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A peine deux ans après le très sympathique String To A Web, le groupe Rage, toujours aussi infatigable, revient faire parler de lui avec son nouvel album 21, qui n’est pas comme son nom peut le laisser penser le 21ème album des allemands. Seulement le 18ème (d’ailleurs d’après moi c’est même leur deuxième 18ème album (une performance qui n’est pas donnée à tout le monde si vous voulez mon avis). Passons sur le fait que je ne sais pas compter et retournons sans plus attendre à l’album. 21 est donc une référence au black jack et, comme de coutume, la pochette reflète l’ambiance générale du disque. On retrouve les cartes et les jetons nécessaires à une bonne partie. On dirait bien que tout est prêt. Faites vos jeux !

Rage a toujours su trouver les mots et la musique pour faire hocher les têtes et faire passer aux auditeurs de bons moments. Il est donc tout naturel d’avoir un a priori positif quand on s’apprête à écouter une nouvelle production des allemands. "House Wins" démarre le cd en douceur avec une petite mélodie pas désagréable, et en profite pour rappeler aux étourdis que, cette année, Rage a décidé de poser ses valises dans un casino. Tout de suite après, le trio germanique assène un coup dont il a le secret et enchaîne avec deux titres proprement imparables. "Twenty One" déploie ses effets avec force conviction. On retrouve tout le talent du groupe qui sait composer des morceaux efficaces en diable. "Forever Dead", dont le refrain ne vous quittera plus, double la mise et continue sur la même lancée. C’est un titre pêchu et très savoureux qui déverse une énergie communicative. A ce stade de l’album, on se dit que Rage est en chemin pour tout renverser sur son passage et qu’il va nous laisser complètement sur la paille avec des mains pareilles.

Le problème de 21, c’est que Rage abat ses meilleures cartes beaucoup trop vite. En effet, si “Twenty One” et “Forever Dead” délivrent leur message sans problème avec des accents forts, la chance semble quitter nos trois compères bien trop vite. Rage a tout misé sur son entrée en matière et va malheureusement passer le reste de l’album à tenter de remonter la pente pour se refaire une santé. Ce qui n’est pas facile : les deux premières chansons ayant placé la barre très haut. Ainsi, les titres suivants sont beaucoup moins puissants et on baigne en permanence au milieu de morceaux un peu ratés ou, en tout cas, bien en dessous, de niveau attendu.

"Serial Killer", "Black And White", et "Concrete Wall", malgré leur ton qui reste en adéquation avec le reste de l’album, ont de la peine à convaincre. On a le sentiment que Rage essaie de faire de son mieux mais qu’il ne parvient pas à trouver l’inspiration première : les refrains sont plus laborieux, moins festifs. Les mélodies sont plus poussives, ou moins incisives. Toujours est-il que, sans s’ennuyer, on est un peu déçu par ce que l’on entend. On voudrait retrouver les éléments qui font la qualité du groupe allemand : des morceaux un peu barrés, un peu décalés, des morceaux à la "Empty Hollow" ou à la "From The Cradle To The Grave" en quelque sorte. A la place, on a droit à des ersatz qui pourraient convenir si on n’était pas certain que Rage a les moyens faire mieux.

"Feel My Pain", qui a la lourde tâche de succéder à l’entêtante "Forever Dead", parvient tant bien que mal à se hisser parmi les meilleurs moments de 21. Le chant soutenu par une mélodie chargée tire heureusement "Feel My Pain" vers le haut. De même, "Destiny", dont le refrain plutôt bien pensé est un atout pour la chanson, parvient à relancer la partie avec ses accords plus tendres à un moment où on pensait que Rage ne faisait que des mauvaises pioches. Enfin, il y a les titres anecdotiques. Pas mauvais en soi (ils se retiennent assez bien), ils donnent cependant l’impression de vouloir faire du remplissage. Comme si Rage ne savait plus trop quoi dire mais tenait absolument à remplir ses pistes avec des cartes moyennes ("Psycho Terror"). Il y a aussi le cas "Eternally" qui est un morceau écrit par le guitariste, Victor Smolski, pour la compilation de Nuclear Blast, sortie il y a quelques années, Into The Light. Rajouté à la fin de 21, il s’intègre bizarrement à l’ensemble même s’il sauve l’album qui avait besoin d’une bouffée d’air depuis "Death Romantic".

Globalement, les trois musiciens sont toujours appliqués à la tâche. La guitare rappelle les anciens albums (quand commence "Twenty One" on pense à certains accords de Carved In Stone), de même que les rythmes imprimés à la batterie. Quant à Peter Wagner il fait toujours des merveilles au micro si on excepte la petite faute de goût de "Serial Killer". On reste donc toujours en terrain connu mais il manque malheureusement quelque chose à 21 pour en faire plus qu’un agréable album.

Peut-être fallait attendre avant de se jeter dans la mêlée une nouvelle fois. Rage est rompu à l’exercice de la composition mais une fois n’est pas coutume il aurait sans doute mieux valu pour le trio de laisser leurs idées un peu plus longtemps. Surtout quand on entend le potentiel que 21 aurait pu avoir. A la place de nous étourdir avec une suite couleur, Rage sort de son chapeau un brelan un peu faible. Pas de quoi ruiner la banque, juste nous déstabiliser un peu.

Nola

0 Comments 01 février 2012
Whysy

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