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La formation allemande de folk metal Saltatio Mortis n’en est pas à son coup d’essai lorsque, fin août 2009, elle publie Wer Wind sæt. En effet, nos voisins d’outre-Rhin ont déjà pas quelques heures de vol à leur actif et le moins qu’on puisse dire c’est qu’en neuf ans d’existence, ils n’ont pas chaumé. Jugez plutôt : la discographie de groupe ne compte pas moins de sept albums en incluant le dernier ! Bref pas de repos pour les flûtes et les cornemuses au pays de Beethoven et de Kai Hansen. Si la renommée de Saltatio Mortis n’a pas passé la frontière, le groupe bénéficie toutefois d’une jolie popularité en Allemagne.

Mais trêve de palabres ! Entrons dans le vif du sujet et voyons ce que nous réserve Wer Wind sæt. Tout d’abord ce qui frappe dans cet album c’est à quel point il est lisse. Sans aspérité, presque sans vie. Et non seulement ce défaut se retrouve tout au long de l’écoute mais, il est présent à tous les niveaux : aussi bien au niveau du chant, de la musique ou de la production. Jamais Saltatio Mortis ne parvient à insuffler un grain de folie dans sa musique pour éveiller l’intérêt des auditeurs. En tout cas pas suffisamment longtemps pour que cela soit vraiment marquant. Mais rendons à César ce qui est à César, Wer Wind sæt nous réserve tout de même quelques surprises dans ses musettes.

La première c’est la présence étonnante de Doro Pesch sur le deuxième titre de l’album « Salome ». L’occasion pour la reine du metal allemand (et même du metal tout court selon certains) de venir pousser la chansonnette dans sa langue maternelle entourée de jeunes et fringants garçons. Si l’idée paraît bonne sur le papier, dans les faits, hélas, c’est une tout autre histoire. La chanson n’est pas assez énergique et peine à trouver sa place. Au final on a droit à un beau feu de paille : l’effet est raté. On ne peut s’empêcher de se demander ce que Doro vient faire dans cette galère. Heureusement les allemands n’ont pas encore épuisé toutes leurs cartouches et le titre suivant ne peut s’empêcher de nous surprendre, petits francophones que nous sommes puisqu’il s’agit d’une reprise de « La jument de Michao ». « La jument de Michao » ? Mais si, vous savez de quoi je parle : j’entends le loup, le renard et la belette etc. C’est donc cette chanson assaisonnée, pour cette fois, à la sauce Salatatio Mortis qui suit le duo avec Doro Pesch. Le résultat est amusant et pas trop mal tourné. Alea der Bescheidene, le chanteur de la formation, se lâche davantage, une fois n’est pas coutume, conférant au titre un ton gentiment déséquilibré qui se prête bien à l’univers de la chanson. Malheureusement, le reste de Wer Wind sæt n’est pas à l’avenant et l’originalité, dont Saltatio Mortis a su faire preuve, s’éteint avec ces titres, presque aussi vite qu’ils sont apparus.

Premièrement on regrette, dans cet opus, l’absence des titres forts. Bien sûr, il y a des chansons plus réussies que d’autres comme par exemple « Ebenbild », « Rastlos » ou encore « Manus Manum Lavat » qui bénéficient de refrains plutôt réussis et d’ambiances intéressantes. Cependant, elles manquent toutes, sans exception, de puissance et en conséquence aucune d’entre elles n’est une véritable réussite. Il n’y a pas d’hymne à se mettre sous la dent. De plus, les titres les moins réussis (les plus ratés ?) comme « Miststück » ou « Vergessene Götter » qui pèchent par leurs mélodies brouillonnes tirent l’ensemble vers le bas. Les ballades sont un peu bancales et manquent de personnalité. On se retrouve donc avec un album qui manque de vitalité et ne parvient jamais à décoller.

Par ailleurs, comme on l’a vu plus haut, les mélodies et les riffs sont trop sages. Malgré des efforts dans le choix des ambiances, qui sont plutôt variées, il n’y a aucune prise de risque et Wer Wind sæt tourne vite en rond parce que les musiciens ne se mettent pas assez en danger. C’est un peu comme si une force muselait le groupe, l’empêchant de donner pleine mesure à ses talents. Plus grave, on a la très nette impression que tout le côté folk n’est qu’un prétexte. A faire quoi ? Je ne sais pas : briller en société, attirer les auditeurs naïfs… En tout cas à faire quelque chose de complètement différent de ce à quoi on s’attendait. En fin de compte, Wer Wind sæt n’est pas festif. Il n’est pas non plus épique et encore moins versé dans l’esprit traditionnel. C’est assez déroutant et pas dans le bon sens du terme.

Quelques mots sur le chant. Il manque lui aussi cruellement de puissance et de fantaisie. Fantaisie dont le chanteur sait faire pourtant preuve comme en témoignent « La Jument de Michao » ou, dans une moindre mesure, « Wir säen den Wind » le dernier titre de l’album qui n’est pas trop mal réussi. La voix de Alea der Bescheidene est trop docile pour donner un coup d’élan à la musique alors qu’elle en a terriblement besoin. Et c’est vraiment dommage. Enfin, d’une manière générale, les titres ne vont pas ensemble. Il n’y a pas de lien, de fil conducteur entre eux. On est trimballé d’un côté et d’un autre sans vraiment comprendre ; à part que rien ne va avec rien.

Vous l’aurez compris, Saltatio Mortis nous livre un album peu équilibré, inoffensif et beaucoup trop sage. Malgré de bonnes idées et de la bonne volonté, Wer Wind sæt souffre de mélodies folk pas assez exploitées et du manque d’unité qui se dégage de l’œuvre. A trop vouloir aller partout, finalement le disque des allemands ne va nulle part.

Nola

0 Comments 17 décembre 2009
Whysy

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