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Heaven Shall Burn (il faut savoir bien le prononcer sinon ca perd en effet) ça dépote, c’est le genre de groupe qui vous rentre dans le lard sans se poser de questions. Apposant leur musique sur un registre clairement emmené sur l’univers déviant du métalcore, il n’en demeure pas moins appétissant. Car effectivement les Allemands ont su ajuster leur musique explosive à la limite de l’inécoutable grâce à un jeu au doigté intelligible et toujours très mélodique. Il est vrai que pour moi la notoriété du groupe doit essentiellement à cette fameuse année 2008 lorsque le magique Iconoclast est arrivé dans ma discothèque, le prodige se réalisa avec « Awoken » sublimé par la satellisation d’« Enzeit »... Et depuis, je peux vous assurer qu’Heaven Shall Burn est uniquement la fusion de ces deux morceaux qui sont à la fois un résumé de la qualité et l’ingéniosité délivrant une puissance plein pot et une sensibilité naissant dans les défilements d’harmoniques.

C’est vrai que le combo ne fait pas dans la dentelle, on sait que chaque sortie est une variante d’un effluve orchestral exalté dans lequel ça blaste à tout va. La batterie couplée à la guitare sème le chaos et fait des ravages auditifs par paquets. Alors, ne vous fiez pas à cette illustration de VETO presque reposante. Il s’agit de Lady Godiva de John Collier, une icône qui incarne le combat contre l’injustice sociale. Car effectivement, nos voisins germanophones sont assurément des assoiffés de violence, mais il faut savoir que le message prime sous chaque morceau composé. En plus clair, il ne s’agit pas de s’affranchir d’une délivrance stérile, puisque la source d’inspiration est motivée par une volonté de faire réagir les auditeurs. Combattre le feu par le feu est, je pense, la façon de procéder de nos musiciens. VETO est donc un nouvel opus qui dresse un constat déplorable et s’arme contre les inégalités en imposant son volume despotique par le biais de la voix de Marcus Bischoff. Ainsi les sujets sont nombreux et déferlent le temps et créés parfois des anachronismes ou s’apparentent tout simplement à une application contemporaine d’un événement ou d’un mythe passé.

Pour démarrer ce métalcore embarqué il faut frapper fort et quoi de mieux que l’illustration de dame Léofric seigneur de Coventry qui suppliant son mari de baisser les impôts ? Cette dernière menaça son riche mari de se balader nue à dos de cheval dans toute la ville...? L’histoire raconte que le vil seigneur capitula et à supprima les impôts, hissant de ce fait notre héroïne au rang de protectrice des classes pauvres. L’image est forte et autant dire que l’envergure musicale des Teutons se montre à la hauteur d’une telle protestation historique. Les lignes de basse exacerbées, les riffs épileptiques et la rythmique syncopée gagnent le coeur des instrumentistes et prennent consistance dès le début de l’album. Les convulsions donnent ainsi une tournure empressée et c’est le chant crié du frontman qui achève la ritournelle. Soyons honnêtes, la formule d’Heaven Shall Burn est simple, mais ne se limite pas qu’à de simples grésillements. La partie mélodique est très importante et est de toute évidence calibrée pour ne pas rendre le contenu informe et abscons. Le doigté des guitaristes est mis à rude épreuve néanmoins le résultat est bien là. Les titres tels que « Hunter Will Be Hunted » ou « Die Stürme Rufen Dich » s’enrichissent grâce à des riffs incroyables et épiques au demeurant.

Les histoires inspirant chaque chanson décrient avec déchirement l’oppression subie par les classes ou un moment charnière dans un contexte critique. « 53 Nations » pose le cadre de la guerre civile espagnole à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, et pour illustrer ce moment les Allemands déploient les gros engins pour abreuver un flux musical courroucé et particulièrement enragé comme ça peut être le cas sur « You Will Be Godless ». À ce moment, les musiciens parviennent à envoyer un sacré morceau de métal voguant sur un lit composé d’un déluge de notes infernal, un coussin de blast beats incessants et un chant propulsant le paroxysme de la terreur...
Parler de VETO sans mentionner la reprise de Blind Guardian serait pure hérésie, car évidemment le groupe rend hommage a la formation d’Hansi Kürsch en réinventant « Valhalla » tiré de Follow The Blind. Le chanteur originel vient par conséquent faire son apparition pour reprendre quelques tirades avec Marcus. Le titre prend une dimension encore plus combattive et la teinte extrême que prend le morceau approfondit un tantinet la chanson et s’octroie une belle part d’héroïsme musical.

Cependant, il arrive parfois que l’album perde en vitesse à force d’user de cris et de mélodies ultras rapides, la fin d’album commence à tourner en rond. Le style surement responsable en grosse partie fait plonger les morceaux dans une espèce d’homogénéité suffocante dans laquelle les chansons ont du mal à tirer leur épingle du jeu. Les mélodies ont une sérieuse tendance à se ressembler et finalement c’est qu’avec « Beyond Redemption » que la libération auditive apparait. Le morceau final vient faire totalement contrebalancer ce remplissage mené jusqu’alors. Même si « Antagonized » délivre un message d’espoir (oui oui c’est vrai) ou « Like Gods Among Mortals » qui critique les déviances de la politique, la structure musicale mise au service de ces deux thèmes pourtant complètements distincts n’arrive pas à faire détacher les éléments pour casser l’uniformité du rythme employé.

Heureusement, que la note finale démarre avec un morceau qui se donne une caractéristique séduisante et voluptueuse grâce à une partie instrumentale, laissant libre court aux mélodies pour envouter son auditorat. Les guitaristes arrangent des riffs bien calés sur une douce rythmique jusqu’au break qui pousse l’ordre des événements et prend de la vitesse. La fureur s’incarne dans les cris de Marcus encore le responsable de tout ce fatras, mais la dualité du morceau ne fait que mettre en évidence la puissance et la qualité des arrangements de cet opus. Heaven Shall Burn signe donc ici un album de bonne facture qui n’atteint pas la classe d'antan mais dépasse facilement Invictus, pas difficile vous me direz...

0 Comments 11 avril 2013
Whysy

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