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Au regard de la qualité intrinsèque du premier disque d’Edguy : Kingdom Of Madness, il est particulièrement difficile d’expliquer le succès fulgurant de son successeur aussi bien en Europe qu’au Japon. En effet ses nombreuses imperfections, et le relatif anonymat qui entoura sa sortie ne permettaient pas vraiment à Edguy d’espérer des jours heureux. Et pourtant il arrive parfois que l’espace-temps prenne des tournures qui défient les lois de la logique.  Je ne sais pas trop quelle caractéristique de Vain Glory Opera a permis la gloire soudaine de nos jeunes loupiots allemands, qui allait rapidement les porter au sommet de l'olympe métallique vers des hauteurs insoupçonnées. Car rien sur ces deux premiers disques ne permet d’entrevoir quoi que ce soit de grandiose : musicalement Edguy n’a jamais prétendu pouvoir déplacer les montagnes, les plans de guitares s’ils sont généreusement pourvus en accroche ne cassent pas réellement des briques, le chant de Toby gagnerai encore à se perfectionner, et plus que tout les percussions et orchestrations souffrent encore d’un cruel manque d’imagination. Ces défauts très présents sur Kingdom Of Madness se retrouvent encore à moindre degré sur Vain Glory Opera. Il est donc clair que l’on n’a pas affaire à l’album du siècle, certains titres manquent de souffle, les ballades sont sirupeuses et attisent l’ennui, bref le chemin est encore long.  A ce niveau de la description, les raisons du succès d’Edguy paraissent bien inconcevables. Et pourtant il s’agit bien de replacer l’album dans son contexte. La fin des années quatre-vingt-dix n’a rien d’une sinécure pour le Heavy Metal qui doit faire face à une grave crise d’identité, trop peu inventif, trop clichesque, trop simpliste. Les grandes formations des 80’s marquent le pas (split d’Accept, Iron Maiden au fond du gouffre, Judas Priest en hibernation), et la relève a bien du mal à se mettre en ordre de marche pour récupérer le terrain perdu.  Forcément dans cette atmosphère peu propice à l’innovation, l’incroyable fraîcheur des jeunes pousses d’Edguy apparaît comme une cure de jouvence. Car beaucoup plus que la technique ou l’inspiration, c’est surtout par son insolence, son humour et sa bonne humeur que la formation allemande s’est imposée au milieu d’une masse de suiveurs dont on ne savait plus trop s’ils fallait en rire ou en pleurer. C’est cette capacité inhérente à Tobias Sammet, de savoir alterner intelligemment le drôle et le tragique, le puissant et le doux, le décalé et le sérieux. Cette volonté de ne jamais se prendre au sérieux tout en restant honnête avec l’auditeur en ne sombrant jamais dans la facilité. C’est par la combinaison de toutes ces qualités qu’Edguy est parvenu à assurer sa pérennité sur la scène européenne, pour aujourd’hui s’afficher ni plus, ni moins, qu’en leader du Metal Allemand.  Vain Glory Opera synthétise nettement mieux le style Edguy que n’avait su le faire Kingdom Of Madness, pourvu d’une production sans faille, à la fois puissante et précise (pour une fois que les allemands peuvent disposer de moyens conséquents) et d’une fort belle régularité. Ce disque parvient à séduire l’auditeur sans jamais vraiment transcender le genre. On y retrouve une diversité appréciable, avec des speederies dans la droite ligne d’un grand Helloween : «How Many Miles», «Out Of Control» (où l’on peut profiter d’une jolie petite intervention d’Hansi Kürsch) ou encore «Fairytale», sur lesquelles le talent de compositeur de Toby commence à se roder. Mais aussi quelques mid-tempos bien inspirées comme «Vain Glory Opera» (et sa mélodie dans le plus pur style Europe) ou encore «Walk On Fighting». Sans oublier la puissance communicatrice de la furieuse «No More Foolin’». Le reste du disque est peut être plus anecdotique, avec deux ballades pour le moins insipides («Scarlet Rose» et «Tomorrow»), une speed manquant fortement d’argument : «Until We Rise Again», et une reprise d’Ultravox dont on est en droit de se demander ce qu’elle fait là.  Au final si le résultat est mitigé, avec une moitié de disque très plaisante, et une autre moitié un peu faiblarde. C’est surtout le succès fulgurant de l’album qui restera en mémoire, Vain Glory Opera propulse Edguy au rang d’étoile montante du Metal européen et lui assure l’appoint nécessaire à la suite de sa carrière. Il en aura fallu des galères et du labeur pour voir enfin nos allemands récompensés à leur juste valeur, mais une fois lancés… je gage qu’il sera dur de les arrêter!  SMAUG...

0 Comments 28 juin 2006
Whysy

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