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Récemment, j’ai vu mon « statut » Heavylaw se mettre à jour. De chroniqueur ayant pour tâche principale de couvrir l’actualité métallique, poste que j’occupais fièrement depuis plus de quatre ans, je suis passé dans une nouvelle catégorie : archiviste. Il me faut vous en confesser la raison : à vrai dire, mes activités à l’extérieur de notre cher webzine – eh oui, aussi incroyable et choquant que cela puisse paraître, il existe une vie en dehors de notre beau site à la verte bannière – nécessitent désormais une telle implication qu’il m’est impossible de parvenir à tout concilier. Cependant, notre dictateur bien-aimé Spirit of Gaia a accepté dans sa grande mansuétude de ne pas me mettre à la porte et m’a confié une nouvelle mission à la mesure de mon talent (lol), digne de mes exploits passés : offrir à Heavylaw une base d’archives digne de ce nom, pour que trésors underground et albums référentiels trouvent enfin la place qui leur revient en ces lieux.


Beaucoup de gros noms et de classiques du heavy metal sur ma liste, vous pouvez me croire… Et pourtant, j’ai choisi de débuter ma nouvelle carrière en m’acquittant d’une promesse faite à un ami : chroniquer « Unique », premier album de Catafalque, groupe turc œuvrant dans un Metal gothique de très grande qualité et malheureusement passé totalement inaperçu dans nos contrées, faute de promotion et de moyens. Alors, si ma chronique peut permettre à quelques curieux de découvrir la musique de ce séduisant combo venu d’orient, ce sera déjà une première victoire !

Lorsque Catafalque livre son premier EP en 2001, il créé la surprise. Il s’agit probablement, comme la formation le proclame elle-même, du premier manifeste de Doom/Gothic Metal à s’exporter de Turquie. A peine quelques mois après cette parution historique, le quintet recrute une nouvelle vocaliste, la très belle et talentueuse Özge Özkan et décide de recueillir ses compositions sur un album. Achevé en 2002, il faudra attendre 2005 pour que ce fameux opus puisse enfin être réalisé et commence à s’exporter. Catafalque obtient un beau succès d’estime dans son pays, et à l’écoute de ce premier essai, cet engouement paraît totalement justifié.

Avec une heure au compteur et pas moins de 12 morceaux, « Unique » s’annonce comme un album dense et bien rempli. Fort heureusement, même s’il serait exagéré de prétendre que cette offrande mérite parfaitement le nom qu’elle porte, le tout s’écoute sans discontinuer avec un plaisir égal. Les compositions sont solides, bien écrites, fluides, et souvent assez variées. La production, contrairement à ce que l’on pouvait craindre, est tout à fait optimale : il s’agit de l’un des gros points forts à souligner en priorité. Ce son organique, puissant mais aéré donne beaucoup du cachet à l’album et l’aide à distiller insidieusement son charme et à renforcer sa personnalité.

Musicalement, il s’agit bel et bien de Metal gothique puissant et souvent accrocheur, qui reste marqué par de lointaines attaches doom (les premiers My Dying Bride et Lacrimas Profundere ne sont sûrement pas loin), et qui maintient les traditions majeures du genre. Ainsi, la dualité vocale est toujours de mise (Özge, qui  rappelle vaguement Liv Kristine de Theatre of Tragedy ou Lisa de Draconian, est secondée par un chanteur alternant entre growl efficace et envolées claires graves à mi-chemin entre Moonspell et Septic Flesh), ainsi que la recherche d’un esthétisme musical réel.

Les deux titres qui ouvrent l’opus plantent le décor, mais le niveau monte selon moi d’un gros cran à partir de la très belle « Archangel’s Touch », dont le romantisme exacerbé, les vocalises et les guitares sourdes rappelle fortement le Theatre of Tragedy de « Velvet Darkness They Fear » ou l’excellent « Crystal Tears » des Grecs d’On Thorns I Lay. Bref, un morceau superbe, qui s’inscrit parmi les moments les plus poignants de l’opus. La parenté avec cet album est d’ailleurs rendue encore plus évidente par ce violon qui vient souvent agrémenter habilement les morceaux, et par la présence de leads de piano prenants, un peu à la manière du premier Beseech, autre démonstration de gothic metal personnelle et hautement recommandée. Enfin, n’oublions pas de citer « Bloodia (A Raven In The Dark) », où l’influence du « Turn Loose The Swans » de My Dying Bride se fait palpable, l’accrocheuse « L.O.V.E. », et la semi-ballade « Sharper Than The Blade », mon coup de cœur personnel.



Sombre, élégant, mystérieux, parfaitement écrit et exécuté en dépit d’une faible originalité et d’une certaine homogénéité, voilà comment l’on pourrait résumer cet album, qui sait s’enrichir de ses influences, parfois un peu trop évidentes mais toujours exploitées à la perfection. En fait, je crois qu’il s’agit bel et bien de l’un de mes opus de metal gothique à chant féminin préféré, tant l’émotion y est maîtrisée. Sans compter qu’un pur esprit 90’s plane sur cette œuvre, ce qui comblera sans hésiter les nostalgiques de cette période, où ce style possédait encore une réelle pureté, un parfum underground, une magnifique aura. Dommage qu’après cet opus, la musique du groupe, comme souvent, tende à se démocratiser et perde un peu de son charme… Raison de plus pour profiter d’ « Unique » et d’y revenir, encore et encore…


Gounouman

0 Comments 18 août 2010
Whysy

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