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Le vide, le silence, le recueillement.

Quelques bruits lointains, quelques notes mélancoliques… Visiblement, nous n’en sommes qu’aux préparatifs du voyage, de ce nouveau voyage, vers de nouveaux horizons…. Nous, guerriers vikings pleins de sagesse, avons retenu et assimilé les expériences tirées de nos premières expéditions. Souvenirs d’anciennes victoires, nous avons conservé notre identité unique, tenue secrète la formule de notre habile et audacieux mélange, mixage de magie folklorique, de chœurs et de puissance black électrique. Et pourtant, nous avons mûri.
Mais le poids des années n’a en rien altéré notre fougue et notre esprit païen.


Avec une régularité absolument irréprochable, Moonsorrow revient, deux ans après son dernier opus, l’excellent « Verisakeet ». Le cap du 5ème album n’est pas évident à franchir, mais le groupe finlandais sait qu’il n’a plus rien à prouver.

Son évolution s’est faite de façon naturelle. Moonsorrow pratique depuis toujours un viking Metal aussi complexe qu’efficace, tragique, épique et merveilleux, avec de belles embardées black et de subtils passages de musique traditionnelle scandinave.

Après deux premiers albums très puissants, le groupe atteint la maturité sur l’album qui restera pour moi son chef d’œuvre, le magnifique « Kivenkantaja », sorti en 2003, qui s’avère également être de loin leur album le plus tendre.
Mais le groupe prend tout le monde à contre-pied en 2005 en accouchant de son œuvre la plus élaborée mais également la plus sombre et agressive avec « Verisakeet », les versets de sang.

Si la perspective d’une nouvelle offrande guerrière m’a ravi, elle m’a aussi bien inquiété. Qu’allaient donc proposer nos farouches guerriers après avoir été au bout de leur démarche ?

Première chose, le format de ce nouvel album, qui inquiète plus qu’il ne rassure. Deux morceaux seulement, pour plus de 55 minutes de musique… Même si l’on fait confiance à la maîtrise de nos 5 troubadours finlandais, et que l’on a coutume de découvrir de longs morceaux, là, c’est particulièrement … rebutant, si j’ose dire !

Avant même d’avoir écouté, on se prend à regretter l’absence de « hits » plus courts et efficaces, comme le « Kylan pasaa » de "Voimasta Ja Kunniasta" ! Cette page semble désormais bien loin !


C’est donc avec une impatience mêlée d’appréhension que j’enfourne la galette, ornée de sa magnifique pochette aux teintes sombres et crépusculaires, dans le mange-disque. Je dois avouer que je craignais de me retrouver devant ce déluge de violence qu’avait été « Verisakeet »… Mais non, cette page, comme les autres avant elle, a été tournée. Et Moonsorrow a décidé de prendre le temps, sur cet album, de revenir sur les atmosphères et douces ambiances. Non pas à l’aide de petits artifices comme les chants d’oiseaux et bruits de bataille comme sur les opus précédents, mais tout simplement en aménageant au cœur de ses morceaux des passages instrumentaux enivrants, havres de paix où peuvent s’exprimer librement la flûte, la guimbarde et l’accordéon. Mais attention, Moonsorrow n’a rien perdu de sa fureur épique pour autant ! Il se permet juste, avec classe et élégance, d’étaler son propos. Le chant est revenu à quelque chose de plus traditionnel, toujours black, mais nettement moins criard et agressif que sur l’album précédent.

Ce qui rend l’ensemble encore moins accessible qu’auparavant, c’est le son de l’album ; produit par Henri Sorvali, guitariste du groupe, il est vraiment très différent et moins clair que celui des albums précédents. Il colle en réalité au concept de l’album (la fin du monde), dont le titre pourrait se traduire par « Ravagé ». En tout cas, la force principale de Moonsorrow reste cette capacité unique à allier avec cohérence et goûts parties folkloriques et parties metal, légèreté et violence (quelques courtes parties contiennent même des blasts), sans que l’auditeur soit choqué par la transition.

Mais au niveau de la composition, Moonsorrow semble estimer ne plus avoir besoin de riffs accrocheurs ou de refrains aux chœurs mémorisables comme auparavant. Il se contente de narrer toutes ces fresques guerrières, en position d’observateur aguerri. Et si le récit est toujours fidèle et prenant, force est de constater que la sauce prend moins, tout de même. Oui, les ingrédients qui ont fait le style unique de Moonsorrow sont toujours là, et pourtant je pense que l’on peut être déçu par cet album, même si l’on aime les précédents.


Et oui, après moult écoutes, je reste perplexe. D’accord, c’est du bon, c’est du lourd, mais ne manque-t-il pas un petit quelque chose à cet album pour le rendre aussi indispensable que ses prédécesseurs ? Personnellement, je reste un peu sur ma faim ! Où sont les envolées si prenantes où se mélangeaient si efficacement riffs heavy et délicieuses embardées folk ? Où sont les belles mélodies de claviers (ceux-ci ont presque déserté sur cet opus…) ? Les compositions semblent s’étirer, sans vraiment chercher à accrocher ou donner des repères… Il s’agit certainement d’un choix délibéré, mais pour ma part le plaisir d’écoute s’en avère gâté…

Avec sa capacité incroyable à ne jamais proposer d’albums faibles, le groupe avait fini par me donner des goûts de luxe… Et là, je passe un bon moment, mais pas aussi émouvant et vibrant que les précédents. Dommage… Je range donc cet album aux côtés de « Suden Uni », n’ayant pas les qualités intrinsèques nécessaires à mes yeux pour rejoindre les trois autres, rangés dans leur intouchable écrin de gloire.


Gounouman

0 Comments 08 janvier 2007
Whysy

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