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Homo homini lupus


Le premier album de Wolfpakk, formation allemande à l’initiative de Mark Sweeney (ex-Crystal Ball) et Mickael Voss (ex-Casanova, Mad Max) s’appelle sobrement Wolfpakk. Cet album sortira le 26 août en Europe, sous l’étiquette extra large de Metal Mélodique.

Ce qui frappe au premier abord dans ce projet (mise à part son extrême discrétion sur le web français, et de manière générale sur le web non germanophone), c’est son ambition : les deux artistes, initialement vocalistes, ont ainsi fait appel à toute une flopée de grands noms du milieu pour enregistrer cet album. Là où ils auraient pu se contenter de faire appel à des musiciens de session, ils ont pris le parti d’inviter aussi d’autres chanteurs, au point qu’à l’heure de tourner leur premier clip, ils ont été contraints de choisir, de leur aveu même, Reptiles Kiss, une chanson qui n’est pas la plus percutante de l’album, puisque c'est la seule où ils ne sont pas accompagnés d’invités au chant.


Clip visionnable ici d’ailleurs

Le clip donne le ton : cuir et nana lascive sur fond de grosses guitares, les influences vont chercher dans le hard rock. Le responsable du solo est d’ailleurs Freddy Scherer, issu du groupe suisse de hard rock Gotthard.

Vous l’aurez peut-être compris, il sera difficile de créditer tout le monde ici : l’album compte plus de trente invités, issus de groupes aussi variés qu’Iron Maiden, Black Sabbath, Xandria, Primal Fear, At Vance ... Malgré tout, la composition reste au main des deux maîtres d’orchestre, et l’ensemble arrive à garder une certaine cohérence. L’idée ne manquera d’ailleurs pas de rappeler le projet d’un autre allemand prolixe (Tobias Sammet pour ne pas le nommer).

On reste dans un style très lourd, sur des rythmes la plupart du temps très lents, et c’est d’ailleurs le principal défaut de l’album : certains morceaux ne captivent pas, se traînent en longueur, et on en attend la fin avec impatience. On a même l’impression de les avoir déjà entendus mille fois ; c’est le cas par exemple de Let Me Die, dont tant les lignes de chant que les riffs sonneront déjà entendus. Heureusement, la composante mélodique se pose là pour empêcher le naufrage, et même donner un deuxième souffle à une musique lassante autrement.

Ce même Let Me Die est doublé de chœurs, et jouit d’un passage narratif intéressant. Cette narration fait même penser à celles de Christopher Lee à l’époque où Rhapsody et Of Fire n’étaient qu’un seul et même groupe.
The Crow est une pièce encore plus axée Power Metal, avec une thématique épique de roi reprenant son trône à l’obscurité, et des chœurs eux aussi très épiques, renforcés par la voix de Paul Di’Anno (mais si, Iron Maiden à leurs débuts).

L’aspect mélodique se manifeste plus clairement sur deux pistes : Sirens, qui ouvre l’album avec un clavier très présent, beaucoup plus que sur les autres morceaux, et Wolfony, qui le clôt. Coïncidence ? Je ne crois pas.
Traitez-moi de fou si vous voulez, mais ce Wolfpakk est symétrique autour d’un intermède instrumental acoustique (Wolfpup) : les pistes les plus epiques (Let me Die et the Crow sont situées de part et d’autre de Wolfpup, les pistes les plus mélodiques en sont les plus éloignées, et les pistes intermédiaires sont les plus typées hard rock. Une fois ce schéma en tête, l’album prend plus de sens.

Alors certes, on n’est pas dans le très original, mais tout est bien exécuté, la production est ciselée à l’or fin, et l’album est parsemé de bonnes idées : des interventions différentes des autres cassent la monotonie. C’est le cas par exemple de Michaela Schober, une soprano allemande habituée aux comédies musicales (Hair, Jesus Christ Superstar) sur Lost, ou, les cris plus rauques sur le refrain de Dark Horizon.
Ces deux pistes sont d’ailleurs intéressantes, moins linéaires que d’autres (Ride the Bullet et Reptiles Kiss par exemple), la voix de Michaela se fond d’abord dans le refrain, avant d’avoir son propre passage, plus calme, mais très pessimiste.

De manière générale d’ailleurs, on n’est pas dans l’univers de mon petit poney, on parle trahison, on parle perte de contrôle, perte de soi, on parle de mourir en héros, avant de terminer sur un hymne à la déchéance de l’homme ...

Wolfony, qui clôt l’album du haut de ses dix minutes est une belle réussite, à laquelle on ne s’attend pas après neuf titres presque tous construits selon le même plan. Introduction au piano classique, utilisation de nombreux chœurs, breakdowns fréquents, passages plus lents en latin, solo de claviers / orgue puis de guitare, moments plus speed ... S’il ne fallait retenir qu’un morceau de ce Wolfpakk, ce serait celui-là.

En résumé, un premier essai plus complexe qu’il n’y paraît, et qui mérite plusieurs écoutes. L’alchimie du mélange des genres se fait assez bien, et les 52 minutes passent finalement rapidement, et agréablement.

0 Comments 25 août 2011
Whysy

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