Si la scène Metal française ne m’a jamais semblé briller particulièrement, ni par la qualité de ses trop rares représentants, ni par son originalité, force est de constater que depuis quelques années maintenant, de nombreux nouveaux arrivants pourraient bien me faire réviser mon jugement. Aux noms respectés du hard rock francophone des années 80 ont à présent succédé flopée de petits groupes, jeunes mais talentueux, tentant tant bien que mal de combattre pour s’extraire de la masse, de lutter envers et contre les grands médias qui ne leur apportent pas leur soutien, de faire la différence, de s’imposer auprès des fans du genre, parfois blasés par la masse de découvertes à accomplir dans notre musique préférée.

Lethal mind, quintet parisien, fait partie de ses jeunes espoirs que je décrivais plus tôt. Officiant dans un thrash Metal relativement original et particulièrement efficace, le combo s’est déjà fait remarquer par quelques concerts de qualité, et nous offre à présent sa première démo, « A thousand voices ».


Et ce qui frappe dès les premières secondes, c’est la qualité du son ! Pour une autoproduction, on a droit à quelque chose de vraiment professionnel, un son massif qui permet d’entendre bien distinctement chacun des éléments. Seul petit reproche, le chant est parfois légèrement en retrait, alors que l’on aurait souhaité l’entendre davantage… Mais n’ayez crainte, cela ne nuit en rien au plaisir d’écoute.

Et franchement, on ne peut que s’incliner devant la qualité et l’énorme maturité des compositions proposées ici. En effet, Lionel, bassiste de grand talent (il suffit d’écouter ses parties sur « Digital life », basse très audible tout au long de la démo), et principal compositeur, a su créer l’alchimie magique qui rend les compositions accrocheuses, variées, et surtout très puissantes.

Ce que j’attends personnellement d’un groupe de thrash, ce sont des parties rythmiques de qualité. Ici, elles sont exactement comme je les aime : rapides, précises, saccadées, elles font vraiment mouche à chaque instant ! Prenons « Digital life », hymne thrash en puissance et meilleur titre sur les 4 proposés : les breaks rythmiques sont tout simplement excellents, habiles et bien intégrés, le batteur nous montre son habilité à manier la double pédale et à marteler ses fûts, et certains passages feraient headbanguer un mort !

Excellente maîtrise technique donc, et lignes de chant très bien pensées aussi. Et si l’ensemble est très homogène, les morceaux sont néanmoins variés, les ambiances différentes. Le chant sait aussi se faire hargneux quand il faut… Non, vraiment, mon seul vrai regret sur cette démo est à adresser à la pourtant très bonne « Mental void ». Ce morceau est excellent, et ses parties acoustiques majestueuses. Parfaites, oui, car elles sont entièrement pompées sur le « At the heart of winter » d’Immortal !! J’ai d’abord songé à une simple influence trop marquée ou à une forte ressemblance, mais non, écoutez « Solarfall » ou « Tragedies blow at horizon » juste après le « Mental void » de Lethal Mind et vous serez comme moi désagréablement surpris de cette réutilisation (presque pompage) de riffs. Bon, c’est très bien fait, et il y a pire comme plagiat mais bon…

Heureusement, les autres influences du groupe sont très bien digérées, et nul doute que Lethal Mind ne tardera pas à trouver sa patte. En fait, on pense successivement à Death, Iced Earth, Megadeth (période « Rust in peace »), Metallica (les premiers) sans qu’aucune de ses références avouées ne devienne trop évidente. Le groupe a très bien digéré ça, et nous offre ses compositions, bien offensives, et très bien pensées au niveau de la structure. J’adore particulièrement les solos (« Refusal »).


Au final, voici une très bonne surprise, une excellente démo, à découvrir pour les fans du genre…Ainsi n’hésitez pas comme moi à vous régaler de ce petit brûlot de thrash mélodique et soutenir le groupe… Pour avoir un jour un album, à se passer en boucle !! Congratulations, Lethal mind !


PS : J’ai gardé le meilleur pour la fin : Matthieu, le chanteur, est également un sympathique et talentueux chroniqueur sur un webzine français que j’affectionne particulièrement… Et son pseudonyme est… Tiamat !! Vous voilà prévenus…


Gounouman