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Après avoir révisé mes classiques en me replongeant avec délices dans les deux précédents opus de la formation russe, je peux maintenant aborder ce troisième album en toute connaissance de cause. Cette « préparation » était à l’évidence nécessaire, car il n’est jamais facile de trouver les mots justes pour décrire un chef d’œuvre. Or, indubitablement, ce « Vo Slavu Velikim » en est un. Peut-être ne fait-il pas partie de ces galettes où l’on a l’impression de toucher au divin et où chaque instant confine à l’extase. Mais ce qui est certain, c’est qu’on a là le témoignage solide et majestueux d’un groupe au sommet de son art. Si « Vo Slavu Velikim » (For the Glory of the Great) ne vous enchante pas, aucun autre opus d’Arkona ne le fera.


Point culminant d’une carrière sans faute, il est à ce jour son album le plus habile, le plus pénétrant, le plus communicatif ; pour faire simple, il s’agit d’un opus culte de Folk et de Pagan Metal, excellent de bout en bout, à ranger aussi bien à côté des meilleurs Finntroll, Cruachan, Mago de Oz, Skyclad et autres Tuatha de Danann, que de Primordial, Menhir et Moonsorrow, voire même Graveland et Nokturnal Mortum.

Maintenant que les présentations sont faites, revenons un peu en arrière et voyons ce qui fait de cet album une telle réussite. Pour commencer, penchons nous sur la forme. Comme l’on était vraiment étonné de savoir que quelques mois séparaient « Vozrozhdenie » de « Lepta », l’on sera vraiment ébahi d’apprendre qu’une fois encore, l’intervalle qui sépare les deux parutions est de moins d’un an ! Une année où Masha, chanteuse, compositrice et si talentueuse leader du groupe n’aura pas chômé un instant.

Car en plus d’avoir écrit seule l’essentiel de ces fabuleuses compositions, elle a reformé un line-up, et trouvé en Vladimir Cherepovsky le multi-instrumentiste idéal pour transformer des parties de claviers un peu kitsch en mélodies folkloriques endiablées et irrésistibles ! Et la pochette de l’album est enfin vraiment attractive. Quant à la production, elle est claire et puissante, proprement irréprochable. Enfin, voici un groupe venu de Russie qui n’a en rien à rougir face à ses autres confrères européens. Les initiateurs de cette scène, comme Pagan Reign ou Butterfly Temple, influences évidentes de notre guerrière blonde préférée, semblent maintenant bel et bien relégués au rang de seconds couteaux…

Car ici, la richesse instrumentale est incroyable. Sur le fond, les compositions se sont étoffées de manière idéale, chaque morceau accomplissant le tour de force d’être à la fois complexe et diablement accrocheur, et les influences musicales du groupe semblent si bien digérées que l’on ne sait même à quel style de Metal se rattacher. S’agit-il de heavy, de thrash, de black ? Ces racines sont maintenant si inextricablement entremêlées que les seules étiquettes paraissant encore convenables sont « Folk metal à tendance extrême », ou plus simplement, « Pagan Metal ».

Si les instruments à vent sont les plus prépondérants (notamment la flûte et la guimbarde), c’est avec une joie non dissimulée que l’on se délectera aussi de balalaïka (sur l’enivrante conclusion « Sila Slavnykh »), et d’autres instruments traditionnels dont j’ignore parfois jusqu’au nom, mais dont les sonorités viendront conférer à cet album cet indéniable parfum d’authenticité. Et le meilleur, c’est que tout cela est taillé pour le live. « Gnev Vremen » et ses claviers entêtants, la plus longue mais passionnante, « Po Syroi Zemle », l’ouverture si efficace « Skvoz Tuman Vekov », toujours jouée en concert… Les compositions sont si bonnes, que malgré leur fourmillement d’idées et leur grande variété, elles restent directes, d’une efficacité incontestable. Malgré quelques narrations un peu pataudes qui frôlent la mention inutile et un son de batterie n’ayant peut-être pas la pêche que l’on aurait pu espérer (mais là, je chipote), cet album reste passionnant de bout en bout. Les guitares sont plus vibrantes, flamboyantes qu’elles ne l’ont jamais été. Soli à foison, leads doublés aux accents folk prononcés, riffs black enchaînés à des passages purement Heavy Metal... Et des chœurs et lignes vocales qui donnent envie d'hurler en chœur, même si l’on ne comprend rien en russe.


En bref, « Vo Slavu Velikim » est l’aboutissement de cette première trilogie, et reste à ce jour l’indispensable d’Arkona. Probablement un album appelé à rester unique, puisque le suivant s’engage dans une voie radicalement opposée, plus folk encore, mais aussi bien plus sombre et agressive. Enfin, tout cela est bien beau, mais c’était avant…. Avant le cinquième album de la formation, le tout aussi étonnant et magistral « Goi, Rode, Goi! » !


Gounouman

0 Comments 26 novembre 2009
Whysy

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