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Et nous déclarons le « 9th Metal Music Congress »…ouvert ! Incontournable rendez-vous de la sphère metal et chemin de croix pour les têtes chevelues (ou doublement chevelues si vous êtes un adepte de la convention), ce congrès a décidé cette année de poser ses valises à Triesenberg, petite commune du Lieschenstein, à l’abri de la crise, des manifestations, des tsunamis, des pluies de corbeaux morts et autres attaques de crocodiles fluo. En ces temps difficiles pour le trve metal, ce rassemblement est là avant tout pour faire le point, l’inventaire de l’état des troupes et de planifier une contre-attaque efficace envers cette nouvelle génération musicale qui menace cette jeunesse qu’il a été si dur de bien éduquer.

Mais il s’en est passé du temps depuis le dernier congrès, ce qui explique l’effectif quelque peu renouvelé au sein du jury. En effet, si l’inspecteur Dragonman est toujours de la partie, venant nous livrer le résultat de ses enquêtes sur si « oui ou non la corrida est-elle ‘’heavy’’ », nous avons aujourd’hui affaire à un comité entièrement renouvelé. Le lieutenant Sanibroyeur, venu apporter son expertise des musiques hybrides, un pelle parlante aux couleurs bariolées, le duc de Fathercanard et sa science du calembour ainsi qu’Henri Deux en personne complètent le quatuor moteur de cette convention à laquelle nous retrouvons bien évidemment beaucoup de communautés venues défendre leur style de prédilection, armés de pancartes telles que « Heavy = spandex », « Plutôt mort que dans le TOP 50 », « 2012 sera prog ou ne sera pas » ou encore la délicieuse « Je n’arrêterai d’écouter du doom que lorsqu’ils inventeront une musique plus lente ! ». En tant qu’éminente sommité et maître de cérémonie, l’inspecteur Dragonman pris la parole d’un ton solennel.

« Mes amis, les temps sont durs. Notre musique bien aimée est en perdition, boudée par le grand public qui ne voit en nous qu’une poignée de suppôts de Satan. »

Le duc de Fathercanard s’insurgea :

« Il faut frapper chez les jeunes ! Ces bons à rien qui n’en foutent pas une de la journée ! Ce sont eux qui doivent être convertis à notre musique, qu’ils deviennent adeptes au lieu d’ineptes ! Puisqu’ils sont si bon à l’astiquage, qu’ils prennent pour cible des manches de guitare, ils se rendront utiles au moins !»

« Oui mais regardez ce que les jeunes écoutent de nos jours : ça, ça ou encore ça. »

Un silence glacé parcourut l’assemblée, silence aussitôt interrompu par la pelle parlante :
« Écoutez, je ne vois pas ce qu’il y a de mauvais là-dedans, ces personnes savent juste mixer les styles avec talent et ont raison de ne pas se priver ! ».

Réaction immédiate du lieutenant Sanibroyeur :

«C’est de la meeerrrrrrde ! La seule solution est de mixer ensemble des styles qui n’ont rien à voir ! Mélanger jazz, death metal, spoken words, speed tagada dragon, zouk et 8-bit me semble la seule option possible si nous voulons nous imposer ! ».

Tolé immense et capharnaüm provenant de l’audience, ne supportant pas de voir son style adoré souillé par d’autres. L’inspecteur Dragonman tenta de ramener le calme :

« Taisez-vous ! J’ai ici ce qu’il nous faudra pour reconquérir nos lettres de noblesse. Il s’agit d’un nouvel opus d’Iron Fire. Avec cela, le public metal retrouvera confiance en le power et nous pourrons ensuite mener une grande offensive contre la masse gavée à longueur de journées de house et autre dubstep infernales. Je veux dire, mon modem 56k produisait une musique plus gracieuse que ces ‘’wub wub wub’’ incessants. Je vous présente donc LA solution. Un power burné et costaud, servi par une voix rappelant Chris Bay de ""Freedom Call" et s’aidant de claviers pour donner une touche un peu épique à leurs compositions. ».

Le duc de Fathercanard leva la main :

« Oui mais c’est vu et revu ça, non ? Moi, pour tout ce qui est revu, je préfère quand ya des motos dedans. »

« Certes, ce n’est pas franchement original et le groupe nous a habitué à une qualité d’albums assez irrégulière sans jamais vraiment atteindre le firmament. Mais cet opus tente de se racheter de leur infâme dernière livraison en présentant un son plutôt massif et des refrains rouleau compresseurs. De plus, Iron Fire ne triche pas et décline une musique qu’il a toujours pratiquée… »

« Tu vas voir qui je vais pratiquer ! »

