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Plongés dans des abîmes de réflexion, en proie à une douloureuse et délicate mélancolie, nous nous sommes éloignés du monde. Le but de notre marche solitaire ? Cette forêt silencieuse, très ancienne, dont les occupants sont parfois aussi âgés que la terre elle-même. Que nous raconteraient ces arbres s’ils pouvaient parler ? Que nous conteraient ces ruisseaux ? Des légendes sauvages aussi émouvantes que cruelles…

Ce qu’il y a de merveilleux dans le petit monde poétique de notre musique brute et sauvage, c’est que l’on n'est jamais à l’abri des surprises, des ovnis musicaux, des curiosités en tout genre. Et voilà qu’à mon grand plaisir, je vous présente aujourd’hui l’une de ces fameuses nouveautés musicales, aussi incongrue qu’attachante.


Empylver est un one-man-band chinois, qui officie dans le folk metal, avec de nombreuses influences plus extrêmes. Comme moi vous adulez Empyrium et vous appréciez les débuts d'Ulver ? Vous ne pouvez que craquer sur leur improbable fusion, Empylver !! Mélangeant allégrement des influences tirées du black (notamment dans le chant et les riffs), du folklore européen traditionnel (beaucoup auraient aimé qu’AJ Alex, leader du projet, pousse l’originalité jusqu’à faire du folk chinois, mais non…), et d'Empyrium (l’atmosphère, qui se teinte parfois de mystère et de mélancolie, les mélanges guitare/flûte, le chant…), Empylver propose un genre assez unique, et malgré la très grande immaturité de l’ensemble, il est fort possible que les amateurs se laissent séduire par l’originalité de la démarche.

La trame de l’album (magnifique pochette, soit dit en passant) se découpe sur un cycle de saisons. Ainsi, notre voyage est-il ponctué par de nombreuses transitions plus ou moins habiles, qui permettent de mieux nous guider d’une époque à une autre. Bien plus folkloriques que métalliques, la plupart de ses charmants (ou pathétiques, cela dépend) interludes nous permettent de mieux juger de la qualité du timbre du mystérieux leader. Et bien, loin d’être aussi catastrophique que l’on aurait pu s’y attendre, AJ Alex, (visiblement extrêmement influencé par Empyrium), s’en tire plutôt bien ! Si l’on excepte le passage black-suraigu central de « Another piece of wood part. 2 » (qui demeure une innommable horreur), nous avons droit à cette formule, maintes fois éprouvée mais toujours salvatrice, d’alternance entre différents registres. Le timbre clair du monsieur s’avère simple et agréable et ses embardées death et nombreux murmures sont, de même, tout à fait acceptables.

Et musicalement, cet album s’avère particulièrement hétéroclite. L’ambiance de l’œuvre déjà, qui alterne entre apaisement, invitation au voyage (« Dead Brook », « The winter », qui ouvre les portes d’un univers mélancolique et oniriques enchanteurs et « Sail to Kajamin ») et passages étonnamment plus sombres, limite malsains (« Died in Finland », ou la plus black « Another piece of wood part. 2).  Quant à la production, on remarque que si celle-ci dessert admirablement les parties calmes et claires, elle s’avère nettement plus inadéquate et brouillon dès l’apparition d’instruments électriques, qui saturent et se montrent désagréablement en rupture avec le reste de l’œuvre. C’est dommage, car c’est clairement dans les pièces électriques qu’Empylver dévoile le mieux son talent (« Old boy » et surtout « Sail to Kajamin »).

Si les instruments folkloriques sont plutôt convaincants, les claviers, en revanche, sont aigus et kitsch, laids à en pleurer de rire !! Mais au final, toutes ces variations permettent d’éviter la lassitude, et l’essentiel est que les parties réussies marquent davantage que les nombreuses et parfois impardonnables erreurs qui jalonnent cette œuvre décidemment unique.

Se basant sur une verve folklorique peu originale mais toujours efficace, Empylver pond ici l’album qu’aurait pu pondre Empyrium après sa première démo et avant son premier album, (l’introduction de la magnifique « Sail to Kajamin », très inspirée de l’ « Astrum Luciferi » des allemands). Et même si on a plus le sentiment d’écouter une démo qu’un véritable album, certains morceaux sont étonnamment réussis, ce qui vaut d’ailleurs qu’en toute subjectivité, je ne puisse pas me montrer plus sévère envers ce premier essai.


On notera beaucoup de qualités mélodiques indéniables, et la vision finalement plus personnelle qu’il n’y paraît de l’artiste sur ce style musical, qui s’éloigne d’Empyrium par ses influences, à chercher davantage dans la violence et la mystique du black que dans la langueur contemplative du doom. Cet album récoltera donc la note que j’estime qu’il mérite : un 6/10. Il vaut peut-être moins, au vu de tous ces défauts, il vaut certainement plus, pour ses qualités mélodiques et l’ambiance qu’il développe. Personnellement, j’ai pris grand plaisir à me plonger dans ce recueil des plus étranges, et j’attends avec impatience un second opus, qui, je l’espère, sera capable de laisser derrière lui toutes les erreurs et imperfections de celui-ci. Un album qui contient son lot de merveilles et d’erreurs… Après, à vous de juger. Une expérience originale et intéressante, quoi qu’il en soit. Nul doute qu’à certains instants, notre prodige chinois est parvenu à effleurer quelque chose de grand…

Heu... très grande ouverture d'esprit indispensable, malgré tout !

Gounouman

0 Comments 05 juillet 2007
Whysy

Whysy

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