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Qu’est-ce qui peut permettre à un groupe de percer sur la scène Heavy Metal actuelle ? Dans quelles directions les nouveaux venus doivent-ils tourner leurs pas pour parvenir à se démarquer des standards du genre ? La question peut paraître banale aux premiers abords, mais en réalité trop nombreuses sont les formations clones qui se contentent de reproduire à l’exactitude la musique de leurs aînés et prédécesseurs, contribuant à l’essoufflement artistique du genre, malgré un renouvellement constant des groupes.

Le nouvel album de cette jeune formation danoise : Anubis Gate, allait-il me pousser à revoir mon jugement, ou me conforter dans mon impression initiale? Ces jeunes loups aux dents longues n’en sont qu’à leur deuxième album, et après un premier effort Purification sortit en 2004 et dont la sortie n’avait pas rameuté les foules, ils déboulent l’année suivante avec un disque beaucoup plus ambitieux, avec la volonté affichée de percer.

Il est clair qu’il est plus difficile de prétendre être original en 2005 que vingt ans plus tôt alors que le Metal n’en était qu’à ses premiers balbutiements. Cependant à des années lumières de choisir la solution de facilité, les danois cherchent à apporter à leur musique une réelle personnalité, en cherchant les rares sentiers encore inexplorés dans un genre battu en brèche. Ils nous distillent durant une heure un power metal très progressif, qui va chercher ses riffs à un niveau de complexité auquel on est rarement habitué, qui multiplie les variations des rythmes et d’intensités sachant à merveille jouer avec les sentiments de l’auditeur en proposant un très vaste horizon musical. Anubis Gate est un groupe novateur et cela s’entend à chaque ligne de guitare et à chaque intonation de chant. Il réalise le tour de force de jouer un metal progressif, sans jamais sombrer dans les méandres de la démonstration abusive, la musique reste donc avant tout cohérente et mélodique, sachant rester sobre quand la beauté est recherchée, avec notamment des passages instrumentaux magnifiques sur «Epitome Of Delusion», «Curfew» ou encore «A Perfect Forever», avec des arpèges de très grande qualité, et parfaitement bienvenus quand l’heure n’est plus à la puissance.

La mélodie est donc la marque de fabrique de Anubis Gate, une mélodie souvent simple mais jamais simpliste, avec des riffs d’une rare virtuosité (on en prend toute la mesure dès les premières notes de «Sanctified»), des soli pétris de feeling. Un incroyable travail de rythmique, avec un batteur de grand talent, sachant alterner les rythmes et diversifier son jeu pour décupler l’intérêt des morceaux. Sans oublier un claviériste privilégiant les ambiances discrètes aux nappes souvent envahissantes, tout en affichant une aisance impressionnante rehaussant considérablement la beauté des mélodies. Je finirai ce tour d’horizon de la musique des danois par le chant, particulièrement bien pensé, avec Torben Askholm, un vocaliste au registre grave tout en nuance, dont les lignes de chant (souvent en décalage avec le rythme des morceaux), s’adaptant parfaitement à l’ambiance de l’album, en privilégiant les couplets envolés et les refrains lancinants. Le vocaliste nous réserve quelques perles comme sur «Kingdom Come», «Future Without Past» ou encore l’incroyable «Approaching Inner Circle».  

Ce A Perfect Forever apparaît donc comme un îlot au milieu de l’océan de groupes sans personnalités qui déferle sur la scène Metal en emportant tout sur son passage : Distrayant, Puissant, Complexe, tout en conservant cette accroche et ce dynamisme indispensable au bon Heavy Metal, les musiciens d’Anubis Gate réussissent l’exploit de s’éloigner de toute influence marquée pour s’approprier pleinement leurs compositions. Avec des titres furieux comme «Sanctified» (speed et mélodique, avec la recherche et la composition en plus), «Approaching Inner Circle» (dotée d’un break musicale immense, et d’un refrain fort bien pensé), ou encore des morceaux plus dans la tradition power, tels «Children Of The Pauper King» ou «The Wanton Blade Of Lust».

Et surtout ces fameuses power-ballades (terme que je n’aime pas trop mais qui est devenu une référence), qui constituent sans doute la première attraction de l’album, avec des moments de grande intensité musicale, comme sur l’incroyable «Curfew» et son final tout en douceur, ou la surprenante «Epitome Of Delusion» qui fait selon moi l’étalage de tout le talent de ce combo Danois. Je concluerai par le morceau de bravoure de l’album, l’éponyme «A Perfect Forever» qui, du haut de ses douze minutes, représente selon moi la réelle personnalité du groupe. Regroupant tous les éléments phares du disque, avec un refrain traînant caractéristique, un break mélodique de toute beauté, et une complexité bienvenue apportant constamment un nouveau souffle à la chanson. Un titre passionnant, à l’image de ce A Perfect Forever !!!

Selon moi Anubis Gate possède déjà tout d’un grand groupe : la force de caractère, la maturité et le talent. L’enchaînement des écoutes dévoile chaque fois de nouvelles subtilités, et l’exploration du disque ne semble jamais devoir trouver de fin ! Je ne peux donc qu’applaudir à deux mains Anubis Gate, qui porte très haut le fanion d’un Heavy Metal qui a visiblement plus de répondants que l’on aurait cru !

SMAUG...

0 Comments 26 janvier 2006
Whysy

Whysy

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