« Oui merci monsieur le duc… je disais qu’avec cet album,‘’Voyage of the Damned’’, on retrouve du Iron Fire pur jus mais avec une hargne bienvenue et une certaine envie de marquer les esprits. Et puis ils ont fait ça bien, une intro vaguement mystérieuse suivie d’un morceau qui déboite et laisse entrevoir quelques intonations vocales à la "Deathstars", avec Enter Oblivion OJ-666 le ton est donné de fort belle manière ! D’un tempo très rapide et pourvu d’un solo bien énergique, voilà du power comme on l’aime, avec un refrain speed et un mélange de voix aiguës et graves ! Et l’intensité de faiblit pas avec un Taken puissant et écrasant, toujours rehaussé de plusieurs voix lors du refrain et nous offrant une fois de plus un solo bien mordant. »

Perplexe, le lieutenant Sanibroyeur haussa le ton pour se faire entendre :

« Ouais ouais ouais, c’est bien beau tout ça, mais si j’ai bien compris il s’agit de power ? Et rien d’autre ? Je ne comprends pas. »

« Et bien c’est un metal traditionnel, du genre heavy et speed mais pas rose bonbon pour autant ! En témoignent les…j’ai la liste juste ici…en témoignent les Dreams of the Dead Moon ou Warmaster of Chaos avec leurs gros riffs et voix légèrement hurlées. Je vous rassure, ce n’est pas du ‘’Power Quest’’ hein ! Écoutez aussi Verge to Collide et Leviathan, vous comprendrez le potentiel de destruction du groupe ! ».

Réaction de la pelle parlante :

« Je veux bien, mais les morceaux sont tous pareils au final. C’est bien beau de dégainer des riffs de bouchers et autres refrains épiques, mais si c’est pour faire la même chose…au bout d’un moment ça lasse. Prenez Warmaster of Chaos, Leviathan, Ten Years in Space,…ce sont tous d’excellents morceaux mais ce sentiment d’entendre les même intonations et structures finit par réduire la durée de vie de l’album. Je veux dire, avec ses 12 pistes hors intro, on a l’impression d’en avoir fait le tour à peine arrivés à la moitié ! »

« Vous savez, en Espagne, la corrida c’est toujours pareil, olé olé olé et hop, steak de taureau à l’arrivée ! Et pourtant la corrida vient réveiller en nous notre aspect primitif et sanguin tel une épopée chevaleresque Manowarienne. Oui, la corrida est heavy ! C’est un peu la quintessence du power de proposer des morceaux semblables et…»

« En plus, lors du refrain de ‘’Verge to Collide’’, on dirait que Martin Steene dit ‘’Le chocolaaaaaat’’. C’est ridicule ! ».

L’inspecteur Dragonman était quelque peu décontenancé…

« Euh…monsieur le duc, une vanne ? »

« Euh…on a 5 poussins sur une table, on en veut plus que 4, on fait comment ? Ben on en pousse un. »

« Merci. Donc, vous avez certainement raison sur le côté répétitif de l’album mais avouez que l’ensemble est bien foutu ! En plus le groupe est allé caler une ballade un peu dans le style "Ayreon", il fallait l’oser ça, non ? Et la pièce épique éponyme de dix minutes, vous en faites quoi ? C’est pas du caca d’oiseau ça ! Et puis tenez, voilà un argument supplémentaire, la dimension un peu cosmique qui plane sur l’album lui permet de se démarquer des productions actuelles. Je persiste donc à penser qu’en ‘’’Voyage of the Damned’’ réside notre seul espoir de renaissance et je demande au conseil d’approuver ma proposition et d’ainsi lancer l’offensive. »

Car, caché dans l’ombre se tenait le conseil des anciens, trois sages ne participant plus au débat mais détenant le pouvoir de valider chaque décision prise par le jury. Composé d’un canard géant, d’un T-Rex et d’une grenouille de feu, ils sont l’autorité suprême là pour ramener la bonne parole lorsque les jeunes troupes s’égarent. Si le canard et la grenouille approuvèrent, le T-Rex sembla plus réticent, hésitant longuement avant de lâcher un « En même temps, c’est pas avec "Xandria" que l’on aura de meilleurs résultats… » qui signifiait implicitement son accord.

« Bien, il en est décidé, ‘’Voyage of the Damned’’ d’Iron Fire sera notre bélier pour les deux ans à venir ! Marchons camarades ! En avant vers la victoire ! »

Hurlements de joie et acclamations bruyantes, la foule se mit à rugir et décampa à la vitesse de la lumière, prête à occire du false à coup de masse d’armes. Cependant, un détail chiffonnait l’inspecteur Dragonman, comme si le débat avait été incomplet.

« Dites-moi, très cher Henri Deux, je ne vous ai pas entendu vous exprimer, que pensez-vous de tout ça ? »

« Rien, le power c’est gay. »

0 Comments 06 mars 2012
Whysy

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