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Et de 7 pour Tägtgren ! Et oui, l'homme à tout faire suédois a beau produire au four et au moulin et mener Hypocrisy de front, il sait trouver le temps de se concentrer sur son projet solo (rappelons ici qu'il est le seul maître à bord, écrivant et enregistrant ses morceaux tout seul, même si cet album est le premier à bénéficier d'un batteur extérieur sur tous les morceaux, en la personne de David Wallin, batteur live de la formation) et nous voilà donc avec le septième album de ces pérégrinations aux touches éléctro-indus plus prononcées. Et si le chiffre sept est souvent associée à la magie et autres concepts féériques, on ne peut pas dire autant de "You Only Live Twice", ce fameux septième album. Pourquoi ça ? Replongeons-nous un peu dans le passé.

2007. "Psalms of Extinction" sort, un album solide, varié et globalement fort réussi avec quelques morceaux mémorables. Les fans sont donc rassurés et peuvent ajouter un album de référence de plus à leur collection, tout en ravalant leur frustration de ne jamais voir leur idole en concert, Mr Tägtgren ne semblant écumer que les pays scandinaves... Et puis le miracle se produit. Alors que Nightwish embarque sur une de leur plus grosse tournée à ce jour, Pain se voit l'honneur d'ouvrir pour le groupe. Joie, bonheur, exultations chez les Pain die-hards ! Mais surtout, le groupe va remporter un franc succès, la plèbe métalleuse découvrant enfin le phénomène. Devant cet afflux de popularité, le sieur Tägtgren est prié par Nuclear Blast, son nouveau label, d'accoucher d'un nouvel album le plus rapidement possible, histoire de battre le fer tant qu'il est chaud. Ni une ni deux, la machine Pain ne se pose pas et renquille sur un processus de création. En résulta "Cynic Paradise", album direct, simple et frais, tranchant quelque peu avec les ambiances habituelles développées par le groupe au profit de quelque chose de plus aéré (et non pas aérien) et de moins oppressant. Album à la durée de vie moins élevée que ses pairs car plus immédiat et moins fouillé, il n'en comportait pas moins une poignée de morceaux assez originaux ("Monkey Business", "Reach Out and Regret", "Have a Drink On Me", "I Don't Care",...) qui faisaient que cet album méritait largement que l'on y jette une oreille.

Seulement voilà, là où "Cynic Paradise" était le fruit d'un travail plus ou moins "dans l'urgence", cette septième offrande fait suite à un album et une tournée d'Hypocrisy, ce qui lui a laissé le temps de se nourrir et d'aller explorer milles et unes contrées. Et ce qui frappe à l'écoute de "You Only Live Twice", c'est le peu d'évolution, de prise de risque et surtout, une homogénéité des plus agaçantes. Comprenez par là que nous avons gardé l'aspect direct et rentre dedans de "Cynic Paradise" mais avons laissé au placard cette diversité dont ce dernier faisait preuve, ce qui égayait la galette et sauvait l'ouvrage d'un remise au placard au bout de quelques écoutes avec la mention "Ouais il est bien mais on s'en lasse rapidement".

Ici, nous sommes indéniablement en présence d'un album de Pain , ça ne fait aucun doute. Le son, la voix, les rythmes, tout est frappé du label "Tägtgren". Si vous cherchez de la nouveauté, il va falloir vous contenter de Dirty Woman, dont le clip a déjà été dévoilé il y a des semaines, qui montre pour le coup une facette un peu plus rock n' roll et nous fait même l'honneur d'y glisser un très bon solo qui prouve s'il en est que Peter n'est pas qu'une machine à riff. Pour le reste, on a l'impression d'assister à une copie carbone de "Cynic Paradise", la variété en moins et un côté sombre en plus.

Car oui, cet album est sombre, et n'appelle pas aux effusions de joies. En témoignent Feed The Demons et You Only Live Twice, morceaux s'avérant excellents au bout de quelques écoutes, l'un de part son refrain fédérateur et l'autre par l'ambiance qu'il dégage, réussissant à nous transporter le temps de 4 minutes. Si l'entreprise est louable, on aurait aimé respirer un peu dans cet album qui, accusant déjà une usure de part son caractère immédiat, n'invite pas particulièrement l'auditeur à s'installer confortablement. Prenez des morceaux comme The Great Pretender ou We Want More et vous comprendrez le problème. Des morceaux efficaces, simples, mais entendus mille fois et ne possédant pas le dixième du panache et de la classe qui émanait par exemple de "Dancing With The Dead", album de référence du bonhomme.

Alors oui, un album de Pain restant un album de Pain , chaque morceau n'est heureusement pas fait sous le même moule et on alterne ici entre déflagrations et mid tempo en peu plus ambiancés certes. Mais à ce niveau là, Leave Me Alone échoue dans sa tentative de ballade à la Not Your Kind, Just Hate Me ou encore Just Think Again (un chef d'oeuvre), pas intrinsèquement ratée mais juste quelconque et Season of The Reaper ne marque pas vraiment les esprits, étant bien construit, bien interprété mais ne produisant aucune étincelle trainant plus en longueur qu'autre chose.

Car là se pose la gène à propos de cet opus. Il est loin d'être mauvais, il est même plutôt bon. Seulement, il peine à briller comme pouvait le faire les précédentes réalisations à partir de "Nothing Remains The Same", premier album parfaitement abouti du projet. Let me Out n'est pas un mauvais morceau, loin de là, mais il s'écoute et s'oublie aussitôt. Monster pourra surprendre par son aspect bourrin et malsain, mais retombera vite dans du convenu (sur une échelle Tägtgren-ienne entendons nous bien).

Et pour conclure, si cet album se situe dans une durée classique (40 minutes, sensiblement la même qu'à l’accoutumée), le fait de ne posséder que 9 morceaux nuit à la diversité et au final, on en a rapidement fait le tour.

Donc, le ton de la chronique peut paraître assez dur au vu de la qualité de l'album, car il est irréprochable techniquement parlant et ne comporte aucun morceau réellement faible, mais il traduit la déception que le fan de longue date ressentira à l'écoute de "You Only Live Twice". Si cet album est parfaitement recommandable pour les néophytes, son manque de prise de risque et surtout de panache en fait une œuvre dont on était en mesure d'attendre mieux, beaucoup mieux.

(Disons que mon Moi intérieur note cet album 5,5/10 sous l'emprise du coup de gueule et la déception mais il vaut objectivement plus, d'où la présente note reflétant bien le disque)

0 Comments 03 juin 2011
Whysy

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