Tiens donc un groupe de Heavy Metal mélodique en provenance de Roumanie, voilà qui n'est pas banal ! Certes de nos jours on voit fleurir des formations issues de tous les horizons et l'internationalisation du Metal bat son plein. Mais ça fait toujours plaisir de voir des petits pays se lancer comme ça à la conquête des places d'honneur. En Heavy mélodique, à part Magica qui a su se tailler un joli petit succès ces dernières années, je n'ai pas énormément de référence sur la scène roumaine, et c'est donc avec la neutralité d'un candide qui je m'empresse de découvrir ce tout jeune groupe issue du catalogue de Metalfan Records !

Malgré le fait qu'elle n'en est qu'à son deuxième album, Thunderstorm n'est pas ce qu'on peut appeler une formation de débutants. Fondé en 1997, le groupe a dû batailler pendant de longues années avant de se trouver une place dans le catalogue d'un label, et c'est seulement en 2007 après trois démos et un album auto-produit Before The Dawn que nos roumains accrochent enfin l'occasion de montrer l'étendue de leur talent avec un vrai-faux premier disque sobrement intitulé Vise Digitale !

Le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils mettent un maximum de chances de leur côté avec un très joli visuel qui donne envie d'en savoir plus. Ainsi qu'avec une production honnête et plutôt limpide, semblable par certains aspects à ce que l'on peut trouver dans le Metal Italien de ces dernières années. Mais bon ne vous attendez pas non plus à du Sascha Paeth ça reste très artisanal malgré une bonne volonté affichée : le chant n'est pas très bien mis en valeur et la partie rythmique souffre un peu, par contre les instruments sont globalement bien mis en valeur et l'ensemble reste agréable.

La première chose qui frappe à l'écoute de Vise Digitale c'est d'abord la proximité phonique entre le roumain (qui est une langue latine ne l'oublions pas) et l'italien. On a parfois l'impression d'entendre un album de Speed Mélodique transalpin, ajoutez à cela le timbre du chanteur Vlad Necula qui se rapproche beaucoup de celui de la plupart de ses confrères méditerranéens et vous obtenez un mimétisme proprement hallucinant. S'il n'y avait pas eu les infos au dos du cd, il aurait été difficile de deviner que le disque a été enregistré à trois milles bornes de Milan !

Mais une fois passé ce premier constat, on ne peut que reconnaître à Thunderstorm les nombreuses qualités qui sont les siennes. Et la première d'entre elle est sans doute une aisance de composition remarquable qui permet au groupe de toujours trouver la mélodie juste pour séduire l'auditeur. Le premier titre éponyme est bien représentatif de l'album, une ouverture speed puissante et envolée, ponctué de sympathiques passages à la basse. Le tout enrobé d'un énorme refrain et vous avez la recette de Vise Digitale. Les titres «Avertizare» et surtout «Timpul» s'inscrivent dans cette logique fédératrice avec en plus une utilisation judicieuse des nappes de claviers qui ne gâche rien.

Mais il serait dommage que réduire Thunderstorm à ses titres speeds car les roumains ont plus d'un tour dans leur sac : notamment la mid-tempo «Cerul In Flacari» épique à souhait et pourvue d'un énorme riff d'ouverture, ou encore l'excellent tube «Vortex» et son refrain en béton armé qui s'inscrit immédiatement dans l'esprit. Le groupe sait également surprendre à une instrumentale longue de cinq minutes à la fin du disque : «Secretele Noptii» qui démarre sur un rythme effréné avant de distiller sur toute sa longueur des breaks de claviers aériens de toute beauté. C'est donc une belle surprise et un exercice assez rare pour être souligné.

Malheureusement tout n'est pas rose et il faut souligner que l'ensemble manque tout de même cruellement d'originalité, vous ne trouverez rien de vraiment neuf dans ce Vise Digitale. De plus certains titres comme «Curenteaza» et la ballade «Soapte Pierdute» n'apportent rien et sont limites ennuyeux. Pire encore «Ultimul Drum» semble elle totalement pompée sur «The Headless Game» d'Edguy, ce qui laisse une impression finale assez mitigée.

Les qualités sont certaines et le potentiel intéressant, toutefois une nette tendance au classicisme pourrait coûter cher au groupe si d'aventure il venait à connaître le succès. Pour le reste, ne sachant trop que choisir entre le 6 et le 7, je préfère récompenser la fougue que sanctionner le manque d'originalité. Je sais je suis trop bon, mais on ne m'y reprendra plus promis !

SMAUG...