Vous recherchez quelque chose ?

Un homme vagabondant sur des faisceaux de lumière et qui se suffit de ce monde imaginaire pour vivre. Concept aux antipodes de notre société actuelle ancrée dans une ultra consommation profonde. Après un diptyque basé sur des thèmes plus sombre et funeste, Mariusz Duda se plait à nous offrir un sujet plus onirique pour mettre en lumière ses compositions.

Musicalement, nous restons en terrains conquis. Du rock progressif très atmosphérique mêlant ambiances mélancoliques et électroniques. Hormis sa voix et son jeu de basse très caractéristique, on reste plutôt éloigné du registre musical du principal groupe du polonais, Riverside. A part « Gutter » et son refrain immédiatement mémorisable et « Treehouse » avec ses relents Porcupine Tree/Blackfield, «Walking on a Flashlight Beam » se veut lent et très expérimental. Une grande partie des morceaux est basée sur une rythmique répétée sans cesse mais enrichie par des strates mélodiques venant et s’évanouissant. L’OVNI de l’album, « The Fear Within », est le plus bel exemple de cette description. Uniquement instrumental, ce titre propose une danse musicale au prime abord lassante et même dissonante mais l’accumulation de couches mélodiques complétement différentes entre elles font de ce morceau, au début déstructuré, une œuvre totalement maitrisée. Un grand nombre d’écoute est indispensable pour appréhender un tel morceau mais le jeu en vaut la chandelle.

Structuré de la même manière, le début de « Shutting out the Sun » s’apparente à une musique de film, très ambient avec une mélodie latente qui explose au fil du morceau et des ajouts de sample et de structures mélodiques. Une montée en puissance instrumentale intense qui n’est pas sans rappeler le travail psychédélique de My Sleeping Karma. Le morceau se finit sur la voix de Mariusz surplombant ce patchwork musical cohérent et jouissif. Mariusz Duda illumine les compositions et apporte ce brin de chaleur et d’émotions au sein de ce mélange de sonorités la plupart du temps, froides, mécaniques et artificiels. « Cold », « Gutter », « Treehouse », « Sky Drawn in Crayon » autant de titres portés par la sensibilité et les envolées vocales du fondateur de Lunatic Soul. Sans oublier « Pygmalions’s Ladder », véritable pilier de l’album, où les lignes vocales, pratiquement a capella, hypnotisent à elles seules. Morceau difficile d’accès mais qui gagne indéniablement en intérêt au fil des écoutes. L’intensité de l’album ne passe en aucun cas par la puissance des instruments et notamment des guitares, le travail de la basse (« Gutter » et « Pygmalion’s Ladder » notamment) et des percussions suffisent à susciter l’intérêt et à créer une addiction chez l’auditeur. Le dernier titre, éponyme, ne complétera pas de façon optimal le tableau dessiné jusqu’à là. Faute à une structure classique et à une absence de personnalité forte au contraire des autres morceaux possédant chacun leur propre univers.

Cette nouvelle œuvre du polonais est une franche réussite tant l’ambiance et la multitude de sonorités présentes offrent une cohésion parfaite et des lignes mélodiques riches et efficaces. On navigue dans cet océan de parties tantôt psychédéliques tantôt planantes tantôt expérimentales comme un poisson dans l’eau. On est au cœur du concept et on se verrait presque, coupé du monde, en train de marcher sur ces faisceaux lumineux. Un album prenant et une des œuvres majeures de cette année pour peu qu’on se donne la peine de lui laisser du temps.

0 Comments 14 octobre 2014
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus