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Un nouvel album de Blind Guardian, c'est un peu comme une nouvelle encyclique du Saint-Père. De par le monde, des millions de fidèles l'attendent fébrilement, puis tendent l'oreille religieusement et l'analyse enfin scrupuleusement. Chacun y va alors de sa petite étude et de sa théorie personnelle... Retour aux sources et glorification des valeurs du passé ou bien avancées progressistes annonciatrices d'une révolution en marche ? La question est posée.  Après deux opus ayant vu le groupe s'orienter vers un univers musical plus orchestral et complexe, différant de ses premiers efforts, l'annonce d'un nouvel album avait de quoi susciter moult interrogations chez le fan du combo teuton. Car si « A Night at the Opera » et « A Twist in the Myth » demeurent d'excellents disques, nombreux sont les adeptes du Gardien Aveugle à s'y être quelque peu perdu, comme étouffés dans une forêt d'arrangements aux contours progressifs sinueux et torturés. Et bien, si ces deux œuvres avaient divisées en leur temps, « At the Edge of Time » aura au moins le mérite de ramener une partie des brebis égarées auprès de leur Berger dévoué ! Car sans aller jusqu'à dire que le groupe allemand retourne à ses amours musicaux d'antan, il joue clairement le consensus sur sa nouvelle offrande : des compositions minutieuses, à l'emphase orchestrale à la production titanesque, y côtoient des titres plus directs, massifs et terriblement efficaces, comme le groupe n'en avaient plus composé depuis... un long moment déjà ! Le meilleur des deux mondes en quelque sorte.  Entrée en matière remarquée (et remarquable), « Sacred Worlds » déboule dans non esgourdes à grands renforts de volutes symphoniques et d'orchestrations tonitruantes... Grandiloquent et emphatique à souhait, le titre nous prend d'entrée à la gorge et annonce la couleur : Blind Guardian n'est pas en manque d'inspiration et compte bien nous le faire savoir ! Chantre d'une ambiance épico-progressive, le titre s'inscrit dans la veine des derniers travaux du groupe et se présente tel un morceau à tiroirs où se succèdent passages atmosphériques et accélérations meurtrières sur fond d'enchevêtrements symphoniques... Un véritable morceau de bravoure, à l'instar d'un « Wheel of Time » et de son thème arabisant magnifique, qui conclue l'album de la plus belle des façons.  Mais dès la seconde piste, le combo nous assène un coup par surprise... « Tanelorn (Into The Void) » prend d'assaut l'auditeur par sa rythmique effrénée, ses riffs acérés, et ce chant possédé typique de la formation teutonne... Un vrai retour aux sources, sans pour autant sonner comme un clone des albums passés. Et n'y voyez pas qu'un simple instant de nostalgie ! Car Blind Guardian persiste et signe dans sa résurrection, avec une série de titres "speed" comme on n'en attendait plus forcément de leur part. Reviennent ainsi à la charge, des brûlots comme « Ride Into Obsession » ou « A Voice in the Dark » (hit-single par excellence, l'essence même du Metal à la Blind Guardian). Des titres rapides, incisifs, sans compromis, d'une efficacité redoutable, preuve que les allemands possèdent encore du mordant.  Autre clin d'œil au "bon vieux temps", la sacro-sainte ballade médiévale, « Curse My Name » ! Et s'il est certain qu'elle ne supplantera jamais la « Chanson du Barde », elle possède toutefois de réelles qualités, notamment un break aux sonorités irlandaises particulièrement réussi. Un instant somme toute agréable à passer et qui permet d'équilibrer judicieusement l'album en insérant quelques instants de repos entre deux batailles. Dans la même idée, on retrouve plus loin un autre instant de recueillement, « War of the Thrones », plus anodin cependant.  Que les fans des deux derniers opus des allemands se rassurent, cette nouvelle offrande comporte également son lot de titres plus fouillés et plus alambiqués. « Road Of No Release », par exemple, marie astucieusement le passé et le présent du groupe. Avec ses faux-airs de ballade, ce mid-tempo nerveux entame petit à petit une montée en puissance progressive pour finir en trombe avec un Heavy plus lourd et massif. « Valkyries » et « Control The Divine », deux autres titres au sens épique remarquable, possèdent des chœurs - gros comme ça ! - à vous faire frissonner et des soli guitares caractéristiques du combo germanique... Sans être exceptionnels, ils possèdent des refrains efficaces et des joutes musicales qui, de par leur nature plus progressives, nécessiteront plusieurs écoutes avant d'être apprécier à leur juste valeur.  Parfaite réponse aux détracteurs qui voyaient le groupe englué dans une voie sans issue, « At the Edge of Time » s'avère donc à la hauteur du mythe Blind Guardian et rassurera nombre d'amateurs du groupe. Il semble toutefois prématuré, et probablement faux (le temps nous le dira...) d'imaginer que ces morceaux chasseront du cœur des fans les grands classiques de la formation. Mais à n'en pas douter, certains y trouveront une place privilégiée et figureront à l'avenir parmi les incontournables de la setlist des allemands.

0 Comments 31 juillet 2010
Whysy

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