Vous recherchez quelque chose ?

C’est l’hiver. Enfin plus pour nous, habitants de l’hémisphère nord. Il est presque temps de sortir les maillots de bain et de profiter du soleil avant qu’on ne commence à se plaindre qu’il fait trop chaud. Cependant, l’hiver n’est pas fini pour tout le monde et à en juger par les pas qui crissent dans la neige, Moonsorrow est bien décidé à faire durer le froid. Et la souffrance aussi à en juger par les longs cris qui déchirent le silence paisible des interludes. Tourmentée et sombre s’annonce l’immersion car, hauts les coeurs, tout le monde : Varjoina Kuljemme Kuolleiden Massaa, le Moonsorrow nouveau est arrivé !

Dix ans séparent Suden Uni le premier album de Moonsorrow de ce nouvel opus. Entre temps quatre albums et un EP (aussi complet qu’un authentique album) ont vu le jour. Certes, la sortie de ce dernier ne date d’il y a seulement trois ans mais que voulez-vous il y a des intervalles qui vous semblent plus longs que d’autres.

Varjoina Kuljemme Kuolleiden Massaa (qui va vite devenir VKKM parce que j’ai la flemme de faire des copier-coller) est un digne rejeton de Moonsorrow. A savoir : on y retrouve les mêmes recettes qui ont fait le succès de groupe dans ses anciennes productions. VKKM est donc constitué de titres denses et plutôt longs. Ainsi, les finlandais ont réduit la durée de leurs titres de manière presque drastique après un V: Hävitetty composé seulement de deux chansons de respectivement 30 et 26 minutes et après un Tulimyrsky EP dont la pièce maîtresse est un autre morceau de près de 30 minutes. Moonsorrow est revenu à des formats plus orthodoxes et (sans doute aussi) plus faciles à utiliser en concert. On se retrouve quand même avec des chansons qui font toutes plus de 11 minutes. La marque de fabrique de Moonsorrow est respectée. VKKM compte donc 7 pistes : 3 interludes, faisant partie intégrante de l’atmosphère et aidant à construire l’histoire derrière la musique, s’intercalent entre les 4 chansons de l’album.

Quatre titres ça peut paraître bien peu mais ce serait mal connaître les cousins Sorvali et leur bande pour oser juger leur travail sur le nombre des pistes proposées. Moonsorrow ne se fout pas de son public et, fait partie de ces combos qui privilégient la qualité à la quantité. En effet, cette fois encore, et plus que jamais, Moonsorrow a su tailler des morceaux complexes qui ne s’apprivoisent pas facilement. Il est même assez facile si on est un peu distrait ou pas très concerné de ne pas accrocher complètement à la première écoute. VKKM ménage ses effets et se dévoile au fur et à mesure des écoutes. Moins accessible que Voimasta Ja Kunniasta ou même que Kivenkantaja, VKKM n’en reste pas moins épique et n’a surtout pas à rougir de la richesse de ses compositions.

Et finalement, sans que toutefois en avoir jamais douté, à l’écoute, ce sixième album de Moonsorrow s’avère être le digne héritier des précédents disques du groupe. Que de chemin parcouru depuis 2001 soulignais-je précédemment. Moonsorrow a mûri mais en même pas tant que ça : les finlandais ont su rester fidèles à eux-mêmes et imposer leur patte sur cet opus comme sur tous ses prédécesseurs. Impossible de se tromper : les claviers, les guitares, le chant tout, du début à la fin sonne une fois encore comme un opus de Moonsorrow . Ce qui a fonctionné dans le passé fait encore ses preuves maintenant. “Tähdeton” prolonge donc la discographie comme si le temps ne s’était pas écoulé, comme si l’EP n’avait jamais cessé de tourner.

