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C’était il y a bien longtemps… Lorsque la colère divine frappa nos majestueux empires. Tandis que nos statues s’effondraient, tandis que le courroux des cieux aplanissait nos terres, tandis que le paradis pleurait sur les décombres fumants de notre fierté passée, nous prîmes la mer, ravalant nos sanglots, pour fuir ces terres jadis verdoyantes, aujourd’hui abandonnées. « From Empires to Oceans », atmosphérique conclusion de nos légendes d’autrefois, prophétisait déjà le prochain chapitre à venir… Mais elle taisait les six années nécessaires à son écriture. Six longues années à naviguer, à explorer les tréfonds d’un vaste océan de larmes… Six années avant de retrouver l’horizon et de pouvoir à nouveau déclamer au monde les poignants récits de nos oniriques aventures, et de repartir, le cœur gonflé d’espoirs nouveaux, vers un nouveau rivage lointain.   Vous l’aurez compris à la lecture de cette brève mise en bouche : en 2003, personne ne pensait qu’il faudrait six ans à la troupe américaine pour offrir un successeur au magnifique Of Empires Forlorn. Et pourtant… While Heaven Wept a toujours eu la réputation de changer très fréquemment de line-up (selon metal archives, pas moins de 65 musiciens seraient passés dans les rangs du groupe depuis sa formation en 1989 !), et encore une fois, de nombreux obstacles vinrent ralentir la gestation de l’album, pourtant en grande partie composé à l’époque de son prédécesseur !  Pour ne rien arranger, il faut dire aussi que Tom Phillips, compositeur et chanteur de génie mais toujours trop perfectionniste, avait depuis longtemps décidé de délaisser le micro, ne jugeant jamais ses performances assez satisfaisantes. Seulement voilà : restait à trouver la perle rare pour lui succéder ! Et ce n’est qu’en 2004 que le line-up se stabilisa enfin avec l’arrivée de Rain Irving, chanteur au CV conséquent ayant joué avec pas mal de groupes de Heavy Metal dans le passé.  Alors, comment appréhender ce 3ème opus du groupe (seulement !), qui célèbre le 20ème anniversaire de While Heaven Wept ? Difficile d’imaginer le doom Metal épique de la formation sans la fougue et les envolées si émotionnelles de l’extraordinaire Tom Phillips… Et musicalement ? La troupe allait-elle choisir de revenir à la lenteur de ses premiers amours et à l’époque dorée de Sorrow of the Angels, ou au contraire, s’engouffrer dans la veine plus « traditionnelle » et heavy Metal d’Of Empires Forlorn ?  Malheureusement, c’est bien ce second choix qui fut adopté. Je dis malheureusement, car à la première écoute, le choc est très rude. Bien plus proche du heavy que du doom Metal, cet album ne retrouve qu’en de rares instants la flamboyante tristesse du passé. L’âme du groupe aurait-elle été altérée par ces années de léthargie forcées ? Fort heureusement, un grand nombre d’écoutes approfondies aura eu en partie raison de mes réticences, et m’aura permis d’appréhender l’album sous un nouveau jour.  Tom Phillips, d’ailleurs, ne s’en cache pas : cet album sera le chapitre le moins doom de l’histoire de la formation. Ainsi, à l’entame de la longue pièce magistrale, épique et progressive en diable qui ouvre l’album, impossible de ne pas se montrer sceptique. Mais finalement, l’on s’y fait très bien, et on se laisse volontiers transporter par ce triomphant mastodonte qui porte en lui toute la force de cet album. Du heavy progressif puissant, voire agressif, quoique toujours onirique et évocateur, sublimé par des breaks atmosphériques reposants et des lignes de chant toujours très inspirées… Qui se transforme au bout de 9 minutes, en une merveille de doom épique émotionnel porté par des chœurs et des soli créatifs et gorgés d’émotions qui nous ramènent directement à ce que nous aimions tant chez While Heaven Wept autrefois : cette emphase, ce lyrisme désespéré, cette sensibilité exacerbée, ce chagrin si élégant et si profond à la fois.  Mention coup de cœur aussi à l’instrumentale-titre, qui rappelle la grandeur, le chagrin épique de l’album précédent. Une vraie grâce, un aspect néo-classique sous-jacent qui fait du bien, un jeu de guitare personnel et si enlevé, une mélodie obsédante véhiculant une délicate tristesse… Délicieux à l’écoute ! Entre ces deux réussites, des bons titres, qui auraient dû/pu être encore meilleurs (notamment la progressive « Living Sepulchre », hommage avoué à Fates Warning). On s’aperçoit cependant que Rain Irving s’en sort plutôt bien. L’homme possède un registre classique, typiquement heavy Metal mélodique, et même s’il n’a pas le charisme de Tom, force est de constater qu’il porte bien les compositions et n’a pas à rougir de sa performance. Et même s’il m’agace un peu sur « To Wander the Void », il apporte beaucoup à « Vessel », dont le refrain s’avère assez touchant !  Enfin, une précision qui a son importance : Tom a fignolé au moindre détail le son de cet album. La production s’avère puissante, admirable en tout point, et sied très bien aux compositions de cet opus, aussi bien pour les passages acoustiques et atmosphériques, que pour les riffs très heavy.   Que dire au final ? Le Doom Metal des débuts est relégué au rang de simple influence d’un groupe qui manie maintenant avec habileté les rouages du heavy, du progressif, de l’épique et du néo-classique. Un résultat certes contrasté, mais possédant quelques coups d’éclats, et qui s’écoute avec beaucoup de plaisir... On attend maintenant la sortie du 4ème opus, déjà composé, intitulé « Fear of Infinity » et qui devrait voir nos américains quitter ce monde de douce luminescence pour retrouver un domaine d’évocation plus lourd et opaque…En espérant que l’attente sera moins longue cette fois !  Note réelle : 7,5/10   Gounouman

0 Comments 14 novembre 2009
Whysy

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