Humppa hey ! Mais qui voilà donc ? Tout droit sortis des sombres forêts finlandaises… Eh oui !! Nos chers bébêtes poilues, ripailleuses et barbares sont de retour !! Voyez leur cohorte dégingandée s’avancer en maugréant, armes métalliques en main, tous prêts à nous pondre un mauvais coup, et à nous enivrer de leur revigorant élixir de black Metal typiquement folk-trollique…


En dépit des énormes difficultés qui avaient marqué le groupe ces dernières années, j’avais tout simplement adoré « Nattfodd », qui, malgré la mort de Somnium (RIP), guitariste d’origine du groupe, et le départ de Katla, vocaliste sur les deux premiers opus, avait vu la horde de trolls se relever avec brio de ce coup dur et proposer un album qui était plus fou, plus violent et plus irrésistible encore à mes oreilles que ses deux excellents prédécesseurs.

Vint alors le gros nounours Wilska au chant, mais pour des raisons peu claires, il fut éjecté peu après la mise en boîte de l’opus. Le groupe recruta alors le brailleur actuel, le plus jeune et moins « troll-like », Vreth . Heureusement, les différences avec Wilska sont vraiment minimes, le bougre jouant franchement dans le même registre, ce qui évite de déstabiliser trop durement nos oreilles. Aucune crainte à avoir de ce côté-là, si vous aimiez Wilska, je doute que vous puissiez reprocher quoi que ce soit à Vreth, vraiment une excellente recrue.

Et musicalement alors ? La pochette plus sombre en aura surpris plus d’un, et c’est vrai que l’album est lui-même un peu moins fou et délirant que ses prédécesseurs. En fait, ce qui est légèrement regrettable, c’est que si sur les trois précédents opus s’effectuait une lente mais incontestable évolution, ici, on se retrouve plutôt avec un compromis des deux précédents opus. Une touche black plus proche de celle de « Jaktens tid » que de la fureur de certains moments de « Nattfodd » (« Manniskopesten »), des mélodies vraiment proches de celles de l’album précédents, mais pas aussi efficaces qu’un « Fiskarens fiende » ou surtout d’un « Trollhammaren ». La présence d’un hit en puissance tel que celui-ci, d’un nouvel hymne troll m’aura d’ailleurs pas mal manqué ici.

Mais ne vous inquiétez pas, c’est vraiment un bon cru que l’on nous propose ici !! On savoure avec toujours autant de plaisir la saveur forestière qui vient effleurer nos narines (l’accrocheuse et délicieuse « Ur djupet », la plus festive « Korpens Saga »), ainsi que ses fabuleuses mélodies folkloriques (la décalée « En Mäktig gär » et son introduction poilante genre marimba) toujours omniprésentes et parfaitement exécutées. On retrouve aussi de beaux moments, épiques et mystérieux, comme ici « Under tva runor ». La production me paraît même meilleure qu’auparavant, on profite bien de chaque instrument, et l’ensemble est aussi cohérent que parfaitement exécuté.

Un mot sur le dernier titre, dont la durée de 13 minutes me faisait espérer une pièce épique à la Moonsorrow… Grave erreur ! Un morceau à durée plutôt courte, puis… 6 minutes de blanc pour un petit délire de conclusion qui n’en méritait pas tant !! Je n’aime pas ce procédé de laisser du blanc au milieu du dernier morceau de l’album… On se sent lésé, vous ne trouvez pas ?


Enfin bref, même si je doute que les nostalgiques de la folie délirante des deux premiers albums y trouvent complètement leur compte, tous ceux qui ont découvert le groupe avec le plus récent "Nattfodd" devraient s’avérer ravis de cette nouvelle livraison, plus sombre mais moins violente, certes un poil moins inspirée mais toujours aussi gouleyante ! A défaut d’être un chef d’œuvre, « Ur Jordens Djup » reste néanmoins un très bon album… A vous, donc, de savourer comme il se doit la nouvelle cuvée des trolls… Même si l’on eut quand même souhaité découvrir et déguster des arômes plus innovants.


Gounouman