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The child in me just died
The scars in me will never heal
An overdose of nothingness



Après un majestueux Beyond the Veil, Tristania a perdu l'un de ses membres fondateurs, et compositeurs principaux : Morten Veland. A l'époque, il composait autre chose que de la soupe ; son départ a donc été un coup dur pour les norvégiens. Ils ont pourtant réussi à égaler, ou presque, leur précédent opus. Même si on sent de la rancœur envers leur ancien mainman. Il suffit pour cela de regarder les titres, et d'écouter les paroles de ce World of Glass : Lost, Deadlocked, Hatred Grows, Crushed Dreams ... Le groupe a souffert de ce déchirement. Par là même, la musique est plus pesante que celle de Beyond the Veil.

Selling Out illustre parfaitement cette tristesse, toute la chanson ne faisant qu'égrener des paroles incroyablement sombres, de désepoir d'un être qui vit, mais n'a plus d'espoir, plus de rêves, qui n'a plus que du vide. La mort et l'abandon sont les thématiques principales de ce décidément très, voire trop sombre World of Glass. Evidemment, la musique de Tristania s'y prête. Toujours mélancolique, parfois angoissante, souvent vibrante d'émotion. Deadlocked est un morceau portant toute cette émotion à fleur de peau. Le violon déchirant prend le lead sur un piano déjà touchant. Au violon bientôt succède la voix plaintive de Vibeke, accompagnée de nappes de claviers discrètes, puis de choeurs. Ce morceau, le plus calme de l'album, permet à la jeune femme d'exprimer pleinement son talent, doucement doublée par Ronny Thorsen de Trail of Tears, qui assure le growl sur tout l'album.

Même si tous les morceaux ne sont pas aussi calmes que Deadlocked, tous portent la même puissance, et aucun ne laissera l'auditeur indifférent. Wormwood par exemple, reprenant le mythe issu du livre des révélations (autrement dit, l'Apocalyspe), décrit la chute d'une étoile, empoisonnant l'eau et provoquant de nombreuses morts. Hé oui, ça existait déjà avant la saison 6 de Dexter. Cette piste est proprement portée par les choeurs. D'abord les choeurs d'hommes en latin rappelant des choeurs d'église, puis les choeurs plus aériens, emportés par Vibeke. Les lignes de chant principales sont plus discrètes, tantôt claires, tantôt en chant death, explosant sur un dernier "God is dead" de la chanteuse.

Lost en revanche est plus immédiat, très rythmé, et mené exclusivement par Ronny. Les choeurs sont bien présents, mais plus discrets. Sur le deuxième couplet, un clavier rapide s'invite, puis un violon. Pourtant c'est la guitare qui se fait la part belle, à travers un riff simple mais efficace, répété tout au long du morceau. L'agressivité est latente, et apporte un changement d'atmosphère inattendu entre Tender Trip on Earth et Deadlocked, toutes deux beaucoup plus mélancoliques. Tender trip on Earth offre de longs passages où les voix claires de Vibeke et de Østen Bergøy se marient, et se portent mutuellement.

Inutile de préciser que la voix de Vibeke est l'un des éléments magiques assurant que chacun des morceaux touche l'auditeur droit au coeur. Passant des notes les plus absurdement aigues mais parfaitement assurées dans the Shining Path, a des notes plus fragiles, tremblantes dans Wormwood, elle sait également se rendre angoissante dans Crushed Dreams, ou redoutablement touchante dans Deadlocked. Si elle n'a pas nécessairement la plus grande quantité de chant sur cet album, elle surpasse ses homologues masculins en qualité. Sans même parler des bluffantes prestations de choeurs auxquels elle participe.

On la sent brûler quand elle le chante une sorcière dans the Shining Path, sur fond de clavier grave et rapide. On verrait presque les flammes dévorer sa chair, devant une foule ne demandant que sa souffrance, et sa mort. Ce morceau d'introduction terriblement violent donne le ton de l'album, à travers sa thématique, à travers ses choeurs, à travers sa structure torturée. The Shining Path est de ces morceaux qui vous coupent le souffle tant par leur puissance que par leur beauté.

En plus des classiques éléments symphoniques, et des nombreux choeurs, on retrouve quelques moments plus surprenants pour Tristania : une paire de passages presque indus dans World of Glass, Hatred Grows et the Modern End, de longues séquences clairement dissonantes dans Crushed Dreams, ou même des rythmes techno-isants dans Selling Out et Lost. Les norvégiens se permettent aussi de reprendre the Modern End avec brio, une pièce initialement écrite par Seigmen, groupe de Rock Alternatif.
L'album est riche de nouvelles sonorités, tout en conservant les bases posées par Morten à son époque. N'est-ce pas là le secret de la réussite ?

World of Glass est donc bien capable de rivaliser avec Beyond the Veil. Difficile de départager ces deux albums. Seulement, la noirceur convoyée par World of Glass le rendra peut-être moins agréable, moins passe-partout. Mais il a sur son prédécesseur l'avantage d'une couverture au niveau de son contenu ... A chacun de choisir son camp.

Pour la petite histoire, l'album, ainsi que les deux précédents, ont été enregistrés en France, à Marseille. Cocorico !

0 Comments 09 janvier 2012
Whysy

Whysy

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