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Je pense avoir avec cette interview expérimenté le corollaire de la loi de Murphy relatif aux dictaphones: les deux que je possède sont morts dans mes mains dans les heures précédant mon interview avec le guitariste d'Autumn!! C'est donc armé d'un bloc-notes et d'un stylo que j'ai attendu l'appel de Jens van der Valk...

Vu les circonstances, ce qui suit relève donc plus du compte-rendu que d'une exacte retranscription de notre passionnante conversation de près d'une heure et demi.



-Peux-tu présenter l’histoire d’Autumn pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore?

-Le groupe existe depuis 1995, et a souffert de très nombreux changements de line-ups. La musique des débuts était du goth metal assez typique, dans la veine de My Dying Bride. Après deux albums nous avons signés avec Metal Blade. En 2007 est sorti My New Time, qui est un album beaucoup plus contemporain, plus rock, avec plus de groove. Notre dernier album se nomme Altitude. Il a été composé dans le même esprit, il oscille entre metal et rock, avec des touches gothiques. Je pense qu’il nous a permis de vraiment trouver notre style.


-Vous avec changé de chanteuse depuis My New Time, avec le départ de Nienke de Jong. Que s’est-il passé ?

-Nienke est restée pendant 10 ans dans le groupe, une période éprouvante avec beaucoup de hauts et de bas. C’était elle qui gardait le groupe soudé, qui donnait aux autre l’envie d’aller de l’avant, et elle a finit par perdre l’énergie. Elle ne pouvait pas continuer sur le même rythme et ne voulait pas ralentir le groupe. La meilleure solution pour elle était donc de quitter Autumn. Elle n’a cependant pas perdu goût à la musique, elle a même déjà monté un groupe de rock alternatif avec son petit ami, DejaFuse. Nous restons proches, et nous avons d’ailleurs enregistrés certaines parties d’Altitude dans le studio qu’ils possèdent.


-Comment avez-vous découvert Marjan Welman ?

-Nous la connaissions de longue date car nous avons joués dans des festivals en même temps que son ancien groupe, Elister. J’avais à l’époque été frappé par le talent de cette jeune chanteuse de 18 ans, et je m’étais dit que si jamais un jour ça tournait mal avec Nienke, Marjan serait la remplaçante idéale…

Malheureusement ce jour est arrivé, et nous avons alors effectivement contacté Marjan. Nous lui avons demandé de chanter des anciennes chansons, qui sonnaient de manière parfaite avec son interprétation, sa voix leur apportait de la chaleur et beaucoup de nouveaux éléments. Nous avons auditionnés 2 ou 3 autres chanteuses pour la forme, mais le choix de Marjan était une évidence.


-A quel état d’avancement du nouvel album a-t-elle rejoint le groupe ?

-Nous avions déjà écrit beaucoup de matériel avant même que Nienke décide de nous quitter. Lorsque Marjan nous a rejoints, nous avions déjà une vingtaine de chansons de prêtes, et même quelques textes. Une exigence essentielle était donc que la voix de la nouvelle chanteuse colle à ces morceaux déjà bien avancés. Mais Marjan s’est rapidement fortement impliquée dans le processus créatif, et son empreinte sur Altitude va au-delà de l’interprétation.


-Vous avez joué au dernier Wacken Open Air alors que Marjan venait d’arriver dans le groupe. Je n’ai malheureusement pas pu suivre votre prestation car j’étais devant une autre scène, comment s’est passé le concert ?

-Marjan était bien sur nerveuse, car c’était seulement son 6e concert avec nous, et puis se produire au Wacken était plusieurs crans au-dessus de ce à quoi elle était habituée. Nous avons eu plein de pépins techniques aussi : comme pour toi et tes dictaphones, c’est toujours au moment où l’on a le plus besoin de notre matériel qu’il décide de lâcher ! Le concert s’est globalement bien passés malgré tout, mais disons que l’on a connu des dates plus ‘fluides’ depuis. Les concerts en Allemagne notamment étaient géniaux !


