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Il y a une vie après James Bond et ça, Roger Moore le sait très bien. C'est pourquoi, tant que ses jambes tiennent encore le coup, le voilà qu'il se lance dans le prog et monte un groupe du nom de "The Moore". Bon, c'est pas complètement vrai, le groupe c'est The Moor, il est italien et en plus Roger Moore ne joue même pas dedans.

Et sinon dans la vie, The Moor c'est du prog, mais c'est aussi du rock, du heavy et du black les jours de pluie. En effet, il est assez dur de poser un étiquette sur ce groupe dont "Year of the Hunger" est leur tout premier album. Si on se fie à l'opener Hyperuranium on se dit "voilà un groupe qui mélange Mastodon et Enslaved". Rythmiques chaloupées, voix un peu chevrotantes à la Troy Sanders et à côté de ça passages en blasts et voix black avec des mélodies bien lancinantes, le cocktail de début d'album est très plaisant d'autant plus que le groupe jongle très bien entre les différentes influences qui se prononcent ici.



Mais voilà, si c'était toujours pareil, ce serait trop simple. C'est pour ça que durant tout le reste de l'album, on retrouvera, au milieu des tendances précédemment citées, un feeling assez rock et light, du mid-tempo bien heavy mais aussi du prog à la "Dream Theater". Mais là où The Moor est malin, c'est que les divers styles ne sont pas jetés séparément mais s'éparpillent sur un peu tous les morceaux. Ainsi un morceau comme The Road se voudra un peu plus calme malgré un riff bien épais et dès le couplet partira en cavalcade, tandis que l'instrumental Year of the Hunger se voudra très mystérieux et lent, distillant une ambiance un peu tortueuse que "Mastodon" ne dénigrerait pas. Et puis à côté de ça, Clouds & Shakes se veut plus lumineux, presque rock mais se retrouve talonné par un Before Abigail bien plus offensif et rentre-dedans.

Tout ça pour vous dire que, même si la dominante se veut "prog", on retrouve beaucoup de diversité dans cet album et que le groupe y fait preuve d'une maturité surprenante pour une première oeuvre. Etre capable de passer du vénère Antikythera au superbe et aérien Venice, témoignant d'une élégance rare sans pour autant verser dans de la préciosité "à fleur de peau" comme beaucoup savent faire. Franchement, ce morceau atteint des sommets, dans l'émotion, l'intensité, le feeling, distille des notes de piano avec une justesse bluffante et le fait qu'il soit quasiment juste après repris en instrumental ne choque même pas tant il nous permet de nous délecter de tous les petits détails qui auraient pu nous échapper. Le groupe a dû se retrouver avec un morceau instrumental magnifique, a eu envie d'y mettre des paroles et au final avoir deux tueries sur les bras. "Bon qu'est-ce qu'on fait les mecs ? Euuuuuh...on met...les deux ?".

Et si vous voulez d'autres exemples du talent de caméléon de ce groupe, prenons Covered et The Arising of Volition. L'un, se faisant rageur, l'autre instrumental (et oui, c'est le troisième...) et calme. Sur Covered le groupe se veut direct, va à l'essentiel sans chichi et nous offre un break jouissif à "1:25", tandis que sur The Arising of Volition, le groupe prend son temps, pose ses soli sans se presser même si par ci par là il hausse un peu le ton.

Enfin bref, je pense que vous avez globalement compris, "Year of the Hunger" se veut varié, accrocheur et non dénué d'émotions. Et puis c'est peut-être idiot, mais là où The Moor marque des points c'est qu'à aucun moment le groupe ne sonne "italien" comme cela pourrait être le cas chez d'autres. En définitive, on pourra encore un peu reprocher à cet album de ne pas "tuer" tout le temps et d’offrir de très bons moments à côté de morceaux légèrement plus timides. Mais on travaille ici au détail, "Year of the Hunger" demeure un excellent premier album et que The Moor démarre ainsi sa jeune carrière de la plus belle des façons ! Et avec des chèvres dans un arbre.


0 Comments 03 mars 2013
Whysy

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