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Ennui. Parmi tous les mots que comporte notre belle langue, c’est peut-être celui qui caractérise le mieux Unsung Heroes, le nouvel album des finlandais d’Ensiferum. Pas la peine de tourner autour du pot, passons tout de suite aux hostilités.  Pourtant Unsung Heroes commence assez bien. Bon, ce n’est pas Byzance non plus, mais l’intro est mignonne et rappelle ses glorieuses aînées. Le single « In My Sword I Trust », malgré un titre convenu à pleurer de rire, bénéficie d’un riff hautement sympathique, d’un refrain pas trop mal agencé et d’une bonne ambiance générale. Quant à « Unsug Heroes », plus sombre et moins rapide, il se laisse écouter avec un plaisir certain et on est prêt à reprendre en chœur les « unsung heroes » lancinants lancés à grand désespoir par Petri. A ecouter ces premiers titres,on se dit que l’album n’est finalement pas aussi terrible qu’on aurait pu le penser.  Oui… sauf que…  Sauf que le titre suivant c’est « Burning Leaves » et c’est avec lui que les ennuis commencent vraiment. Le morceau, en dépit de quelques bonnes idées, traîne sa misère avec son refrain risible à base de chœurs ratés. Hélas, cette troisième chanson n’est que l’arbre qui cache la forêt et durant le reste de l’écoute Unsung Heroes tombe de Charybde en Scylla.  Je ne parle même pas de « Celestial Bound » qui apparaît comme un cheveu sur la soupe en plein milieu de l’opus et détruit tout le rythme de Unsung Heroes. Assurèment, cette ballade, mielleuse et larmoyante, semble s’inspirer de « Tears » qui concluait de charmante façon le fameux Iron. Seulement, là où Kaisa Saari savait trouver les justes harmonies pour conquérir l’auditeur, cette pitoyable copie laisse de marbre avec ses gros souliers plein de sentiments à la truelle dégoulinants et sans âme. Mais, s’en prendre uniquement à « Celestial Bound » et en faire le bouc émissaire de Unsung Heroes, revient à tirer sur l’ambulance.  Les causes du ratage presque complet du cinquième album des finlandais sont plus profondes et plus complexes que ça. Jusqu’à présent, il avait toujours été plus ou moins entendu qu’Ensiferum s’y connaissait en matière de lyrisme épique et de chansons à faire se soulever les foules d’allégresse. Et bien, il a du se passer quelque chose de terrible parce que le groupe a visiblement perdu sa recette magique. From Afar avait déjà marqué un frein à l’épopée martiale à toute épreuve d’Ensiferum. Force est de constater que Unsung Heroes entérine ce triste constat de manière qu’on n’espère pas définitive.  Les morceaux, à quelques exceptions près, sont poussifs et s’essoufflent très vite ; à l’image de l’asthmatique (c’est le mot) « Last Breath » qui aurait besoin d’un sérieux coup de fouet si on veut rester poli. Personnellement, c’est plutôt un coup de pied au fondement que j’administrerais au groupe après avoir écouté un titre aussi mou et insipide. Comment un groupe qui a su composer des chansons aussi motivantes, aussi inspirées, aussi belles même, que « Guardians of Fate », « Victory Song » ou « Lai Lai Hei » peut se contenter de se reposer sur ses lauriers de cette façon et proposer impunément des platitudes comme « Passion, Proof, Power » et ses insupportables longueurs ?  Les restes d’héroïsme musical qu’on peut trouver ici et là font trop pâle figure pour qu’on y prête une quelconque valeur… Quelques riffs encore porteurs du vent sinon divin du moins viking qui soufflait autrefois dans les voiles d’Ensiferum se font entendre par endroits mais la lassitude qui entoure rapidement l’auditeur les lui fait bien vite oublier. Il ne reste alors que des tentatives ratées de construire un album homérique sans morceaux de bravoure dedans et des chanteurs limités qui en font des tonnes pour sauver ce qui l’être. C’est-à-dire presque rien…  Je vous parlais en début de chronique d’ennui. Pour tout être tout à fait honnête, j’aurais préféré parler de déception. Mais, pour cela, encore fallait-il que j’attende quelque chose de ce nouvel opus d’Ensiferum. Si on considère que From Afar prend gentiment la poussière dans un coin de ma chambre (sans être tout à fait sure de l’endroit), il faut croire que Ensiferum avait déjà perdu de sa magie, il y a longtemps, et que le groupe chéri pendant tant d’années n’est plus que l’ombre de lui-même. Une écoute de ce cru 2012 ne fait que confirmer cette conclusion. Unsung Heroes est vain et creux mais pire que tout, il empêche Ensiferum de s’éteindre avec les honneurs, comme tout grand et valeureux guerrier qui se respecte. C’est une bien triste conclusion que les finlandais ne méritent pas. Jari revient, ils sont devenus fous !  Nola

0 Comments 26 septembre 2012
Whysy

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