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L’echec n’est pas encore à l’ordre du jour. Aussi florissante soit l’inspiration des Suédois, ici cristallisée en 11 chansons aux saveurs diverses, elle ne semble connaître que peu de frontières. « We Are The Void » propose aussi bien, selon les pistes, une synthèse des moments clés de l’histoire musicale du groupe qu’une nouvelle percée vers un métal plus sombre, démoniaque et ambiancé. A la fois album hommage et véritable envie d’évoluer, Dark Tranquillity signe ici un recueil mature et dense accordant une attention toute particulière aux détails. L’univers musical s’étoffe alors que les années passent, en cela cet album possède à la fois une aura nostalgique, mais recèle également quelques surprises. Assez antagoniste dans son approche, ce 9e brûlot cultive sa diversité et s’érige d’or en déjà en œuvre aboutie et complète, même si elle ne fera pas l’unanimité.

Avec « We Are The Void » Dark Tranquillity semble vouloir développer l’aspect mélodique de sa musique. A cet égard les chansons s’avèrent dans l’ensemble plus lentes et posées, et il faudra attendre « I Am The Void » et « Surface The Infinite » pour retrouver blasts et violence. Ces deux dernières pourraient d’ailleurs très bien figurer sur « Character » et font en quelque sorte la liaison entre ces deux albums. Sans être mélodiques à outrance, des chansons comme « The Grandest Accusation » ou « Her Silent Language » renvoient quant à elle directement à « The Gallery » pour l’une, et à « Projector » pour l’autre ! Pourquoi de telles comparaisons ? Si « The Grandest Accusation » développe son aspect progressif, c’est surtout son lead de guitare – vers 2 :59 – dont le feeling rend hommage au chef d’œuvre de 1995, en plus posé et doux cela dit. Concernant « Her Silent Language », son aspect calme, feutré et presque romantico-gothique est une référence directe à l’œuvre de 1999, avec le même ratio entre chant clair et growl. Il ne s’agit bien évidemment pas des seules bonnes chansons car « The Fatalist » – sa mélodie de piano et son refrain – et « In My Absence » au refrain déchirant et magnifique possèdent d’énormes arguments. Seule « At The Point Of Ignition » – au clavier plus présent que les guitares – semble en deçà par sa grande facilité et son aspect quelque peu prévisible, la chanson semble être une chute de la période « Haven » / « Damage Done ». On retrouve également une « Dream Oblivion » assez sombre et éloignée de ce que fait le groupe habituellement, une chanson au break central très réussi, et un vrai « blast » en concert !

On retrouve un Dark Tranquillity sans cesse percutant et pleinement épanoui. Toujours très à l’aise vêtu de ses apparats moderne et parfois électronique, le groupe n’exclue aucune évolution et propose même plusieurs incursions inattendues dans le domaine, presque, du black mélodique pour donner à plusieurs chansons un feeling à la fois glaciale et sombre. Si l’ouverture « Shadow In Our Blood » possède cette légère influence, notamment au niveau des claviers, elle reste dans l’ensemble classique et efficace par son introduction douce et mélodique, ses riffs à foison, son refrain sobre et sa partie soli courte mais pertinente. Sans parler de révolution, « We Are The Void » cache deux chansons absolument parfaites qui assument parfaitement leurs atmosphères. Tout d’abord « Arkhangelsk » dont les superlatifs me manquent, sûrement la chanson la plus démoniaque jamais écrite par les Suédois. Une ambiance apocalyptique, un refrain dantesque, un rythme juste incroyable et un enrobage de claviers presque symphoniques teintés des ténèbres les plus profonds. La seconde s’appelle « Iridium » et cristallise à elle seule tout le talent de la formation, une nouvelle fois. Tour à tour ambiante puis dépressive, la chanson s’aventure sur un terrain inédit et offre à Mickael Stanne sa plus belle performance vocale jusqu’à aujourd’hui, qu’il s’agisse de sa voix claire – gothique, pleine d’émotion, toujours aussi somptueuse – que des growls qui n’ont jamais été aussi violents et énervés. « Iridium » est phénoménale sur tous les plans : sa mélodie, ses claviers atmosphériques, son refrain, son empreinte gothique … S’agit – il tout simplement de la meilleure chanson de Dark Tranquillity à ce jour ?

Fidèles à leur réputation, les musiciens offrent un spectacle de tous les instants. Même si Martin Brändström voit son clavier prendre de plus en plus d’importance au sein des chansons, les guitares ne sont pas en reste car Niklas Sundin et Martin Henriksson proposent moults riffs et soli réussis. N’étant jamais dans l’excès ils préfèrent le feeling à la démonstration et possèdent la place nécessaire pour s’exprimer. Si tous brille de mille feux, c’est Mickeal Stanne qui éblouit tous le monde en les éclipsant de son talent. On le connaissait très bon, on le sait aujourd’hui génial. Ce 9e album présente l’homme au sommet de son art. Son chant clair n’a jamais été aussi juste et beau. Utilisé avec intelligence et parcimonie il crée la surprise sur « The Grandest Accusation », il donne le frisson tout au long d’ « Iridium » et brille sur « Her Silent Language ». Le growl quant à lui est plus percutant et agressif que jamais.

Paradoxalement en signant ici l’un des ses albums les plus mélodiques, Dark Tranquillity livre également l’une des ses œuvres les plus sombres. Avec ses nombreuses références aux albums cultes de la formation et son envie d’explorer de nouveaux horizons, ce nouvel album de Dark Tranquillity est une réussite d’un point de vue artistique. Non content de se concentrer sur l’aspect mélodique, le groupe a le culot de proposer, après plus de 20 ans d’existence, deux de ses meilleures chansons jamais écrites, en l’occurrence « Arkhangelsk » et « Iridium » qui tranchent radicalement avec le reste de l’album. Le quatuor gagnant ? « In My Absence », « The Grandest Accusation », « Arkhangelsk » et « Iridium ». Un grand disque une fois de plus.

...TeRyX...

0 Comments 15 février 2010
Whysy

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