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Draconian c'est sympa …
Mais c'est si décevant de dire ça …
Draconian était exceptionnel et a été relégué au rang de «sympa».

Au détour d'une discussion avec mon cher collègue Nightguest, voilà ce qui est revenu :

BubbleJune le 09-07 à 17:52
Oui, en fait il est bien mais je suis très déçue.
BubbleJune le 09-07 à 17:53
Ils auraient pu faire mieux.
Nightguest le 09-07 à 17:53
Il faut le dire ! N'hésite pas à être franche dans ta chro, (...), si tu es déçue, il faut le dire !

Alors je suis déçue en tant que fan, mais cet album déçoit en tant que tel ! Et je vais ici même tenter d'argumenter :

Pour commencer, aucune innovation majeure dans la magie Draconian, magie qui commence peu à peu à s'estomper par les redondances présentes sur «A rose for the apocalypse». On retrouve toujours la beauté qui fait tout le charme de Draconian, c'est à dire une lenteur propice à développer l'émotion, une alternance entre le growl puissant et sexy (oui oui, ce mot convient) d'Anders et le chant subtil et éthéré de Lisa, des atmosphères si belles qu'elles suscitent en nous un torrent d'émotion intense. Bref, le signe Draconian, celui que l'on connaît bien, et qu'en fait, on connaît trop.

Tout cela sent un peu le plat réchauffé. On nous ressort les mêmes recettes mais en moins bien. Où est toute la subtilité qui faisait qu'un «Turning Season Within» passait à une rapidité folle, où est cet autre monde dans lequel nous étions transportés, soit seul, où à plusieurs si vous l'écoutiez avec un ami ou un(e) fiancé(e) ? Où sont ces paysages magnifiques, qui nous laissaient rêveurs ? Ici, c'est un ersatz, un semblant, une terre aride et désolée car brûlée, sous les feux d'une trop grande similitude avec ce qui a été fait avant. A chaque album Draconian apportait du renouveau, ici, il reste sur ses acquis et se prend vraiment pour le maître du doom sans se permettre d'évoluer, ce qui aboutit à une fin d'album qui se fait ennuyeuse. On est d'ailleurs plus dans le registre du death gothique que du doom, et ce genre de morceaux est moins réussi par les suédois. «End of the Rope» frise l'ennui par sa platitude, «The Last Hour of Ancient Sunlight» sent le classicisme désespérant, le groupe qui n'apporte plus d'idées neuves, et qui n'est pas capable d'évoluer un peu.

Et comme c'est des petits taquins, les suédois font mentir en montrant qu'ils sont encore capable d'être au sommet de leur art … mais pas assez. On compte deux pièces maitresses. La première, c'est «The Drowning Age», belle à s'en damner, qui emporte au loin. Placée vicieusement en introduction, elle fait encore conserver une bonne dose d'espoir. Après tout pourquoi douter de Draconian ? C'est ce qu'on se dit en ayant écouté le titre. Et «Elysian Night» est si belle, l'une des compositions les plus matures jamais écrite par Draconian. Tout y est et pour ces quelques minutes, nous revoici plongés dans ces landes sombres mais envoûtantes. On possède un point culminant, mais cette montagne, cet Himalaya s'effondre inexorablement sur le titre suivant. Ah, quelle déception, vraiment ! Car, chose à laquelle les scandinaves ne nous avaient pas habitués, ces longueurs : elles s'invitent dans la partie. «Dead World Assembly» en est remplie, et tout cela fait venir la monotonie dans le bal. Dommage ...

Pourtant Anders et Lisa sont toujours aussi convaincants et dialoguent entre eux. Une vraie complicité est nouée, et on se prend au jeu. Mais ça ne dure pas. Cet aspect est si répété qu'il en devient prévisible. Lisa est parfois trop effacée, parfois trop présente, le bon dosage n'est pas toujours respecté, la balance étant déséquilibrée.

Mais on peut toujours se rassurer car dans l'ensemble, la qualité est bien là. L'inspiration n'est pas totale mais suffisante pour pondre encore de jolies petites choses, comme «A Phantom Dissonance» avec le charme que l'on connaît, même si ce n'est pas l'apogée. Et l'échange noirceur/lumière qui est propre à Draconian affirme leur identité : on reconnaît Draconian à des kilomètres, même dans le noir, les yeux bandés. Manque de prise de risque et repos sur les lauriers, certes, mais en aucun cas la ligne rouge n'est franchie : non, «A rose for the apocalypse» n'est pas un mauvais album. Parce que même si on est déçus après coup, l'écoute est vraiment attachante et agréable. Il n'y a pas d'échec majeur, ni un titre catastrophique alors qu'il y a des perles. Même si le blâme est facile, l'éloge n'est pas loin.

Partagés entre la déception et la sympathie, «A rose for the apocalypse» reste néanmoins l'album le plus faible de la discographie quasi-sans faute des six suédois. Bon, mais trop classique, voilà ce qui ressort à la fin, du déjà-vu. Il va falloir se ressaisir mais j'ai une crainte, celle qu'ils pensent obtenir une certaine impunité, un rang qu'ils conserveront à jamais, laissant ainsi le groupe dans cet état de non-évolution. Comptant sur son nom pour faire acheter plutôt que sur la qualité de la musique, est-ce de cette façon que la composition a été faite ? Ce serait bien triste …
Le jugement sera difficile et la note une forme de punition malgré la beauté mélancolique qui se dégage de ce «A rose for the apocalypse». Les suédois peuvent faire mieux, et je suis convaincue qu'ils le savent eux-même ! Et ça fait mal à dire mais c'est une déception de 2011.

0 Comments 09 juillet 2011
Whysy

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