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Darkwater, c'est l'histoire d'une énigme. C'est l'histoire d'un album auquel on n'a pas envie de donner sa chance, et ce, avant même d'y avoir posé une oreille. Parce que le groupe s'appelle Darkwater, vive le nom générique, parce qu'on sent se pointer le groupe de prog suédois lambda sans personnalité, n'ayant pour attrait que le niveau technique de ses musiciens. Mais bon, aussi vrai que le chat miaule, le chien aboie et le dindon glougloute, le chroniqueur chronique. Donc au boulot, chroniqueur !

Darkwater, c'est l'histoire d'un album qui surprend agréablement à la première écoute. A l'entame de Breathe, quelques notes de claviers un peu louches, suivies par un gros mur sonore imposant et des nappes orchestrales viennent nous happer. Et appelons un chat un chat, un chien un chien, un dindon un dindon et un chroniqueur un chroniqueur, ce morceau tue. Oui, tout simplement. Suffisamment évolutif, Breathe nous offre un solo fort sympathique, des riffs costauds, un refrain "facile mais pas trop", et remplit pleinement son objectif d'opener en règle. Impeccable se dit-on. Surtout qu'une rapide écoute des 8 autres titres ne choque pas, une certaine homogénéité semblant être de rigueur, histoire de ne pas perdre l'auditeur et de le faire voyager en terrain familier. De plus, la voix, sans être impérissable, s'avère correcte, et le guitariste ne semble pas être un manche. Tout va mieux dans le meilleur des mondes !

Mais voilà. Darkwater, et ici "Where Stories End", c'est l'histoire d'un album qui, derrière un apparat lumineux s'avère être chiant comme la pluie. La raison à tout cela ? Et bien, Breathe, malgré sa forte qualité réalisait un jeu de funambule, en équilibre instable sur le fil de la réussite, menaçant à tout moment de sombrer dans le consensuel et le facile d'accès. Exercice que ne réussissent malheureusement aucun de ses successeurs. Pour autant, la recette musicale de Darkwater n'est pas inintéressante. Un esprit assez prog, un son de guitare très néo, des ambiances plutôt gothiques, Darkwater opère ici un mélange relativement original qui fait d'ailleurs mouche en ouverture d'album. Mélange qui se verra répété jusqu'aux derniers instants de ce "Where Stories End".

Pas de problème, direz-vous ! Le premier morceau était bien ! Les autres le sont donc forcément aussi ! Oui, pas faux, mais non. Nous sommes d'accord, être homogène n'est pas une tare. Mais le problème est que nous avons affaire ici à de l'ulta homogénéité, celle qui colle tout ensemble pour y faire un bon gros paquet. C'est ainsi que les 9 morceaux jetés en pâture semblent faire front commun et dictent exactement le même discours musical, avec pour seule promesse électorale celle de ne surtout rien changer. Vous ne voyez toujours pas le problème ? Bon, vous avez raison, on digresse, on digresse, mais au final, Robert Lamoureux nous dirait "Et le samedi matin, le canard était toujours vivant". Alors le problème vous le voulez ? Le voilà !

Après le numéro d'équilibriste opéré par notre opener adoré, les autres se vautrent dans un conformisme crispant, aux refrains passe partout, ressassant inlassablement les même sonorités, les même gammes, donnant l'impression d'avoir passé un morceau à la photocopieuse. Et le son, de prime surprenant et efficace finit par ne devenir qu'un bourdonnement agaçant, conférant à cet album une grosse enveloppe compacte et follement ennuyeuse.

Alors bon, ne voyons pas tout en noir, quelques morceaux viennent un tant soit peu adoucir notre mauvaise humeur grandissante à l'écoute de "Where Stories End". Mais en fait non. Même pas. Seul Walls of Deception s'avère un tant soit peu plus "original" (cela reste un bien grand mot) que les autres. Mis à part celui-ci, on retrouve les même ingrédients, pour un potage sans saveur, pas mauvais, jamais écœurant, mais d'une pénible linéarité et d'une longueur éprouvante. Car les morceaux sont longs, ne descendant que rarement en dessous des 6 minutes, et semblant durer une éternité.

Et que dire, In the Blink of an Eye et Fields of Sorrow, en plus d'être quelconques sont sensiblement les même morceaux, n'étant déjà pas bien éloignés d'un A Fools Utopia... En réalité, cet album ennuie dès l'interminable deuxième piste, Why I Bleed qui, à l'image de l'ensemble de l'album est loin d'être mauvaise, mais est générique au possible et surtout tréééééés longue...

Donc, Darkwater, c'est l'histoire d'un album que l'on a pas forcément envie d'aimer, puis qui surprend agréablement, avant de laisser tomber le masque et de révéler un contenu plus triste que franchement pauvre. Définitivement non incontournable.

0 Comments 22 mars 2011
Whysy

Whysy

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