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Fer de lance de la Cène grecque avec SepticfleshRotting Christ est aujourd'hui une machine de guerre bien huilée qui se pose en référence incontestée de la scène extrême. Après l'acclamé Theogonia, aussi bien par la critique que par les fans, Rotting Christ est de retour avec son nouvel opus Aealo, qui signifie destruction en grec. Les hellènes semblent avoir trouvé la formule gagnante mais encore faut-il réussir à transformer l'essai.

Après avoir changé son eau en vin au fil du temps en passant du Grindcore au Black Metal le groupe propose maintenant une musique difficilement qualifiable tant les influences sont nombreuses. Guerrière voir même épique la musique Rotting Christ ne s'embarrasse pas d'étiquette. Toujours est-il que la musique du groupe n'a pas foncièrement changé depuis Theogonia, fan du Christ Pourissant vous ne serez pas déçu, Aealo est du pur Rotting Christ.

Seulement cette fois le groupe s'est plongé dans l'imaginerie de son pays d'origine pour y puiser l'inspiration crétriace. En effet Aealo sonne fortement martial, d'ailleurs le début de l'album est pareil à un régiment d'Hoplites en rang serré, les chansons sont directes et ne s'embarrassent pas de fioritures, refrain entraînant et riff puissant. Notamment le point d'orgue du CD j'ai nommé "Demonon Vrosis" qui comporte en son sein tous les ingrédients de la réussite made in Rotting Christ, un riff d'intro simple mais bougrement efficace, un solo irréprochable et un refrain facilement mémorisable.

Tout est fait pour accrocher (à la croix) l'auditeur et ne plus le lâcher: l'ensemble est homogène sans donner l'impression d'étouffer dans un bloc unique et les compositions sont assez variées pour succiter de l'intêret à chaque écoute. En effet le groupe n'a pas hésité à multiplier les expériences dans ses chansons, des choeurs succèdent à du chant féminin du plus belle effet ("Aealo") et la double pédale suit des rythmes plus lents où des instruments traditionnels grecs vont leur apparition ("dub-sag-ta-ke").

Mais ce qui frappe dans Aealo c'est le soin apporté à la lead guitare, aussi bien au niveau des riff que des soli c'est elle qui dicte la cadence de Rotting Christ bien aidé, il est vrai, par une batterie qui martèle une rythmique impeccable de précision qui à la manière de tambours de guerre guide le CD au combat ("Fire Death And Fear", "...Pir Threontai"). Les frères Sotis qui sont les têtes pensantes du groupe se taille la part du lion. Sans oublier la performance irréprochable de Sakis derrière le micro qui, avec sa voix reconnaissable parmi des millions, alterne chant hurlé et chanté et donne un relief bienvenue à la musique de Rotting Christ.

Alors que reprocher au dernier rejeton des grecs, et bien c'est surtout que le concept n'est pas été poussé à son paroxysme, l'effet est réussi mais sur certaines compositions il manque un surplus de puissance ou de violence pour convaincre totalement ("Noctis Era") mais je chipote. On peut regretter aussi que la basse soit si discrète, dommage car la production dans son intégralité est une petite merveille du genre, entre précision et violence elle permet de mettre en lumière la musique des grecs. La fin de l'album est également un degré en dessous en terme de qualité. Malgré la présence de A.A Nemtheanga (Primordial) et Magus (Necromentia) la chanson "Thou Art Lord", qui est un clin d'oeil au side project des frères Sotis, n'est pas une réelle réussite. La reprise de Diamanda Galas (où cette dernière apparait au chant), quand à elle, clôt le disque d'une manière assez inattendue mais d'une façon envoutante qui permet de mettre un point d'honneur à l'oeuvre du groupe.

Aealo est donc une réussite même si avec le passé des grecs on aurait été en droit d'en attendre un peu plus mais je ne doute pas de la durée du vie du CD tant l'ensemble semble cohérent et moderne. Jamais kitsch Rotting Christ nous montre là encore tout son savoir faire dans le domaine du Metal Extrême. Un disque qui sonne comme une bouffé d'air frais dans le paysage métallique actuel et qui, j'en suis sur, fera un carton chez les amateurs du genre.

Balin

0 Comments 19 février 2010
Whysy

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