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Lying down, on your last words
Crystallizing memories
Within a last embrace



Malgré les péripéties traversées par le groupe lors du faux départ de leur troisième album Underneath, celui-ci est aujourd'hui disponible, et ce serait dommage de ne pas essayer d'y jeter une oreille. En effet, les français ont mis les petits plats dans les grands, et si chez Heavylaw on ne vous a toujours dit que du bien de cette formation, ça ne risque pas de s'arrêter en si bon chemin.

Wildpath fait toujours un metal symphonique très orchestral, avec des parties de guitares parfois plus rapides, agrémenté d'un chant lead féminin, mené par Marjolaine Bernard depuis Non Omnis Moriar. Les orchestrations justement font partie intégrante de la musique des parisiens, on y reconnaît facilement leur touche, puisqu’ils se permettent le luxe de les composer intelligemment (tous disposent en effet d’une formation diversifiée). L’auditeur ne sera pas dépaysé et, dès les premières notes de l’introduction Seeds of a Dream, on retrouve l’atmosphère mélodique et instrumentale proposée dans Nyx’s Secret et Non Omnis Moriar. Pourtant, Underneath n’est pas une simple copie des albums précédents. Certes, Wildpath veut toujours développer une musique qui aille au delà des clichés du speed metal symphonique à chanteuse.
Oui, on retrouve des éléments de speed (le rythme est soutenu dans plusieurs des compositions de ce nouvel album, à commencer par Dive par exemple, mais aussi Timeworm et Buried Moon). Oui, l’ensemble ressort très symphonique tant les orchestrations sont omniprésentes, et arrivent à créer une atmosphère différente pour chaque chanson ; en ce point on se démarque de Non Omnis Moriar qui se devait de coller au concept. Oui, c’est du metal à chanteuse, forcément (malgré les rares interventions masculines).

L’ensemble arrive pourtant à ne pas lasser. Chaque morceau développe son univers à partir des nombreuses sources d’inspiration du groupe. Parmi elles des classiques du genre, comme Danny Elfman. Si son influence se fait remarquer sur tout l’album, à travers les atmosphères fortement développées musicalement, on trouve un clin d’oeil plus poussé aux Noces Funèbres dans Reviver, qui rappelle Remains of the Day, que ce soit grâce au xylophone, ou au thème de l’après vie. D’autres influences un peu moins classiques (du moins dans ce milieu) se font entendre : sur The Elf, the Man and the Muse (piste bonus), on retrouve les montées en puissance et les claviers des britanniques de … Muse justement.
D’autres morceaux rappellent carrément certaines superproductions hollywoodiennes, c’est le cas d’Anchored qui nous fait voguer vers les doux rivages de Tortuga accompagnés de ce brave Capitaine Jack Sparrow. N’en jetons plus, l’album est riche en ambiances, tout en conservant l’esprit Wildpath.

Côté positif : c’est une belle réussite de s’inspirer d’autant d’artistes, et d’arriver à digérer leur influence pour en faire une musique propre, et de qualité. Revers de la médaille : certains pourront ête rebutés par l’homogénéité de ce Underneath. C’est vrai que l’album peut perdre l’attention de l’auditeur sur quelques titres : la ballade Dreaming Doll ou la très longue et instrumentale piste titre par exemple, si elles sont de qualité prises à part, sont un peu noyées dans la masse lors d’une écoute intégrale. Cette sensation n'est heureusement pas de longue durée, puisque c'est au moment où on commencerait presque à s'ennuyer qu'arrivent les voix masculines.

Si elles ont quasiment disparu en comparaison avec Non Omnis Moriar, on peut dire que le groupe a préféré la qualité à la quantité : les growls du guitariste, Olivier Caron, ont en effet gagné un niveau de maîtrise, et donnent une touche plus sombre, plus aggressive à X qui se démarque avec brio des autres morceaux, plus optimistes. Son rythme soutenu, où l’homme répond à la femme par le contraire de ce qu’elle dit dans un inquiétant dialogue de sourds en font un morceau particulièrement réussi. L’autre intervention masculine, en chant clair, est assurée par le bassiste Nicolas Lopes sur Crystallized, et on en redemande tant sa voix et celle de Marjolaine se mêlent à merveille. Là où X apporte un côté obscur, Crystallized redonne un peu de douceur malgré des paroles plus tristes.
En ce qui concerne le chant féminin, de gros progrès ont été faits : la voix chaude de Marjolaine est plus maîtrisée qu’auparavant, sur un registre plus étendu. Si dans Non Omnis Moriar on la sentait parfois mal à l’aise sur des passages aigus, ceux-ci sont aujourd’hui au top, et on ne ressent aucune faiblesse dans les montées de Frozen, ou dans le refrain de Dive par exemple. De l’autre côté de la gamme, les tons graves de la jeune chanteuse donnent le frisson par leur justesse et l’émotion qu’ils communiquent, comme dans Timeworm. Toujours sur Timeworm, les choeurs sont très réussis, et c’est le cas dans tout l’album, même s’ils ne sont pas toujours aussi présents.

Comme évoqué plus haut, si la partie des orchestrations occupe une place importante, elles ne font pas toute la qualité de cet Underneath : d'une part, elles sonnent occasionnellement un peu cheap. Le groupe a-t-il voulu donner cet effet, ou manquait-il seulement de moyens pour tout enregistrer avec un véritable orchestre ? La question reste en suspens, mais cette impression ne diminue en rien l'effet très bande originale de l'ensemble. D'autre part, Wildpath fait toujours du metal, même si, ne nous voilons pas la face, les mélodies sont souvent menées par les claviers ou la voix de Marjolaine. Si la basse n'est pas souvent mise en avant, la guitare dispose de nombreux soli ou lignes principales, c'est le cas par exemple tout au long d'Unearthed. Sur the Craft également la guitare accompagnée de choeurs sombres pose une ambiance obscure, en opposition avec le chant plus optimiste. On retrouve d'ailleurs les hurlements d'Olivier Caron sur cette piste.
Finalement la batterie, dont on a déjà parlé plus haut, se taille une place de premier plan, que ce soit en rythmique réussie et originale (comme sur Anchored où elle est tantôt légère, tantôt martiale), ou en portant les autres instruments dans une danse endiablée qui rappelle pourquoi à ses début on a attaché aux français l'étiquette de speed metal.

Avant de conclure, un mot sur le packaging choisi à l'occasion de la sortie du troisième album du groupe : il s'agit d'un digipack très soigné, avec deux volets dans lesquels on trouve une petite surprise : le même album, en version entièrement orchestrale. Non, il ne s'agit pas seulement de l'album moins le chant, puisque le mixage est différent, certains passages bénéficiant d'orchestrations un peu différentes (un piano classique vient assurer les lignes de chant par exemple), et les choeurs étant toujours bien présents. Alors certes, ça ne révolutionnera pas l'opinion qu'on se fait de l'album. Mais pour le prix proposé, on ne se fout pas de nous !

En conclusion donc, Wildpath nous sert ici un album de qualité, et passe à la vitesse supérieure par rapport à Non Omnis Moriar, avec un line-up stabilisé. Si l'essai ne parviendra probablement pas à convertir les allergiques du genre, il sera transformé auprès des adeptes et des curieux.

0 Comments 23 juillet 2011
Whysy

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