Tout d’abord, à l’image de la pochette de l’album - de l’artwork en général - qui tranche avec les précédentes productions du groupe, VKKM semble se vouloir plus réaliste et presque plus torturé. Le chant de Ville Sorvali est d’ailleurs très éraillé, beaucoup plus primitif que sur les précédents opus. Le bassiste éructe les paroles pour arriver à construire la violence de VKKM presque uniquement sur son seul chant. Alors que les mélodies sont finalement moins agressives, et même parfois plus douces comme le prouve le passage de "Tähdetön" où les cris de Ville Sorvali s’opposent à la légèreté d’une mélodie presque innocente. Une oreille peu avertie pourrait presque reprocher à l’ensemble son manque d’harmonie. Sans surprise, les lignes de chant sont peu structurées et donnent, de prime abord, à VKKM un aspect un peu brouillon et dissonant. Cependant, chez Moonsorrow cela n’a aucune importance et aucune incidence sur la qualité de l’écoute puisque les thèmes musicaux sont les principaux moteurs de la réussite de la démarche artistique.

On retrouve donc les éléments habituels de la musique de Moonsorrow dont ce petit quelque chose d’infiniment triste et mélancolique. Mais il y a aussi une part très enjouée, comme un refus de la fatalité. Rien dans les thèmes abordés par les finlandais n’est pourtant une invitation à la gaieté. Depuis Suden Uni jusqu’à ce VKKM, Moonsorrow cultive une ambiance sombre et tragique développant un univers guerrier, violent et surtout épique (rappelez-vous de l’intro de la toute dernière chanson de Voismasta Ja Kunniasta). Pas vraiment de quoi danser partout vous en conviendrez. Pourtant, les musiciens ne composent pas de chansons funestes. Inconstant et indécis, on passe du rire au larmes, de l’abattement à la rage. Il y a qu’à entendre l’air presque “guilleret” de “Muinaiset” succéder à la mélodie désenchantée de “Hävietty” pour se rendre compte de la bipolarité de la musique de Moonsorrow. Ainsi, pas question de se rendre sans combattre : Moonsorrow nous invite à ne pas nous laisser abattre.

Et pour l’auditeur ça fonctionne. Il faut dire que, comme à son habitude, le combo d'Helsinki a soigné ses atmosphères et son travail. VKKM est rempli de mélodies toutes plus réussies les unes que les autres. Comme de coutume, elles règnent quasiment sans partage sur le petit royaume des finlandais. Les parties instrumentales se taillent ainsi, une nouvelle fois, la part du lion. “Huuto” s’ouvre ainsi dans une ambiance aérienne avant d’alourdir son rythme pour proposer un morceau épique à souhait, mêlant différents sentiments, brouillant les pistes.

Pas de doute à avoir. En sept mots comme en cent ou en mille : Moonsorrow fait une nouvelle fois des miracles.A l’image du dernier titre, la très belle “Kuolleiden Maa”. C’est un peu la cerise sur le gâteau déjà très bon par ailleurs qu’est VKKM. Elle parachève l’album en beauté. Tout au long de ses 16 minutes et 23 secondes, et avec son intro à fendre le coeur, elle lui offre le conclusion qu’il mérite. En l’occurrence, c’est la mort qu’elle représente : les cris d’agonie du protagoniste concluent l’album alors que la musique, telle un rythme cardiaque ralentit doucement jusqu’à s’éteindre tout à fait. Nous y sommes, c’est la fin du voyage.

For the deceased, the land of the dead.

Quelques instants avant que je ne lance un album de Moonsorrow il m’arrive de penser que finalement ce groupe en vaut bien un autre. C’est ce que je me suis dit cette fois encore. Et cette fois encore, quand les toutes premières notes se sont élevées, Moonsorrow m’a rappelée pourquoi j’aimais tant ce groupe. J’ai eu tort de douter. Ecoute après écoute, Ville Sorvali et ses compères me retournent les tripes. Varjoina Kuljemme Kuolleiden Maassa est une nouvelle réussite du groupe qui prouve que, plus que jamais, à mes oreilles, Moonsorrow vaut tout l’or du monde ou presque.

Nola

0 Comments 23 avril 2011
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus