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Quatre ans nous séparent du dernier album d’Hypocrisy. Vous imaginez ça ? Quatre années ! Et ceux qui mentionneront la sortie de la réédition l’année dernière de Catch 22 (affublée d’un « v.2.0.08 ») n’ont pas complètement tord, mais ce n’était pas un apport de sang neuf dans la discographie des death métalleux. Les musiciens nous avaient habitués à plus prolifique avec par exemple entre 2002 et 2005 (quatre ans) la sortie de trois albums. Maintenant l’heure est venue, Peter a enfin fini son business avec Pain (totalement surévalué à mon avis mais très profitable) pour se préoccuper un peu plus de son deuxième groupe. Évidemment à l’annonce de l’arrivée de cet album, on en avait des palpitations et des craintes : est-ce que toutes ces années impliquées dans un autre genre auraient pu faire tourner la musique d’Hypocrisy en eau de boudin ? Je dois dire qu’avec le dévoilement de la cover, je commençais sérieusement à me faire dessus. Un sous-genre du black métal se serait-il incorporé dans le death mélodique ? Non Peter qu’as-tu fait ?!

Après une écoute me voilà rassuré, l’intégrité de la formation suédoise est restée intacte. En effet, cet album reste dans la lignée de Virus, il n’y a pas eu de changement fondamental quant aux orientations musicales, et c’est donc déjà une bonne surprise. « Valley Of The Damned » fait office d’ouverture et affiche toute la hargne et la violence avec laquelle on pouvait  se délecter sur les opus précédents. Riffs syncopés, mélodies coléreuses ultra mélodiques et enfin growls à profusion, on ne pouvait espérer meilleure suite à la carrière des Suédois. Attention, je ne suis pas en train de faire un blocage ou  une allergie aux changements ! J’essaie simplement de rassurer, puisque l’emballage semblait sous-entendre une métamorphose plus ou moins radicale de la musique d’Hypocrisy. Ici il n’en est rien, encore une preuve que ce n’est pas une pochette qui peut à elle seule définir l’album. Toujours est-il que les nordiques ont su allier une structure death à des arrangements harmonieux avec un savant dosage à la limite de chaque frontière, de ce fait leurs albums ne sont jamais complètement furieux mais restent quand même dans une franche frénésie. Cette formule magique qui s’est peaufinée au fil du temps est devenue la marque de fabrique de la formation et elle continue de sévir cette fois encore, estampillant de ce fait chaque chanson de la marque indélébile d’Hypocrisy.

Avec A Taste Of Extreme Divinity, le combo frappe très fort, les tubes s’enchainent dans un défoulement de blast beats et de rapidité d’exécution des guitaristes. Sous son apparente froideur et sa relative imperméabilité, on ne peut que reconnaitre l’envoutement et l’emprise de cet album. Les morceaux comme le fabuleux « Hang Him High » (encore un triple H), « Weed Out the Weak » ou encore « Sky is Falling Down » montrent toute la capacité du groupe à jouer dans un registre extrême de manière efficace. Les refrains sont ostentatoirement catchy et les soli majestueux, il ne faudra moins de temps qu’il n’y parait pour être convaincu par la performance d’Hypocrisy. Nos bons vieux Suédois n’ont pas rouillé et démontrent toujours autant de vigueur qu’au premier jour. Comment peut-on résister à une batterie aux rythmiques appuyées et s’aventurant dans de somptueux breaks ? Il devient encore moins concevable de cracher sur les lignes mélodiques qui groovent prenant de plus en plus de place sur la galette. Pour ma part, j’ai pris énormément de plaisir et j’ose espérer qu’il en sera de même pour tous ceux qui écouteront cet album. La grandiloquence des morceaux ne peut être qu’appréciée et c’est ce qui fera converger les avis.

J’ai dit que les titres s’enchainaient à la vitesse de l’éclair, ce qui pourrait laisser supposer que toute la structure musicale reste uniforme mais détrompez-vous! Les Scandinaves ne sont pas des débutants et les dix sept années derrières eux n’ont pas servi à rien. Leur expérience, qui atteint presque la majorité d’un homme, est désormais bien palpable. Aucune chanson tourne en rond, nulle présence de redite ou d’effets superflus et bien au contraire, les musiciens vont droit dans le mille. Un certain génie a le temps de frapper au passage, puisque le revêtement impérial arrive à envelopper certaines pistes approfondissant la dimension de l'ensemble. « Solar Empire » est l’exemple auquel je pense immédiatement tant d’éloges pourraient l’encenser, ensuite « Alive » arriverait avec « no Tomorrow » et « The Quest »... Bien que ces morceaux de choix soient très rythmés, ils n’en demeurent pas moins travaillés. La satisfaction grandit au fur et à mesure des écoutes, car en plus d’abattre dans le vif, ces titres recèlent d’une nuée de subtilités que l’on découvre dans un second temps.

Vous l’aurez compris, A Taste Of Extreme Divinity est un véritable brûlot de death mélodique. J’ajouterai qu’on a la sensation que le travail sur le songwritting est encore plus aboutit qu’auparavant. Finalement, Hypocrisy ne s’est pas cantonné à une musique brutale très bien menée certes, mais violente quand même (comme cela pouvait être le cas avec « Scrutinized » ou « Blooddrenched » par exemple). Avec cet opus, j’ai l’intime conviction que l’aspect mélodique prend le pas sur la première couche et au final l’équilibre est atteint avec un peu moins de rage et un peu plus de recherche musicale. Pour illustrer ce ressenti, je ne peux taire plus longtemps la présence de « Tamed (Filled With Fear) », un véritable hit en puissance. Cet album est soutenu par plusieurs titres piliers, mais c’est ce genre de morceaux qui peut créer une véritable addiction comme ce fut déjà le cas avec « Eraser » sur The Arrival.  Les musiciens s’adonnent encore une fois à transcender leurs auditeurs avec un morceau de cette trempe là. Magistrale. Je vous aurais prévenu, car cette chanson risque de vous changer… Démarrant sous des trombes de percussions, on croirait presque que ce morceau fait exception à la globalité de l’album, mais s’en suivent : un break incroyablement efficace, des chants pratiqués avec ferveur et des guitares faisant naitre de splendides mélodies, enfin toute la panoplie de la réussite parfaite nous est déroulée. Pour moi ce millésime marque un retour triomphant des Suédois au devant de la scène Death Mélodique et une confirmation de leur talent qu’il n’est plus possible d’ignorer.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 17 septembre 2009
Whysy

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