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Perfectionnisme. C’est ce mot qui me vient à l’esprit après l’écoute de ce Words Untold & Dreams Unlived. Certes, perfectionnisme ne signifie pas perfection, mais Serenity s’est réellement donné les moyens de s’en approcher au plus près, d’entrevoir cette finalité illusoire à laquelle beaucoup aspirent. Il faut dire que leur deuxième démo de huit titres n’était pas passée inaperçue, et non content qu’elle lui ait permis de décrocher un contrat avec Napalm Records, le jeune groupe autrichien est quasiment reparti de zéro, n’en conservant que quatre titres, et s’offrant un enregistrement digne d’une super production. Celui-ci s’étale dans pas moins de quatre pays, dont la Finlande et son fameux studio Finnvox pour le mix et le mastering, ou la République Tchèque et l’un de ses orchestres réputés pour les parties symphoniques. Une intro, au faux air de celle du premier Kotipelto, s’efface rapidement et dévoile l’aboutissement de cette recherche de perfection : un album de power mélodique, progressif aussi, au tempo rarement à la traîne. Sans parler d’influences criantes, je comparerais pêle-mêle cet album avec Labyrinth, Requiem, Vision Divine, Kamelot. Comme à mon habitude, tout d’abord un petit mot sur le chanteur. Il accomplit très à l’aise sa tâche de faiseur de mélodies, je dirais même tellement à l’aise qu’il fait un peu trop premier de la classe. Il lui manque cette petite faiblesse qui nous perdrait émotionnellement. C’est là toute la difficulté pour un chanteur d’être performant à la fois techniquement et émotionnellement, n’est pas Michele Luppi qui veut, le charisme viendra sans doute avec plus d’expérience. Son élocution très claire lui permet d’être parfaitement compréhensible, en revanche j’ai parfois l’impression qu’il chante au ralenti ou qu’il chante du nez, peut-être est-ce lié à ses efforts d’articulation.  Concernant les arrangements orchestraux, ils complètent piano et claviers. Jamais pompeux, ils mettent en valeur des moments clés pour leur faire gagner en crédibilité. Ils confèrent par exemple une dimension mélancolique magistrale, presque dramatique, au break de circle of my 2nd life ou au début et en fin de from when the dark is born. Attention, les guitares ne se font pas voler la vedette, outre leurs petits soli jubilatoires pouvant surgir à tout moment, c’est bien autour d’elles que se bâtit chaque morceau, sans jamais se contenter de quelques riffs seulement. Dans sa structure, le début de l’album est du speed mélodique à tendance prog, alors que les trois derniers titres seraient plutôt du prog à tendance speed mélodique. Ces derniers forment une trilogie introduite par l’instrumentale dreams unlived, et délaissent de temps à autres la recherche de mélodie aguicheuse pour devenir sombres et hargneux. Dans les moments les plus oppressants, vocaux death côtoient synthés électro-space tout droit importés d’Italie. Plusieurs écoutes s’avèreront nécessaires pour bien suivre le fil conducteur, mais c’est excellent.  De nombreux autres détails qui ont leur importance se laissent aussi découvrir au fil des écoutes. Bien plus que de simples artifices sonores, ils sont de véritables figures de style qui renforcent les sensations reproduites par Serenity. Je pense à des superpositions de lignes de chant, aux guitares s’effaçant le temps d’un refrain, ou encore aux changements de rythme. Le titre engraved within, la plus belle réussite de l’album, voit tous les talents du groupe réunis. Un piano impose une atmosphère grave, d’abord en douceur, pour nous asphyxier dans les secondes qui suivent par de frénétiques notes. La délivrance viendra d’un passage orchestral, annonciateur d’un chant feutré juste posé sur la basse. Après ces deux premières minutes, mon esprit gorgé de toute cette beauté musicale avait déjà abdiqué, et je n’ai en tête que de vagues souvenirs de la suite de ce morceau, comme un refrain sur une rythmique double pédalée, ou des guitares au feeling que Spock’s Beard ne renierait pas.  À l’image de sa pochette, Words Untold & Dreams Unlived renferme une musique professionnelle et touchante, travaillée et lourde de significations. Un perfectionnisme de tous les instants pour un album vraiment réussi, dans lequel aussi bien les amateurs de speed mélodique que les fins connaisseurs en prog trouveront leur compte, sans oublier les déçus des derniers Labyrinth, dont je fais partie. [right]Chris[/right]

0 Comments 19 avril 2007
Whysy

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