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Le quatuor américain Pharaoh continue son petit bonhomme de chemin pour nous proposer son troisième album, en espérant, mine de rien, qu’il sera enfin celui de la reconnaissance. Pour cela, on prend les mêmes et on recommence : même line up et même producteur (Matt Crooks) se sont mis à la tâche pour accoucher d’un opus au nom court et détonnant : Be Gone. Au programme, du changement dans la continuité. Comprenez que le groupe continue sa lente mutation amorcée par The Longuest Night, une mutation vers un Power Metal, Pharaoh délaissant un peu plus ses racines True Heavy.

C’est effectivement à Iced Earth et Pyramaze que Be Gone m’a tout de suite fait penser, la ressemblance est d’autant plus frappante depuis quePyramaze a recruté Matt Barlow. Chez Pharaoh, le chanteur c’est Tim Aymar, connu pour avoir collaboré avec feu Chuck Schuldiner sur le projet Control Denied. S’il ne possède pas le panel vocal de M. Barlow, il compense le déficit avec une hargne exceptionnelle ; il n’y a qu’à l’écouter sur rats and ropes pour conclure que ce gars a dû bouffer plusieurs micros pendant les cessions d’enregistrement. Il est l’apôtre des textes sombres de Be Gone, vomissant l’humanité en vociférant pour la dépeindre dans son inexorable marche vers la destruction de la planète et vers une apathie émotionnelle totale. Tim Aymar réussit à nous convaincre, le temps d’un album, par ses lignes de chants acérées, que l’humanité ne sera bientôt plus que l’ombre d’elle-même.

Côté section rythmique, celle-ci remplit son rôle, bien qu’un brin prévisible. La double pédale se remet systématiquement en marche après chaque solo, chaque refrain ; elle assure en fait une liaison dynamique entre chaque partie au sein des morceaux. Elle permet également de densifier chaque break et je trouve cela particulièrement efficace sur speak to me ou be gone, le dernier titre qui dénote par son côté lent, mélancolique, et dont les riffs expérimentaux sonnent comme sur un album instrumental. Pharaoh réussit à délivrer un Power Metal intense, dont l’aspect compact procure des ressentis d’oppression et de dynamisme à la fois. Quelques séquelles True Heavy font aussi pencher la comparaison vers un Persuader, surtout en début d’album. Dans ce registre, si dark new life et le speed no remains sont sauvés par des parties de guitares un peu téléphonées mais qui font mouche, il est dommage que notre chanteur n’ait alors pas d’autre idée que de vouloir se prendre pour Eric Adams, je trouve qu’il y perd en personnalité.

Dans l’ensemble, les morceaux ne contiennent pas de réelles lignes vocales directement mémorisables ou autres refrains hymnesques. Pharaoh préfère frapper plus sournoisement grâce à son chanteur dont j’ai déjà tout dit, et à ses guitares infernales omniprésentes rarement en manque d’inspiration, avec leurs petits soli disséminés. Je vous rassure, les mimiques guitaristiques ne sont pas utilisées de façon aussi caricaturale que chez Dragonforce, Pharaoh préférant l’efficacité à la démesure. Cependant, même si le jeu de guitare est souvent éblouissant, quelques passages font office de remplissage, comme lorsque le guitariste nous surprend, au beau milieu de red honor, à jouer sans conviction un passage de la b.o.f de Star Wars qui fait pitié. Le farceur sera pardonné dès le titre suivant, buried at sea, dont toute l’ambiance repose sur la succession mémorable de riffs tranchants et aériens.

Be Gone est pour sûr un bon album, inégal mais renfermant quelques très bons morceaux qui se démarquent plus par la densité des guitares et les émois rageurs du chanteur que par leurs refrains. Cette faculté à forger de la sorte sa musique n’est pas donnée à tout le monde, Be Gone mérite donc votre attention, se hissant presque au niveau du dernier Pyramaze.
[right]Chris[/right]

0 Comments 06 août 2008
Whysy

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