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Now bow to the ego

Tout le monde connaît Amanda Somerville. Que ce soit pour ses contributions en tant que vocaliste dans un nombre incroyable de productions du milieu metal (Aina, Edguy et Avantasia, Serenity ou Kamelot, le projet de Luca Turilli, et plus récemment sa collaboration avec Mickael Kiske), pour ses capacités de coaching vocal, ou d’écriture (particulièrement avec Epica et After Forever à l’époque, et HDK) ou pour avoir osé remplacer Simone Simons lors de la tournée américaine de 2008.

Après quelques albums solos, empreints d’une douce énergie pop-rock, Amanda s’est dit que ce serait une bonne idée d’utiliser toutes les influences qu’elle a pu collecter, dans un album un peu plus metal. Et la fusion de toutes lesdites influences, ça a donné Alloy (Alliage en français). Après avoir été invitée partout, il semblait juste qu’elle rende la pareille sur son projet. Au premier album de Trillium participent donc pléthore de têtes connues, Sander Gommans (After Forever, HDK), Jørne Lande, Sascha Paeth (Avantasia, Edguy) et Michael Rodenberg (Angra, Rhapsody of Fire). La boucle est bouclée. Comment ça « relations incestueuses » ?

L’album s’annonce plutôt bien : cover sombre, artworks glauques à souhait, à l’ambiance gothique, hantée. On est loin du temps où une Amanda en robe blanche se balladait dans un jardin tout vert.

Les premières notes de l’album aussi s’annoncent plutôt bien. Machine Gun commence sur des chœurs suraigus, un rythme entraînant, un mur de guitares efficaces, et bien mises en avant. Elles sonnent ensuite un peu nu metal, les lignes de chant sont audacieuses, mettant bien en valeur la voix chaude de la belle américaine. Un passage plus calme vient rompre le rythme, et est à son tour interrompu par un passage déstructuré, où les guitares saturées sonnent comment des sirènes, puis fabriquent un solo inspiré, qui revient subtilement aux riffs du refrain. Le morceau est impeccable.

Suivi de près par Coward, un petit cran en dessous, mais toujours réussi : Amanda joue sur l’émotion de sa voix, et fabrique une ambiance sombre à travers le clavier, et une mélodie nostalgique. Encore assez varié, le morceau laisse apparaître de nombreuses facettes de son instrument. Le piano se fait clavecin, les orchestrations se font plus sombres, de même que les lignes de chant. Quelques chœurs de vierge kidnappée parachèvent ce single.

Et puis, patatras. L’album a donné tout ce qu’il avait à donner, ou presque. Purge n’est qu’une parodie, où les guitares n’ont plus d’âme, et jouent un solo convenu (quoi que moins que le refrain). Chaque piste sera d’ailleurs une nouvelle occasion d’imbriquer un solo peu inspiré. Les ballades Utter Descension et Slow it Down représentent toutes les raisons pour lesquelles une ballade est dispensable sur un album : pas d’émotion, pas d’énergie, un mélange douteux de piano, de rythme lent, de mélodies mielleuses, et de paroles sirupeuses.

Le comble de la médiocrité est atteint quand Trillium reprend Into the Dissonance, issu de l’album New Shores, de Lunatica. Pourquoi reprendre une chanson du moins bon album d’un groupe de série B ? Surtout pour la reprendre à l’identique, voire en moins réussie ? Miss Somerville réussit à lisser le principal intérêt du morceau, qui était la fragilité de la voix d’Andrea.

Même la voix d’Amanda justement, censée être l’argument choc du combo, n’est pas toujours exploitée à sa juste valeur. Les compositions lui donnent parfois de faux airs d’Amy Lee : Path of Least Resistance aurait clairement pu figurer sur le nouvel album des américains, tout le monde n’y aurait vu que du feu ! La ressemblance est particulièrement frappante sur le refrain. La piste bonus Love is an Illusion souffre également de ce travers.

Malgré son introduction très prometteuse et de jolies montées en puissance vocale, et une thématique plus profonde, Bow to the Ego ne parvient pas à échapper à tous les poncifs du genre. C’est finalement une habitude sur cet Alloy.

Seul le duo avec Jørne Lande, Scream It, arrive à tirer son épingle du jeu. Après une introduction très Howard Shoresque au violon, le grand blond pose sa voix d’or, et la magie opère quand Amanda vient l’accompagner, malgré une mélodie excessivement simple. Les guitares se font plus lourdes, le solo fait vibrer, et le chant des deux artistes rajoute encore un peu de richesse à un morceau déjà bon, racontant avec violence une lutte de pouvoir.

Finalement, cet album est une grande déception. Malgré le bas niveau d’attente qu’aurait pu provoquer la faiblesse de l’album Kiske - Somerville, on aurait pu espérer que l’éternelle invitée ait enfin percé. Mais non. Frontier Records a écrasé toute créativité, en contrepartie d’une production impeccable.

Dommage.

0 Comments 12 décembre 2011
Whysy

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