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Chose rare, je vais commencer cette chronique en vous parlant de moi.
Il y a dix ans environ, j’étais abonnée à un magazine de rock comme il n’en existe plus. Crossroads ça s’appelait. Puis un jour ça s’est arrêté, Crossroads est mort, Xroads a ressuscité quelques temps plus tard mais c’était plus pareil, comme tout le monde le sait, c’était mieux avant. Avant, quand le magazine était une publication en papier … journal, et que rien qu’arriver à le lire ouvert en entier c’était compliqué. Me direz-vous, ça m’a fourni l’entraînement pour l’abonnement, nettement moins rock celui-là, au Monde.
Bref, Crossroads s’ouvrait dans le crissement du papier, et ça sentait déjà Memphis, Tennesse, la ville-là-où-j’irais-quand-j’aurais-des-sous, la ville où tous les mecs sont des rockers, pas seulement les musicos, les autres aussi, même quand ils sont plongeurs ou physiciens, lorsqu’ils touchent une guitare, la planète est à genoux, et où les filles sont des héritières spirituelles de Joan Baez ou Janis Joplin, et quand elles chantent,… vous avez compris le concept, d’ailleurs, tout le monde le connaît.

Glyder avec ce «Yesterday, Today and Tomorrow» m’a fait un peu le coup de la madeleine de Proust, le bon petit goût qu’on avait oublié, la sensation imaginaire d’une chaleur moite de sable  qu’on fantasme, et du hard rock qu’on ne sait pas trop situer, si ce n’est qu’on the 66 road, c’est sûr, ça passerait bien.

Ce qui est drôle c’est que Glyder est originaire de Dublin, mais passons. Son petit nom était à la base Hollywood, mais ça sonnait un peu commun, alors à force de regarder des «gliders» (planeurs) passer durant l’enregistrement du premier album, le groupe a choisi «Glyder».
Avec un son à la Thin Lizzy (ce qui a été répété à l'envi), mais aussi Deep Purple (l’âme de «Black Knight» plane…c’est le cas de le dire...), enfin surtout maintenant un son à eux, en dépit de prégnantes influences, les Irlandais nous livrent donc un troisième album (après «Glyder» et «Playgroud for Life»), abouti, qui sent comme indiqué la poussière de la route.

Avec son côté rétro, old school, «Thelma et Louise», l’album nous transporte. Il y a même un peu de Led Zep dans la guitare, sur «Yesterday, Today and Tomorrow», grâce à la participation enthousiasmante de Dave Meniketti (Y&T). Pour ceux qui connaîtraient un peu les groupes US qui n’ont jamais fait carrière de l’autre côté de l’Atlantique, c’est du Gin Blossoms métallisé («One of Us» vous fait dire «yeah» à votre insu).
«That Line» ouvre le disque en forme de bombe Hard FM, avec un refrain aimantant. La deuxième chanson, «Knockout», a l’énergie catchy de son thème : le célébrissime combat de Mohammed Ali contre Georges Foreman. «Jack Strong» maintient le cap narratif avec une histoire de bar, ambiance Hell Angels. On retrouvera ladite ambiance sur «Always the Loser», hymne aux accents de Supertramp. Le titre «Make a change», lui, c’est le «It’s my life» de Bon Jovi, en faisant basculer les aigus dans les graves bien sûr, mais même énergie communicative avec un refrain façon slogan. Dommage que la voix soit en retrait sur «The Bitter End», on pardonne car les guitares sont extra. Mais «Back to the Water» compense, très belle ballade rock, mélancolique, pour tous les lonesome cowboys...

Le disque, bourré de clins d’oeils, ne sera pas appréhendé de la même façon par tous ses auditeurs. Certains se lasseront du côté très américain, de la voix qui signifie «I’m a rock staarrr», mais s’ils ne l’écouteront pas en entier, ils y reviendront. Ceux qui se déclareront fans opteront pour la version avec bonus, pour se délecter en supplément de deux titres mélancoliques, «Time to fly» ballade classique, et «Elverstown», avec son chant féminin aux accents du «Calling you» de Bagdad Café, ainsi qu’un «All You’ve Done» énervé façon seventies.

«Yesterday, Today and Tomorrow» porte en définitive bien son nom, évoquant un rock intemporel qui peut plaire à n’importe quelle génération de chevelus. Bonne écoute !

0 Comments 23 juillet 2010
Whysy

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