-J’ai vu des vidéos de showcases acoustiques d’Ayreon où Marjan accompagnait Arjen Lucassen, et j’étais étonné de la manière dont elle modifie sa manière de chanter pour coller à celles des invités des versions studios des différents morceaux interprétés. Sur Altitude, je trouve son chant très proche de celui de Nienke sur My New Time, il est même parfois difficile de les différencier. Lui avez-vous demandé d’imiter Nienke ?

-C’est amusant que tu me poses cette question, car les avis des fans d’Autumn sont très partagés à ce sujet: certains trouvent les chants de Nienke et de Marjan proches, alors que pour d’autres des mondes les séparent… En tout cas il n’y a eu aucune demande de notre part. Je pense que cette impression provient du fait que ce sont les mêmes personnes qui ont écrit les lignes vocales des deux albums, d’où une nécessaire similitude.

Je pense que la voix de Nienke a plus de personnalité, mais que Marjan a une aisance impressionnante, elle peut vraiment faire tout ce qu’elle veut. Son jeune âge et le fait qu’elle n’ait jamais pris de cours de chant la rendent encore plus incroyable !



-Certains groupes enregistrent beaucoup de morceaux, puis choisissent ceux qui conviendront le mieux à l’album, d’autres n’enregistrent que les morceaux qui finiront sur le disque. Où vous positionnez-vous ?

-Nous sommes tous éloignés géographiquement les uns des autres, donc nous écrivons et composons chacun de notre côté et nous nous envoyons nos idées par Internet. Vu que nous avons tous des goûts différents, les morceaux évoluent en permanence. Pour Altitude, nous avions une quarantaine de titres plus ou moins prêts, dont nous avons choisi démocratiquement ceux que nous allions enregistrer. Il est important que chaque titre plaise à tous afin que le résultat final soit fidèle à l’esprit d’Autumn.


-Les noms des titres de votre album sont évocateurs: Altitude, Skydancer, Horizon Line… Y a-t-il un concept global sur Altitude ?

-L’album est parcouru par un sentiment de vol, d’espoir, contrebalancé par des pensées plus terre-à-terre, comme l’importance de rester concentré sur la vie de tous les jours, pour ne pas se limiter à rêver sa vie…  Le morceau-titre Altitude résume en quelque sorte cet approche en faisant une analogie avec le mythe d’Icare.

My New Time était débordant de bonheur et d’optimisme, mais le départ de Nienke nous a un peu fait perdre de cet optimisme. Certains morceaux d’Altitude ont donc une approche plus sombre.


-Il y a un passage étrange au début de A Minor Dance, où j’ai cru reconnaître un extrait de Satellites, un titre issu de votre album précédent. Cela mérite bien une petite explication !

-A Minor Dance est en fait une histoire de fantômes inspirées par un évènement étrange vécu par mon frère. Nous avons une maison de vacances en Suède où nous aimons beaucoup aller nous ressourcer l’été.  Un jour, il y a eu un énorme orage qui a fait sauter l’électricité. On ne voyait plus que les éclairs. Soudain, dans l’obscurité, une très vieille radio s’est allumée sans aucune raison apparente et a diffusé des morceaux des années 1940. Mats était surpris mais cette musique se prêtait tellement bien à l’instant qu’il a laissé la radio allumée et est resté l’écouter dans le noir… C’était des morceaux que notre père aimait beaucoup. Il était mort 6 mois plus tôt et adorait ce chalet lui aussi, c’était un peu comme s’il s’était manifesté… Il y a donc au début de A Minor Dance un extrait de Satellites en clin d’œil à cette anecdote.


-Pourrais nous parler un peu des différents morceaux de l’album ?

-Paradise Nox est un morceau de mon frère. Il était évident dès le départ qu’il aurait sa place sur l’album, et nous avons décidé très tôt qu’il en serait le premier titre. Je trouve que c’est une excellente introduction, il donne une bonne idée à l’auditeur de ce qui l’attend.

