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Il ne faut pas parier sur le mauvais cheval de course ! J’ai été victime d’un excès de confiance avec ce petit groupe teuton. Voilà qu’il est l’heure de faire les comptes après un peu plus de quarante-cinq minutes d’écoutes. Les Allemands m’avaient fait pourtant bonne impression avec l’opus précédent, et désormais je dois dire que revanchard comme je suis je ne suis pas prêt de leur accorder du crédit pour la prochaine fois. Le style death mélodique arrive souvent à devenir rébarbatif, Emergency Gate était parvenu à un consensus entre le death métal et une grosse lampée de sonorités technoides poussées par une rythmique infaillible. C’est vrai que même si l’originalité n’est pas franchement la qualité première du groupe, on peut leur reconnaitre une technicité et une tendance à bien fignoler les chansons.

Or, avec un album aussi pauvrement intitulé You, j’aurais du flairer l’embuscade. Je savais bien que je n’allais pas assister à une effusion novatrice de riffs en tous genres ou un développement ultra surprenant de mélodies qui violent l’esprit avec efficacité. Mais de là arriver à un tel ennui, je ne pensais pas ! Le contraste avec l’album précédent est fulgurant, c’est le jour et la nuit tant la diète affame les compositions. La structure musicale rongée par la pauvreté s’effrite tout au long de l’écoute et finit par tomber en poussière ne laissant plus que les débris insipides et sans réelle valeur. « Moshpit » sombre dans une déferlante de cris sans réel fond mélodique. Le seul cadre est porté par des bruitages qui veulent alimenter un flux musical et peut-être en gommer la clochardisation imminente. Les titres tels que « rEvolution » doit avoir un refrain composé d’une dizaine de mots avec l’utilisation excessive du mot « remember »... C’est pour vous dire l’état de décrépitude général.

Le titre éponyme mixte maladroitement un chant crié légèrement growlé à la manière d’un groupe de metalcore, dont on retiendra ces belles paroles si perspicaces « I wanna break your neck » (« Je veux te briser le cou » pour la traduction). Bon, effectivement ce n’est pas très profond, mais au moins ça a le mérite de faire sourire. Le chant clair n’est pas mauvais, mais confère un côté clownesque aux lignes vocales. C’est presque une caricature, ce qui est drôle c’est que c’est purement fortuit, et encore le refrain de « Lean On Words » donne un sacré coup de boost au capital parodie de l’ensemble. Les inconnus avaient fait moins ringard avec « Dousseur de Vivre ». Je voudrais vraiment qu’on s’attarde sur le morceau « Breathless » qui reprend la mélodie de « Hello World » de Belle Perez, mais comme ce sont des vilains pas beaux death métalleux tout moches, on ne prononce pas les mêmes paroles, mais le riff est largement inspiré de la grande soeur Belge (hé non elle n’est pas Hispanique avec un tel nom).

On connaissait le talent et la rigueur des Allemands, mais force est de constater que le groupe touche le fond avec la tête. « Regret » parvient tout de même à tirer le navire en perdition vers le haut. La chanson, surement la seule de l’album, délivre une intensité et une véritable accroche qui faisait honteusement défaut jusqu’à présent. Notez qu’il faudra se taper un peu plus de trente minutes de dégueulis musical, sans dimension et à l’intérêt qui ne dépassera pas celui d’un Rhapsody of Fire (allez hop un tacle au passage, ça fait toujours plaisir). Cependant, ne vous inquiétez pas, les Allemands vont finir par se saborder avec les deux derniers morceaux comme ils l’ont fait depuis le début de l’album en se replongeant dans un style suffocant, avec peu de relief et d’une banalité affligeante.

Il ne suffit pas de pousser un hurlement pendant plusieurs secondes pour rendre une prestation hors du commun. Je dirais plutôt que c’est un signe avant-coureur de pénurie musicale. Bref, vous l’aurez compris, le groupe tourne en rond, dès « Force United », le combo accentue les effets pour cacher un manque évident de subtilité. Les guitaristes grésillent dans un amalgame de notes qui décrivent péniblement une chanson lorsqu’eux même ne sont pas recouverts par les ajouts aux claviers (d’ordinateur ?). Il est vrai que le style des Germaniques s’étire dans un sillon déjà tracé par un Heaven Shall Burn, mais le talent en moins, peu de réussite et bien moins de personnalité. Le seul point positif c’est qu’ils ne pourront pas faire pire... En tout cas, je l'espère pour eux...

0 Comments 30 janvier 2013
Whysy

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