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Krotini. Kortini. Pas toujours très facile de prononcer le nom de ce groupe australien. Et pourtant, on dit KO-RI-TNI. Voilà, il fallait une intro, c'est fait. Troisième album pour la jeune formation après l'excellent et acclamé "Game of Fools" et toujours le même line-up ! Voilà donc une affaire qui marche ! D'autant plus que l'on retrouve une fois de plus Lex Koritni à la production et Mike Fraser au mixage. On ne change pas une équipe qui gagne... Alors, après avoir bâti le groupe sur les cendres de "Green Dollar Colour", Koritni n'a eu de cesse d'éviter l'immobilisme en livrant à chaque fois une copie légèrement différente de la précédente, qu'en est-il de ce "Welcome to the Crossroads" ? Après deux (voire trois) albums à la thématique visuelle centrée autour de l'argent et des cartes, changement significatif puisque l'artwork de l'album nous montre un homme et sa guitare en plein paysage désert, un diable menaçant venant se manifester en fond de scène. Volonté d'aller de l'avant donc et de ne pas se reposer sur ses acquis.

D'ailleurs, musicalement, même si bien sûr le groupe est reconnaissable entre mille, que ça soit par le son des guitares ou la voix unique (quoiqu'on en dise) de Lex Koritni (et comme dirait le chanteur de Karelia, pas l'ex chanteur de Koritni, Lex le chanteur...actuel quoi), Koritni évolue une fois de plus. Pour preuve, les toutes premières secondes de l'album et du morceau Down at the Crossroads avec son riff tout en slide-guitar (ici joué par Lex lui-même) ainsi que le rythme pépère et confortable qui s'installe derrière. On retrouve ici Koritni dans un registre un peu plus heavy et pêchu que par le passé et il faut dire que cela offre une bonne bouffée d'air de pouvoir apprécier à chaque album une couleur différente. Sur ce morceau Koritni a un invité de marque puisqu'il s'agit de Jeff Scott Soto venant poser sa voix sur un couplet et glissant quelques chœurs au passage. Possédant un timbre vocal assez différent de notre Lex chéri, sa présence crée une dualité assez intéressante et contribue en tout cas au bon lancement de l'album. Et dans son coin l'impeccable section rythmique fait son boulot, rien à signaler donc.

Surtout que le dit album continue sur de bonnes auspices avec le rapide et musclé Better Off Dead au riff bien épais, signé Eddy Santacreu qui après un "Lady Luck" quasi exclusivement composé par Lex et un "Game of Fools" un peu plus équitable est ici le compositeur principal, signant plus de la moitié des morceaux, tandis que les paroles restent elles la chasse gardée de Lex. Un Koritni nouveau donc qui s'est visiblement bien éclaté pendant l'enregistrement et nous propose pas mal de titres d'avantage in your face qu'avant, à l'image de l'irrésistible Let's Go Crazy ou bien Sidney in the Summertime ainsi que des pièces lourdes en mid-tempo comme Party's Over, Money Talks, it Says Goodbye et Take it Like a Man. Et si cette direction n'est pas pour déplaire, on regrettera malgré tout la subtilité des albums précédents et le feeling ravageur de "Green Dollar Colour". On est plutôt ici dans un esprit "ballade en Harley".

Voyez-vous, ce "Welcome to the Crossroads" n'est pas ce que l'on peut appeler un album subtil. Alors oui, le joli Lost for Words et le relativement dispensable Sometimes viennent calmer le jeu ainsi que la ballade Hold On, dont la version présente sur la compilation "No More Bets" (sortie à l'été 2010) en était en fait une relecture acoustique, mais le ton global de l'album se veut plus franc du collier que pouvaient l'être "Lady Luck" et "Game of Fools". Ceci dit, dire que ses morceaux sont lourdingues seraient un mensonge car Koritni signe ici certaines perles amenées à devenir des classiques, à l'instar de Party's Over, Let's Go Crazy ou encore Better Off Dead. Hold On est aussi une franche réussite dans le genre power ballade montant progressivement en puissance et l'on appréciera le léger et remuant TV's Just a Medium dont le riff rappellera "Nobody's Home" à certains et où Jeff Water (Anihilator) en personne vient poser un incroyable solo, collant parfaitement à l'esprit du groupe et ne dépareillant pas avec ceux toujours excellents de sieur Santacreu.

Mais malgré cela on peine légèrement à retrouver l'étincelle qui animait les précédents efforts du groupe, ou du moins la capacité qu'avait Koritni à pondre quasiment autant de morceaux que d'hymnes. On a encore en mémoire sur "Game of Fools" le titre éponyme, Tornado Dreaming, The Devil's Daughter, Nobody's Home, You vs Me ou encore Roll the Dice. Encore une fois, si aucun morceau de "Welcome to the Crossroads" est raté, il manque peut-être à la globalité de l'album un grain de folie supplémentaire qui faisait de Green Dollar Colour et Game of Fools de solides références dans le milieu hard rock. Que cela ne soit pas pris négativement, mais Koritni montre ici un visage plus mûr, moins foufou et paradoxalement d'avantage "tête dans le guidon".

Tout cela pour dire que si "Welcome to the Crossroads" reste un très bon album, solide et ne souffrant d'aucun morceau de remplissage, il risque de quelque peu décevoir (le mot est fort malgré tout) les fans de la première heure mais ravira les plus hardis d'entre vous. Orientation à surveiller, il ne faudrait pas que Koritni se beaufise. Déjà que Lex laisse pousser la moustache...


0 Comments 10 avril 2012
Whysy

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