Liquid Under Film Noir est un titre qui illustre bien notre manière de fonctionner. A l’origine j’avais écrit un morceau assez heavy, mais après être passé entre les mains de notre batteur il est parti dans une toute autre direction. Au final nous avons mélangé nos deux versions, c’est assez flagrant à l’écoute.

Skydancer est un morceau qui a été composé à l’époque de My New Time, mais qui ne correspondait pas du tout à la voix de Nienke. C’est un des morceaux que Marjan devait chanter lors de son audition. C’est un morceau simple, très « easy-listening ».  Nous avons tenté de retranscrire en musique le sentiment euphorique que l’on éprouve lorsque l’on rêve de voler, lorsque l’on observe le monde tel que le voient les oiseaux…

Synchro-Minds est le premier titre calme de l’album. C’est une chanson qui prend de l’ampleur pour atteindre son point culminant. Il contient des paroles très personnelles, liées à une amie russe de Mats. Marjan fait un travail fantastique sur ce morceau !

The Heart Demands a un feeling proche de la musique de Muse. Ce n’était en aucun cas une influence consciente, mais plusieurs personnes me l’ont fait remarquer et il y a effectivement quelque chose de similaire… C’est sans doute un morceau très compliqué à jouer en live. Du point de vue des paroles, c’est une suite à Satellites de My New Time. Le morceau parle de la fuite en avant à laquelle se résument souvent nos vies, sous la pression de la société…

A Minor Dance est un morceau beaucoup plus complexe que ce que nous avons l’habitude d’écrire, nous l’avons abordé avec  une approche très technique, particulièrement en ce qui concerne le jeu de batterie. Il y a aussi cet aspect d’histoire de fantômes dont je t’ai parlé tout à l’heure. Ce n’est vraiment pas un morceau typique d’Autumn, il prend tout son temps pour arriver à son paroxysme à la fin, avec de beaux claviers. Je pense que c’est une des plus belles choses qu’Autumn ait jamais créé.

Cascade (For A Day) est un titre plus ancien. Cela fait 4 ans que nous l’avions dans nos tiroirs, et il a mis beaucoup de temps pour murir. Au départ c’est un morceau proggy, puis compact, puis de nouveau proggy. Il s’accorde merveilleusement à la voix de Marjan. Il est très différent des autres titres d’Altitude, c’est une pause, un instant de repos dans l’écoute de l’album.

Horizon Line est un morceau que j’ai écrit très rapidement dans un mauvais jour. C’est un titre assez compact, que beaucoup de nos fans trouvent moyen. Je l’aime beaucoup, et je pense qu’il faut l’écouter de nombreuses fois pour pouvoir l’apprivoiser. Il se situe très tôt dans notre setlist car il a le groove parfait pour cela.

Sulphur Rodents est atypique car c’est le seul titre composé en A, et non en C ou en D. C’est un morceau très cru, très crunchy, et c’était un défi de le placer sur l’album. J’adore les longues lignes vocales de Marjan sur le refrain. C’est un morceau désabusé, il parle du fait que les personnes les plus proches sont souvent celles qui sont capables de nous faire le plus de mal…

Answers Never Questioned est l’un des premiers morceaux écrits pour Altitude. Il contient mes paroles préférées de l’album, car Mats l’a écrit avec un style narratif qui me plait beaucoup.

Altitude devait depuis le départ être le title-track de l’album. C’est un morceau long, qui s’achève sur un point culminant. Il est idéal pour clore un album, car il serait étrange de mettre quelque chose derrière. Pour moi, un album doit se finir sur une note élevée. Du point de vue des paroles, c’est un condensé de tout ce qui précède : l’orgueil, la confiance démesurée et le sentiment de voler haut dans le ciel et d’être capable de toucher le Soleil, puis l’inévitable confrontation à la réalité et le douloureux retour sur terre… Le titre de travail du morceau était Icarus.


