On peut dire que ces derniers temps le père Arjen Lucassen (que certains sur le site préfèrent appeler Dieu) est très prolifique. Et oui sur ces trois dernières années, celui-ci aura sorti pas moins de 3 albums et une compilation, en comptant cette nouvelle offrande. C'est donc un peu plus d'un an après l'excellentissime projet Guilt Machine que s'apprête à sortir sous l'étendard du side-project Star One ce Victims of The Modern Age.

Alors que Space Metal nous faisait voyager à travers le vide intersidéral, nous sommes ici invités à revenir sur Terre, afin de découvrir quels funestes sorts l'avenir peut nous réserver. Pour développer sa réflexion, Arjen s'est ici inspiré des films dystopiques et post-apocalyptiques qui l'ont le plus marqué. Ça ne vous rappelle rien? Et oui, il avait déjà utilisé ce procédé sur Actual Fantasy de son projet Ayreon, le thème commun en plus. C'est ainsi que nous revisitons certains classiques de la Science Fiction: “Matrix”, “La Planète Des Singes”, “Blade Runner”, “L'Armée de 12 Singes” pour ne citer qu'eux.

Victims of The Modern Age commence à la manière du dyptique “Lift Off/Set Your Control” du premier opus. A la courte introduction "Down In The Rabbit Hole", petit clin d’oeil à Matrix et une invitation à prendre la pillule rouge, se succède donc la fracassante "Digital Rain". Mes aîeux! Avec sa rythmique d’intro à la batterie de barbare et ses riffs de guitares gras à souhait, c’est un véritable bulldozer qui nous est donné en guise d’entrée. Cet album annoncé à juste titre comme un des plus lourds et sombres de la carrière d’Arjen Lucassen, fait la part belle aux rythmes de batterie et de guitare massifs et puissants. C’est simple ça envoie du paté de pangolin pendant 53mn. Cette lourdeur caractéristique sied à merveille au thème apocalyptique de  Victims Of The Modern Age. Le côté heavy n’est pas non plus laissé en reste avec les solos de guitare du guest Gary Wehrkamp et des morceaux comme “Human See, Human Do”, avec son intro et sa batterie des plus survoltés. Pourtant par dessus ce tumulte arrivent à ressortir quelques moments plus calmes mais non moins sombres, comme ce passage floydien de toute beauté sur “It All Ends Here”...

Les claviers sont aussi encore une fois très mis en avant. C’est avec un plaisir intense mais coupable qu’on retrouve ces nappes de synthé certes parfois kitchs mais tellement efficaces et jouissives (“Digital Rain”, “Earth That Was”, “Human See, Human Do”). Joost Van Der Broek, déjà présent sur la plupart des productions de Lucassen depuis Space Metal, à fourni ici un excellent travail.

Au niveau du chant, c’est le même line-up que pour le précédent opus qui officie. Comme à leur habitude dans leurs colaborations avec Arjen, Damian Wilson (Threshold), Russel Allen (Symphony X), Dan Swanö (Nightingale) et Floor Jansen (ex-After Forever, Re-Vamp), livrent une prestation impeccable. Le chant de Damian Wilson, haut en émotions, est toujours aussi magnifique. Le milieu de “It All Ends Here” me file des frissons à chaque fois. Dommage que Floor Jansen ne s’occupe pratiquement que des backing vocaux et de quelques parties de refrains. Il aurait pu être intéressant de lui laisser quelques parties de chant supplémentaires. Point assez rare pour être souligné, on peut entendre un peu de growl sur les pistes “Victim Of The Modern Age” et “Human See, Human Do”, chose qui n’était arrivé que sur “Day Sixteen - Loser” sur The Human Equation d'Ayreon.

Ca sera peut-être par la durée de vie de l'album qu’un problème pourrait se poser. Celui-ci, au final assez homogène, m’a aussi un peu moins marqué par rapport aux autres travaux de l’artiste. La qualité de composition est excellente comme toujours, Arjen oblige, mais j’ai l’impression qu’on en fait un peu vite le tour. Pourtant j’ai préféré celui-ci à Space Metal par son côté un peu plus metal et moins heavy.

Voila en tout cas un album qui a une grande chance de ravir les fans du premier Star One ou de Flight of The Migrator. Arjen Lucassen a encore une fois frappé fort.

P.S: Et puis de toutes façons Arjen IS GOD  ;D

Quetzouille