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Beaucoup de musiciens et d’experts en la matière l’ont affirmé, et continuent de le clamer haut et fort : les plus profondes racines du Metal se situent dans la musique classique. Leads de guitare endiablés évoquant la vivacité caractéristique des mélodies de Vivaldi, sections rythmiques intenses et sons de basse vrombissants, version moderne des ensembles à cordes des symphonies de Wagner… Le Metal, comme le classique, tire son intensité de sa dimension polyphonique, de sa combinaison de plusieurs instruments jouant ensemble, de son utilisation de soli virtuoses, et de voix puissantes pour porter la musique.


Partant de ces affirmations, il n’est pas surprenant de voir que tant de groupes se sont lancés dans cette si merveilleuse fusion de Metal et d’arrangements hérités de la musique classique. Bien peu cependant sont allés aussi loin qu’Haggard en la matière, qui à l’époque de la sortie de son premier album, en 1997, devait se sentir bien seul, et qui fait donc assurément modèle de précurseur en la matière.

Vous pourriez me répondre que les hardos déjà n’avaient pas attendu Haggard, et que les traces de néo-classiques en Metal étaient bien présentes chez les virtuoses dans les années 80. Vous pourriez aussi avancer l’exemple d’Angra, qui en 1994, nous offrait déjà un premier recueil de Metal symphonique. Tout cela est incontestable, cependant, cela n’enlève rien à la profonde originalité d’Haggard. Je m’explique.

Né en 1991 en Allemagne, le combo a débuté en pratiquant un death Metal vaguement mélodique peu inspiré et original. Mais sous la houlette de son leader, le charismatique et bedonnant Asis Nasseri, il a progressivement dévié de son style de base pour inventer un sous-genre nouveau : le death Metal symphonique.

Et comme si cette innovation n’était pas encore assez géniale, il nous faut préciser aussi que les parties symphoniques sont assurées par un véritable orchestre, qui n’est pas invité à jouer avec le groupe, mais qui au contraire en fait partie ! Ainsi, et c’est là le plus gros point fort d’Haggard, ce n’est pas la symphonie qui se joint à une base métallique, mais des éléments Metal qui viennent se greffer sur de la musique classique inspirée du Moyen Age et assurée par un véritable orchestre de chambre. Ce sont donc d’authentiques harpes, violons, hautbois, violoncelles qui viendront charmer vos oreilles tout au long de ce premier opus encore immature… mais déjà tellement séduisant !

L’ouverture du disque se fait en douceur, et nous voilà très vite emportés par les mélodies de cordes, vite rejointes par les douces voix des sopranes, et quelques narrations discrètes pour nous placer dans l’ambiance. En quelques notes, c’est comme si l’on tirait les cordes d’un rideau de soie rouge et que l’on se retrouvait soudain aux premières loges d’un élégant spectacle baroque, où de jolies demoiselles en costumes médiévaux viendraient doucement danser devant vous… Mais l’arrivée soudaine et impromptue d’une grosse guitare, d’une batterie au son claquant et d’un bon chant death bien rauque viennent rapidement vous tirer de votre rêverie…

Car voilà bien le principal défaut de ce premier opus : si le mélange est audacieux, il est encore mal dosé. On note une grande différence de production entre la section classique, au son admirable, et la section Metal, très rude et sèche, bien plus crue que sur les opus suivants. A plusieurs reprises, les parties Metal et symphoniques s’affrontent au lieu de faire corps, et c’est vraiment regrettable. Le son de batterie manque de profondeur et paraît presque artificiel, et il en est de même pour la guitare, que l’on aurait souhaité plus puissante, et… moins distante. L’héritage death du groupe est donc bien (trop ?) perceptible, et cela risque probablement d’en rebuter plus d’un. La production est donc loin d’être optimale, et c’est bien là le seul véritable défaut de cet opus, qui est déjà un coup de maître.

Pour le reste, pas grand-chose à redire : les enchaînements sont souvent très inspirés, les parties de claviers superbes, la basse bien audible, les voix féminines très douces, les parties death peut-être un poil trop sales encore, et les chœurs pas aussi affirmés que sur les albums suivants, le tout manque encore un peu d’intensité… Mais l’inspiration est bien là, et c’est un vrai voyage que l’on effectue avec la troupe de troubadours allemands. Franchement, on comprend aisément que des morceaux aussi brillants que « The day as heaven wept », « In a pale moon’s shadow » ou encore « De la morte noire » soient des incontournables du groupe !


Plus death et bien moins accessible que ses successeurs, cet opus est donc surtout réservé aux fans d’Haggard, la fusion Metal – musique classique n’étant pas encore aussi aboutie et majestueuse qu’à présent… Mais je ne peux cependant que vous encourager à donner sa chance à cet album, qui contient de nombreux moments de bonheur, si l’on sait s’armer de volonté et de persévérance… Il vous révèlera de très beaux secrets. Et comme le dit le nom de l’album, vous devez faire confiance…au prophète !  


Gounouman

0 Comments 16 septembre 2007
Whysy

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