-Je suis totalement d’accord avec ta vision des choses, trop de groupes terminent leurs albums sur une ballade…

-Ca n’a pas vraiment de sens, le dernier titre doit être un point de référence, l’auditeur doit être épuisé en arrivant à la fin de l’album.



-Dans une précédente interview que tu avais accordée à Heavylaw en 2007, tu disais espérer que le fait de rejoindre Metal Blade vous donnerait l’opportunité d’avoir une carrière internationale. Ca n’a pas vraiment l’air d’être le cas, es-tu déçu ?

-Non, pas du tout car nous avons d’abord à nous construire une réputation à l’international. My New Time était notre premier album à bénéficier d’une sortie internationale, puis nous avons eu un projet de tournée en co-headlining qui a malheureusement capoté. Je suis très satisfait de notre collaboration avec Metal Blade, ils s’investissent beaucoup plus qu'Universal. C’est compliqué pour un petit groupe d’être signé par une major, car leurs différentes divisions nationales sont assez hermétiques. Si l’on veut être distribués par exemple en France, il faut aller à Paris tenter de convaincre l’état-major français, et ce n’est pas évident…

Et puis c’était déjà compliqué de trouver des tourneurs, mais la crise économique actuelle n’a rien arrangé… Aux Pays-Bas, beaucoup de salles de concert étaient subventionnées par l’état, mais comme à chaque fois qu’il faut resserrer le budget, c’est le secteur culturel qui a trinqué le premier !
Nous ferons une tournée en tête d’affiche en Allemagne en mai, et nous avons trouvé un tourneur pour la Belgique qui s’occupe aussi de la France, donc nous allons tout faire pour venir chez vous ! J'ai déjà joué en France avec God Dethroned, et c'est dommage que nous n'ayons pas entendre pu venir vous rendre visite avec Autumn, alors que vous êtes si proches...


-Pourquoi ce nom “Autumn”?

-Le créateur du groupe adorait la nature et était passionné par la sorcellerie. Il trouvait que la saison la plus magnifique, celle qui transmettait le plus d’émotions était l’automne, et il a donc décidé d’appeler son groupe ainsi. Même si les thématiques abordées par le groupe ont évolué par la suite, nous n’avons pas ressenti le besoin de changer son nom. Il est un peu étrange c’est vrai, mais l’on ne peut contester la beauté de l’automne !


-J’imagine que tu en as marre d’entendre cette question… Mais ça ne fera qu’une fois de plus! Comment se fait-il qu’il y ait autant de groupes de metal à chant féminin aux Pays-Bas ?

-Oui, c’est effectivement une question qui revient souvent ! (Il se marre.) J’aurais du mal à y répondre pourtant… C’est peut-être dû à la mentalité, à la culture néerlandaise. Les jeunes groupes ont des modèles, des exemples à suivre comme The Gathering, ou dans un autre genre Within Temptation. Et puis pour une raison que j’ignore il y a beaucoup plus de chanteuses que de chanteurs de talent aux Pays-Bas, donc autant en profiter ! Nous nous sommes formés au même moment que Within Temptation, nous avons pu suivre leur ascension et observer l’évolution de la scène locale.


-Aimes-tu les voix féminines ?

-Pas vraiment à vrai dire. Disons que je n’aime pas la manière dont elles sont généralement utilisées dans le metal, aigües et opératiques. C’est tout ce que je voulais éviter au moment de remplacer Nienke, nous ne voulions pas avoir à régler le son de nos guitares vers le haut.


-Penses-tu qu’il y ait une place à prendre avec le split d’After Forever ?

-Nous avons partagés de très nombreuses affiches avec After Forever, donc je pense que leurs fans qui sont réceptifs à notre musique nous connaissent déjà. Je ne sais pas s’il y a une place à prendre, mais je doute que ce split affecte notre popularité.


