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La région Poitou-Charente n'est pas la dernière en matière de gastronomie, ce ne sont pas les succulentes huitres Marennes-Oléron, le gouleyant Pineau des Charentes ou le chabichou qui contrediront la donne. Mais au-delà du domaine culinaire, et surtout dans le domaine qui nous réunis tous sur cette page (à savoir la musique), il y a un groupe là-bas au loin qui fait honneur à la cohorte des musiciens du métal, j'ai nommé Trepalium ! Étant à sa troisième sortie, le combo sort XIII axé sur les thèmes tous aussi joyeux tels que la folie et le meurtre. Quoi de plus normal me direz-vous dans un album d'extrême mélodique ?

A l'écoute de cet opus, je pense qu'on peut le résumer à un substantif : noirceur. A cette tendance viennent s'ajouter différents éléments déclinants sur le domaine de la brutalité et sur le surréalisme. En effet, la musique de Trepalium est de prime abord assez difficile à cerner et ce ne seront pas deux écoutes qui permettront de vous forger un avis rapidement. Attention, je ne dis pas que l'accès musical est impossible ou l'album incompréhensible, je tiens juste à souligner le fait que XIII est hautement original et qu'il pourra surprendre par ses multiples facettes et par sa complexité ostentatoire. En effet, les ambiances sont pour le moins étranges voire changeantes d'un titre à l'autre et la formation ne se cantonne pas à une ligne de conduite ou à un unique fil directeur. Même si le chant du frontman reste sur le créneau de la violence et du style crié, le death virulent pratiqué (« Daddy 's Happy ») arrive à se travestir en un patchwork musical largement influencé par divers horizons et des sonorités peu communes. Néanmoins, le déversement brutal et agressif prend essentiellement sa source dans le chant endiablé de Kéké. Des mélodies jazzy comme sur « Addicted To Oblivion » viennent apporter une nuance non négligeable à l'album des Français en le découpant par de longs breaks ou des riffs hallucinatoires (« Sadistik Peace »).  

Il est vrai que XIII est un album surréaliste comme je l'ai dit plus haut puisque caractérisé par des mélodies groovy. Tout en prenant son impulsion sur les instruments et notamment sur l'excellence des guitaristes, les Français parviennent à créer des sensations. Se livrant à des essais bestiaux primaires, on pourrait croire que le groupe cherche à faire un maximum de bruit pour effrayer la population, or la structure musicale est mise en lumière grâce à ses côtés techniques, complexes et recherchés (« Visual Crap », « Become »). Cependant, on pourra comprendre pourquoi certaines personnes soient déconcertées par un déluge d'une pléiade de notes, les conduisant à traiter la musique trepalienne de cacophonie et ça c'est le revers de médaille. La production d'un niveau tout à fait professionnel arrive à dégouter comme à stupéfier, car une certaine accentuation est fortement portée sur des morceaux à la fois hétérogènes et d'une difficulté d'appréhension indiscutable. De ce fait les chansons revêtent de temps en temps l'apparence d'un mathcore progressif à la Messhugah (« Unexpectiable Lies ») et ceci n'est pas forcément au goût de tous...

Les chansons de Trepalium s'enchainent et ne se ressemblent pas tout à fait, puisque si on y regarde de plus près on s'aperçoit que la formation réalise une digression musicale dans le sens non péjoratif du terme. En effet, les titres s'écartent petit à petit du style premier abordé au début de l'album tout en s'enfonçant dans les ténèbres et la recherche musicale. En passant, on appréciera la clairvoyance de cette  structure exploitée à fond d'une manière qualitative. Par ailleurs, le chant « barré » s'accommode avec les morceaux du même acabit et les ambiances introductives sont du plus bel effet (« And Now... »). En fait, XIII se montre sous son grand jour mais pour les pressés, il faudra gratter maintes et maintes fois pour enfin atteindre le plaisir procuré aux sons des riffs de guitares ravageurs sur une rythmique oscillant entre le tempéré et le véloce.  N'étant pas épicurien, le plaisir ne m'est pas apparu tout de suite et c'est pourquoi j'expliquerai ma note par un six. Ceci dit, XIII est un album ingénieux et s'aventurant dans des contrées musicales bien éloignées pour en rapporter l'essence et c'est pourquoi il faut saluer cet effort et cette inventivité par un sept.


- ĦĐ -

0 Comments 30 janvier 2009
Whysy

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