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Dead Poetic, vous connaissez ? Oui, non ? Personnellement, je n’avais jamais eu vent de l’existence de ce combo américain. En allant faire un tour sur le myspace du groupe, et en voyant les quelques dizaines de milliers d’écoutes pour chacun des titres disponibles, je me suis dit que j’avais vraiment loupé quelque chose. Emballé j’étais. Et puis en voyant les influences du groupe, Papa Roach entre autres, j’ai commencé à être un peu plus circonspect. Mais bon, j’ai quand même tenté le coup.

Pour être franc, j’ai été assez étonné par ce que j’ai entendu. Loin d’être désagréable, ce Vices n’en est pas moins une jolie coquille vide. Le mot est un peu dur, j’en conviens, mais j’ai beaucoup de mal à saisir la démarche et l’intérêt musical à long terme d’un album comme celui là. Les américains surfent sur la vague « nu rock / nu metal », engendrée par des grosses cylindrées que l’on connaît au moins de nom (Blink 182 ou Sum 41 pour ne citer qu’eux), mais n’apportent pas d’avancées significatives à un style qui de toute façon tourne en rond depuis un petit moment déjà.

Malgré cela, Dead Poetic n’est pas un simple clone des groupes que je viens de citer, disons simplement que les grandes lignes sont respectées, avec des ajouts un peu plus personnels aux quatre coins de l’album. Tout cela nous donne un rock musclé, proche du métal par les lignes de guitare, aux structures musicales simplistes qui n’évoluent pas d’un pouce tout au long des 14 morceaux qui composent Vices, avec en ligne de mire la recherche de l’efficacité et de l’accessibilité la plus grande possible. Ne vous attendez surtout pas à des grandes envolées instrumentales, d’une part le format très court des titres ne le permet pas, et d’autre part ça n’a pas du tout lieu d’être dans l’esprit même de la musique proposée ici.

Avoir un regard objectif sur un album comme celui là est assez difficile pour nous européens, qui avons la chance, je dirais même le privilège, d’avoir beaucoup de groupes créatifs, originaux et pétris d’un talent technique parfois impressionnant. De fait, Vices apparaît bien creux, trop prévisible et surfait pour aiguiser un tant soit peu notre intérêt d’auditeur exigeant. Pourtant, l’ambiance générale plutôt sombre est bien maîtrisée, les titres sont énergiques, légers et plutôt accrocheurs. On a droit à quelques titres qui sortent du lot, par exemple la ballade électro Paralytic, la punky The Victim ou encore la torturée Crashing Down. Derrière le micro, Brandon Rike, sans être exceptionnel, s’en sort plutôt bien grâce à un timbre pop rock parfois posé, parfois plus criard, mais qui sied bien au style musical de Dead Poetic. Mais voilà, le manque de puissance, la linéarité et le manque de caractère de ces parties vocales fait qu’on se lasse assez vite.

C’est d’ailleurs le problème de l’album en général : c’est sympathique au début, on écoute une ou deux fois avec de la bonne volonté, mais le manque de fond musical revient très rapidement comme un boomerang. Même la collaboration avec le frontiste de Deftones (Chino Moreno a en effet co-produit l’album) ne fait pas de miracle, la musique de Dead Poetic manque cruellement d’âme et de personnalité, handicapant et inquiétant pour un groupe qui sort là son troisième album.

Voilà pour moi l’archétype du groupe américain qui connaîtra probablement un joli succès aux Etats-Unis, si tant est que le filon du nu rock / nu métal ne soit pas déjà épuisé, mais qui aura beaucoup de mal à s’expatrier hors de ses frontières. N’y voyez aucune attaque personnelle, d’autant que Vices tient franchement la comparaison avec des groupes connus et reconnus Outre Atlantique, mais il faut être réaliste, nous sommes habitués sur le Vieux Continent à des groupes et des albums plus complexes, plus variés, plus fouillés tant au niveau musical que conceptuel, et surtout beaucoup moins formatés (13 titres sur 14 durent entre 2.30 et 4 minutes). C’est agréable à écouter, si tant est que l’on ait quelques appointances avec ce genre de musique, mais il ne faut pas chercher d’intérêt musical à long terme, car il est plus que limité. Un album frais, énergique, mais que l’on oubliera très vite.

0 Comments 02 février 2007
Whysy

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