-Il est aisé d’opposer Epica et After Forever, deux groupes dont les destins furent intimement liés. Les premiers ont toujours été favorisés par leurs labels, et donc par le grand public, ce qui a peut-être contribué au split des seconds… As-tu un avis tranché là-dessus ?

-Tranché, non, mais j’ai un avis… La musique d’Epica est commerciale, ou du moins beaucoup plus commerciale, que celle d’After Forever, et cela correspond sans doute à ce que les gens recherchent. Mark Jansen est un compositeur très talentueux qui sait exactement ce qui plaît aux gens qui et était déjà très connu au moment de quitter After Forever, donc Epica avait dès le départ une fan-base conséquente. Leur ascension a été assez fulgurante : ils ont fait notre première partie à leurs débuts, mais ils nous sont rapidement passés devant sur les affiches des festivals. J’ai été attristé par le split d’After Forever, nous les connaissons bien pour avoir partagé peut-être une quarantaine d’affiches et je suis beaucoup plus réceptif à leur musique, beaucoup plus complexe et recherchée… Je n’ai rien contre Epica, mais j’aurais du mal à écouter leurs albums en entier.


-Je ne peux qu’approuver ! :P A propos, les morceaux d’Epica passent-ils à la radio aux Pays-Bas ?

-Non non, ils ne sont pas suffisamment connus pour cela. Les Pays-Bas ne sont pas la Finlande non plus ! (rires) Il n’y a que Within Temptation qui ait cette médiatisation auprès du grand public, et puis The Gathering à plus petite échelle. Ceci dit, il y a un single d’After Forever qui avait eu du temps d’antenne au début de leur carrière.



-Y a-t-il un groupe avec qui tu rêverais de tourner ?

-Très bonne question… Je ne vois pas vraiment de groupes de metal qui nous conviendraient, je pencherais plus pour des groupes comme Oceansize ou Katatonia, dont les ambiances musicales sont proches des nôtres. Paradise Lost aussi, peut-être. Il y a beaucoup de groupes que j’adore, mais avec lesquels nous ne collerions pas. Je pense par exemple à Tool, dont les concerts sont des expériences inoubliables. Mais de toute façon à part peut-être Meshuggah, je ne vois pas qui pourrait faire la première partie de Tool, c’est tellement particulier, les gens qui vont les voir n’y vont QUE pour voir Tool… J’aime beaucoup Kashmir, un groupe de rock alternatif danois un peu dans la veine de Radiohead, très populaire ici, mais je ne sais pas si nous irions bien avec eux…


-Quelles sont vos influences musicales, pour le groupe comme pour toi-même ?

-Nous avons tous des goûts très très différents. Jan Munnik, notre claviériste, adore le rock des années ’70, pour notre batteur Jan Grijpstra c’est Soilwork ou Nevermore, notre bassiste Jerome Vrielink est fan de Pink Floyd, mon frère Mats écoute du rock alternatif aussi bien que les vieux Tiamat. Marjan aime tous les groupes qui ont des très bons chanteurs. Elle est particulièrement fan d’Ayreon, donc tu peux imaginer l’honneur que c’était pour elle d’être invitée par Arjen Lucassen sur 01011001 ! Quant à moi, j’adore Kashmir, Soilwork, Anathema. J’aime beaucoup aussi Pink Floyd, Dire Straits, Queen, Cream, Gilmore, tous ces artistes que mon père écoutait. Je crois que pendant l’enfance nous avons un processus de maturation par rapport à la musique, comme vis-à-vis de la parole, et moi ce sont ces artistes là qui m’ont fortement marqués à cette période et qui ont contribué à façonner mes goûts d’aujourd’hui.


-La question qui est sur toutes les lèvres en ce moment : que penses-tu du téléchargement illégal ?

