Vous recherchez quelque chose ?

En 1999 le groupe de Metal Gothique avant-gardiste «Tristania», décide de se séparer de son leader et principal fondateur, Morten Veland! Les raisons de cette séparation restent obscures, on évoque comme souvent des divergences musicales, mais quoi qu’il en soit la rupture sera très dure à accepter pour le guitariste scandinave. Celui-ci, après une longue période de dépression, choisit finalement de revenir sur le devant de la scène en 2002 avec un nouveau groupe entièrement sous sa houlette : «Sirenia»

Le premier album de cette formation se présente un peu comme la confession de Morten, il recèle les souffrances et les doutes accumulés par l’homme durant sa longue période d’inactivité, et incarne en quelque sorte un nouveau départ! Las des élucubrations expérimentales de Tristania, il va chercher un Metal plus sombre, plus puissant et beaucoup moins complexe dans la structure. Les textes sont sombres et désespérés, le thème principal est celui du déclin intellectuel, de la déchéance humaine, de l’autodestruction. Le travail de Morten à ce niveau est proprement irréprochable, les paroles sont superbement écrites, belles et troublantes, un véritable travail d’orfèvre. En particulier sur les petits joyaux que sont «On The Wane» et «In A Manica». L’astrologie est également une source d’inspiration, le choix de se tourner vers les astres et les étoiles, pour échapper à la dureté du monde terrestre.

Morten Veland va s’entourer de musiciens de grand talent pour atteindre son but, outre le violoniste Pete Johansen (qui nous réserve un solo de toute beauté dans les dernières minutes du disque), on citera la charmante surprise de cet opus, l’angélique Fabienne Gondamin, illustre inconnue qui fait son apparition sur la scène Metal pour la première fois. Si le terme d’angélique peut s’appliquer à une chanteuse, c’est sans hésiter à elle que je l’attribuerai tant son chant est magnifique! Sans doute les superlatifs manquent pour qualifier tant de talent, d’autant plus que son registre cristallin contraste à merveille avec l’ambiance sombre et torturée de «At Sixes And Sevens». La grande force de l’album est clairement sa diversité vocale, outre Fabienne, les chants de Morten et Kristian Gundersen le guitariste, maîtrisés à la perfection, dans des registres extrêmes particulièrement pures, allient avec subtilité profondeur et agressivité! Et celui de Jan Kenneth Barkved, dont le chant clair complète parfaitement le trio vocal de Sirenia. Chacun d’entre eux possèdent le même espace d’expression, et apportent à l’ensemble diversité et profondeur! Morten de son côté exprime son talent dans tous les instruments qu’il maîtrise, avec un jeu de basse fantastique, une section guitaristique conciliant aisément puissance et technicité, et une batterie variée et efficace!

De part la volonté affichée du Norvégien de rompre avec son passé, ce «At Sixes And Sevens» fait parti des albums inclassables tant sa diversité est grande, tantôt axé Death Metal avec ses voies extrêmes, sa double pédale, et ses riffs assassins, tantôt black, tantôt résolument gothique pour ses chants clairs et ses ambiances, et enfin souvent classique, grâce à ces choeurs baroques de toute beauté qui parsèment les compos, et ces lignes de violons si magnifiquement intégrés à l’ensemble (contribuant à la superbe atmosphère aérienne de l’album). La description de ce saisissant patchwork musical ne saurait être complète sans évoquer les talents de pianiste de Morten Veland, s’exprimant selon les envies sous formes de lignes de claviers rapides et enjôleuses soutenant le chant, ou en tant que leads pianos au gré des intros et des outros.

Le voyage qu’entreprend «At Sixes And Sevens» commence avec les power-chords puissants de «Meridian» laissant présager à un titre furieux et effréné, mais à chaque morceau les surprises sont au rendez vous, que ce soit un somptueux break atmosphérique, ou un solo de violon, de piano, de guitare. Jamais la musique ne prend la direction que l’on attendait! Les rythmes de l’album sont d’une très grande variété, et chaque chanson possède sa force et son originalité! On appréciera le côté Black/Death de «Sister Nightfall» et «Meridian», les ambiances plus posés mais tout aussi sombres de «At Sixes And Sevens» et «Manic Aeon». La diversité et les sonorités nouvelles proposées dans «In A Manica» (un titre somptueux) et «Lethargica». Le chant de Fabienne sur «On The Wane» et «In Sumerian Haze» (une petite merveille offrant à la vocaliste un superbe solo). Bref chaque morceau possède sa force et apporte sa pierre à l’édifice, on ressort grandit de ce voyage, et depuis le temps que j’écoute cet album, la lassitude n’a toujours pas fait son apparition. Sirenia est un vrai plaisir!

Morten Veland a réussi son pari et son retour au premier plan, malgré la faible promotion réalisée par Napalm Records, le succès ne saurait tarder au vu de l’immense talent de cet artiste multi facette. «At Sixes And Sevens» est également un signe pour Tristania, que Morten n’est pas au sol, mais plus que jamais présent. En attendant la suite rendez vous «Aux six et aux sept» pour un voyage au plus profond d’une galaxie, dont on aurait pas soupçonné l’existence.

SMAUG...

0 Comments 25 juin 2005
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus