l'occurrence l'aspect sirupeux et pompeux à souhait des versions acoustiques !  Abordons désormais le cœur du problème : les mauvaises surprises. * « Future World » tout d'abord, qui ne se distingue réellement de l'original que par la présence de « Ouuuhooouuh » idiots au début du titre, d'une guitare acoustique tout le long, et de quelques percussions vers la fin... Une nouvelle version qui n'apporte donc absolument rien de plus et se montre même totalement dispensable. En gros, c'est raté ! Dommage car il y avait du potentiel avec ce morceau... * « Eagle fly Free », un classique parmi les classiques du Metal, fait ici figure de favori dans la catégorie de 'plus grosse déception de l'album' ! Si, à l'instar de « Future World » il y avait vraiment de quoi s'amuser au départ en proposant quelque chose de réellement surprenant, on tombe au final dans l'indigent le plus total... Avec ses clochettes niaises au possible, son rythme mollasson, la présence d'un chant féminin (pourtant une bonne idée) et l'enrobage acoustique assez facile (peu de prises de risques sur ce coup là), le morceau ressemble au final bien plus à une mauvaise copie de Blackmore's Night qu'à du Helloween (aussi versatile soit-il)... * Et pour finir, dans le rayon 'massacre', voici le cultissime « I Want Out » dont les premières notes laissent pourtant entrevoir un espoir... du moins, jusqu'à l'irruption de chœurs d'enfants ! Déroutant au début, amusant par la suite, mais très rapidement lassant (pour ne pas dire insupportable), on leur collerait volontiers des baffes pour qu'ils la ferment ! Vraiment dommage, car du point de vue instrumental, la relecture de ce monument des citrouilles s'avère séduisant et parvient, malgré sa complète ré-écriture, à conserver sa dynamique initiale et son aspect 'catchy' (comme quoi, quand un titre est foncièrement bon, il le reste sous toutes les formes).  Après toutes ces invectives, soyons honnêtes et reconnaissons également de vraies réussites au sein de cet album controverse... Elle ne sont pas légions, mais méritent tout de même d'être signalées. * Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, « Forever and One », dans cette configuration minimaliste au piano, gagne en émotion (là où d'autres prennent en ridicule) et va droit au but... en y réfléchissant bien, c'est peut-être l'un des meilleurs morceaux de l'album. J'en viens même à me demander pourquoi la version originale n'est pas aussi simple et évidente que celle-ci ! * « A Tale That Wasn't Right », LA ballade mythique des allemands présentée ici dans une configuration originale, où la voix seule d'Andi Deris se voit accompagnée d'un orchestre symphonique sur la majeure partie du titre, avant d'être rejointe par une guitare acoustique. C'est grandiose, peut-être un poil trop grandiloquent, mais suffisamment riche pour faire mouche ! * Et pour finir, le gros morceau de l'album, « The Keeper's Trilogy » qui pourrait, à lui seul, justifier l'existence (voire l'achat) de cet opus ! Affichant 17 minutes au compteur, il s'agit en fait d'un medley reprenant « Halloween », « Keeper Of The Seven Keys » et « The King for A 1000 Years ». Pour l'occasion Helloween a vu grand et s'est attaché les services du Prague Symphonic Orchestra qui délivre une prestation à vous filer des frissons ! Conservant l'énergie et la puissance des compos d'origines, cette nouvelle version y ajoute une emphase orchestrale et une dimension cinématographique bluffante qui en décuple l'impact... On en vient à se demander et à souhaiter, en doux rêveur : et si Helloween se produisait un jour sur scène accompagné d'un tel orchestre ? Vu les qualité de ce titre, il ne fait aucun doute que le résultat serait impressionnant !   Alors... que retenir au final ? Si l'idée de départ a le mérite d'être originale, et si le travaille de ré-écriture est considérable, force est d'admettre que le résultat laisse une impression assez fortement mitigée... Malgré une production remarquable à tous les niveaux, ce ne sont pas les trop rares bons moments du disque qui suffiront à rattraper une sensation globale plus déstabilisante. A défaut de véritablement parlé de Best-of (le choix de la tracklist est parfois discutable), voyons dans cet album un exercice de style qui laisse un goût amer... Où le groupe voulait-il en venir ? L'idée de base est, je le répète, intéressante, et même salutaire. Mais quel est l'intérêt, si ce n'est de l'opportunisme financier, de sortir un tel album ?  Helloween a beaucoup d'humour, c'est certain, mais je ne suis pas convaincu que ses fans en ai autant !

0 Comments 15 avril 2010
Whysy

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