-C’est une question très délicate. C’est une attitude très humaine, et je la comprends tout à fait. Personnellement, je ne télécharge jamais - en partie parce que j’aurais trop peur d’attraper des virus. De toute manière, je suis confiant dans le fait que les gens qui aiment les disques qu’ils téléchargent les achèteront. Au fond, ce système à toujours existé, et personne ne se plaignait du tape trading. Simplement, avant tu copiais une cassette à tes amis, alors qu’avec Internet ça ne se passe pas du tout à la même échelle.

Le plus ennuyeux dans cette affaire est que les gens fréquentent de moins en moins les petits disquaires, qui souffrent et disparaissent les uns après les autres. Aujourd’hui, aux Pays-Bas, il n’y a presque plus que des grosses chaînes de disquaires, qui sont d’ailleurs principalement des chaînes de vendeurs de DVDs… Ça devient de plus en plus difficile de trouver de bons disquaires indépendants. Ça me désole, car j’adore flâner pendant des heures dans les magasins de disques, échanger avec les vendeurs, regarder les pochettes…

En définitive, je ne désapprouve pas le téléchargement MAIS je trouve ça triste que le CD disparaisse petit à petit du paysage.


-Tu es donc attaché au CD en tant qu’objet ?

-Oui, absolument. Un CD est un tout, il y a aussi l’artwork, les paroles, le concept global… c’est tellement excitant de retirer  ce cd que tu attendais depuis longtemps de son blister, de l’insérer dans ta chaîne hifi, de te poser dans ton canapé et d’en prendre plein les oreilles en suivant les paroles sur le livret ! Pour prendre un exemple récent, mon frère Mats était hyper enthousiaste parce qu’il venait de télécharger le dernier Meshuggah, il me disait qu’il fallait absolument que je l’écoute, mais j’ai préféré lutter contre la tentation pour ne pas gâcher ce moment de découverte… Bon d’accord, Meshuggah n’est peut-être pas le meilleur exemple, parce qu’il n’y a jamais les paroles dans leurs livrets ! (rires)

Par ailleurs, j’aime les groupes qui sortent des albums avec un concept, une thématique globale. C’est ce que nous essayons de faire avec Autumn: nous ne sommes pas le genre de groupes qui misent tout sur quelques hits, nous sommes un groupe à albums. Nous cherchons à faire des disques homogènes et cohérents, chaque album est une entité, une sorte de déclaration du groupe à prendre dans son ensemble.


-Pourquoi les lecteurs d’Heavylaw qui ne vous connaissent pas encore doivent découvrir Autumn ?

-Je pense que notre différence provient de la manière dont nous écrivons notre musique et de notre intégrité en tant que musiciens. La musique d’Autumn vient de nos cœurs, de nos tripes, à aucun moment nous n’essayons de sonner comme tel ou tel autre groupe. Le plus important pour nous est de pouvoir exprimer notre créativité. J’espère que cela attisera la curiosité de vos lecteurs. :)


-Dernière question traditionnelle chez Heavylaw : imagine que tu tombes sur une très vieille lampe, d’où s’échappe le génie d’Aladdin. Il consent à exaucer deux de tes vœux, lesquels seraient-ils ?

-Seulement deux ?

-Eh, c’est un génie, pas le Père Noël !

-Hhhmm, laisse moi réfléchir un peu… Tout d’abord, je nous souhaiterais une carrière prospère au niveau musical et créatif, ensemble. Ce line-up est vraiment solide, j’espère pouvoir le voir s’épanouir en toute quiétude, Autumn a déjà dû surmonter tant de difficultés de toutes sortes par le passé… Le deuxième serait une vie heureuse pour ma famille et mes amis, qui n’ont eux non plus pas été épargnés par les malheurs ces dernières années.


-Merci beaucoup pour cette interview Jens, je te laisse le dernier mot.

-Merci à tous ceux qui nous soutiennent et à ceux qui écouteront notre album. J’espère vous voir très vite, nous ferons tout notre possible pour monter prochainement sur scène en France !

0 Comments 01 avril 2009
Whysy

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