Mekong Delta c’est 25 ans de carrière, 9 albums (inclus le petit dernier), un DVD et un album live! Rien que ça! Et pourtant pour nombre d’entre nous il est inconnu, moi le premier, tout du moins avant l’écoute de Wanderer On The Edge of Time. Il faut dire que le groupe a fait un break de 10 ans à cheval sur les deux millénaires. Trois ans après Lurking Fear, l’album du come-back, voilà le dernier rejeton des allemands. Pendant ces trois annnées pas mal de choses ont changé dans le groupe, en effet le line-up a été modifié à 80%! Seul le bassiste Ralph Hubert reste de la formation d’origine. Mais voyons plutôt ce que Wanderer On The Edge of Time a dans le ventre : 15 pistes dont une intro et une outro, 7 “Movements” (les chansons principales) qui reprennent les titres des cartes du Tarot (le jeu, pas le groupe), 5 interludes et une ouverture... ouf. Le tout pour 50 minutes. En tout cas cette construction a pour mérite de créer un aspect homogène à l’ensemble.

Le Thrash de Mekong Delta à la fois progressif et technique est assez singulier. Attention on est loin de la puissance délivrée par un Sodom ou Slayer, ici la musique passe par des arrangements raffinés et des descentes de manche du plus bel effet. Le début de l’album est pour le moins bizarre, deux chansons introductives s’enchaînent et font monter la sauce. Mais “A Certain Fool” , la première “vraie” piste laisse retomber la pression aussi vite que celle ci était montée. Un déséquilibre pénible qui sera présent tout au long de l’album mais nous y reviendrons.  

Pourtant le groupe arrive sans aucune difficulté à varier les plaisirs, les passages entraînants succèdent à des parties typées progressives où les guitares rappellent un certain John Petrucci. Je pense que la plus grande prouesse de Wanderer On The Edge Of Time c’est d’ailleurs la qualité intrinsèque de tous les musiciens. Les envolées de guitares sont impressionnantes de virtuosité (“Intermezzo”), le batteur Alex Landerburg (Annihilator, Axxis) excelle dans un jeu chaloupé et précis et je ne parle pas de la basse (miam ces lignes rythmiques sur “Mistaken Truth” ou “Movement 4”!). Du grand art tout simplement! Et le tout est sublimé par une production et un mastering qui met la construction des chansons à l’honneur mais délaissant la puissance dégagée par les compositions, on ne peut pas tout avoir. Si la musique du combo n’a rien de “Old School” on peut dire que le son remet les pendules à l’heure!

Mais si la forme est irréprochable on peut en revanche être beaucoup plus nuancé sur le fond. Jamais, ô grand jamais l’écoute ne décolle vraiment. La faute à cette musique la note entre deux croches. Ni vraiment Thrash, ni vraiment Prog’ on reste sur notre faim à bien des moments. L’album se poursuit sans jamais impliquer l’auditeur dans son cycle, on sent que le groupe veut faire passer quelque chose mais alors quoi? Mais même lorsque Mekong Delta commence à créer une dynamique intéressante on retombe vite dans notre léthargie. “Interlude 3”, par exemple, casse totalement l’ambiance créer par “The Apocalyst  - World in shards” qui le précède. C’est d’autant plus rageant que le nouveaux chanteur Martin LeMar arrive à tirer son épingle du jeu avec sa voix aux nombreux timbres, qui fait par moment penser à la polyvalence de Matthew Barlow, tout proportion gardée. Malheureusement peu de chansons mettent en avant ses qualités (“King With Broken Crown”) et là encore le groupe n’arrive pas à nous amener là ou il le voudrait.

Dommage, car tous les ingrédients étaient présent. Un savoir faire de 25 ans, des musiciens irréprochables et un son cru tout à fait dans la veine de la musicalité du combo. Mais il manque un je-ne-sais quoi pour convaincre totalement l’auditeur. En tout cas je pense que cette album plaira plus aux amateurs de Progressif qu’aux fans du Big Four. Wanderer On The Edge Of Time n’est pas mauvais il est juste neutre et restera pour moi une éternelle énigme.

Balin