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Est-ce Europe qui évolue? Ou est-ce moi qui a changé de goûts musicaux depuis le milieu des années 2000? Difficile à dire. Toujours est-il que malgré le fait que ma ferveur pour ce groupe reste intacte, ses récentes sorties musicales peinent à me passionner.

Fan de Cherokee et Superstitious à la fin des années 90, je découvre en 2004 qu'Europe est toujours d'actualité. Finies les coupes improbables, finies les poses invraisemblables, les cinq peroxydés sont devenus des beaux gosses dans la quarantaine, sans pour autant s'assagir sur scène. Avec le magnifique Start From The Dark, la bande à Tempest frappe un grand coup et s'impose en un seul album, passant instantanément du statut de groupe culte/kitsch de foire aux vins et/ou salle des fêtes à celui de groupe sérieux, sachant rester fun, transgénérationnel, tout en envoyant du gros son, du déhanchement diabolique, du solo de malade et des hymnes qui font à la fois rire et vibrer. Un exploit à la hauteur du Hugh Grant de Music & Lyrics, et dont rêvent depuis deux décennies Manowar, Kiss et George Michael.

Il est donc, finalement, assez peu paradoxal de constater qu'Europe, aujourd'hui, va se cantonner à nous proposer une suite d'albums tout à fait décents, intéressants et sympathiques, mais malheureusement assez peu excitants. Lors de mon troisième concert d'Europe, il y a un ou deux ans, il était devenu évident que si le groupe se défendait franchement bien sur sa deuxième carrière, dont certains morceaux, notamment Last Look At Eden, trouvaient véritablement leur sens sur scène, je ne vibrait vraiment, à l'unisson du public, que sur Rock The Night, Stormwind ou Open Your Heart.

De la même façon, si j'ai adoré Secret Society, surtout grâce à trois-quatre morceaux excellents (Secret Society, Brave And Beautiful Soul, Devil Sings The Blues), je ne garde qu'un souvenir nébuleux de Last Look At Eden, et je crains qu'il n'en soit de même dans quelques années, pour Bag of Bones.

Pourtant, Europe est loin de démériter avec cet excellent recueil de manifestes hard-blues, confirmant les récentes déclarations d'amour de Norum à ce style dans son dernier opus solo, Play Yard Blues, paru en 2010. Des morceaux carrés, solides, bien produits et bien joués, mais qui manquent cruellement, à mon humble avis, de fièvre et de fureur. Heureusement, on va la retrouver cette fibre émotionnelle, sur certaines chansons qui sortent du lot.

Firebox, Bag of Bones, Drink And A Smile, Beautiful Disaster, autant de pièces transgenres, très réussies et assez passionnantes, dont certaines (Drink And A Smile par exemple) rappellent assez fortement l'exceptionnel deuxième album de Black Country Communion, qui lui rappelait déjà les légendaires quatre premiers chefs-d'œuvre du Zeppelin. Un jeu de domino curieux mais qui reste intéressant, et puis qui fait plaisir. Il est donc possible, après tout, que je garde un bon souvenir de ce Bag of Bones, ou au moins de ces quatre morceaux.

Mais une chose est sûre, lorsque Joey et ses boys fouleront les planches de la Laiterie en novembre prochain, je réserverai mes cordes vocales pour le moment où le fantasque Ian Haugland fera résonner ses toms, annonçant le double riff destructeur de John Norum et Mic Michaeli, ainsi que le cri suraigu de Tempest, précédant le fameux:

They lived in peace, not long ago, a mighty Indian tribe...

0 Comments 09 septembre 2012
Whysy

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