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L'incompréhension en ce début d'année 2003 alors que le groupe Eternal Tears Of Sorrow annonça sa séparation. L'indignation et la tristesse étaient palpables et sur les joues de fans roulèrent d'éternelles larmes de chagrin. Un groupe qui vit sa fin arriver précipitamment, alors que le succès lui tendit les bras, le destin en décida autrement et il n'en resta qu'un souvenir ainsi que quatres témoignages musicaux. Des albums que l'on écoute avec nostalgie, rêvassant à ce qu'aurait pu donner un tel potentiel s'il avait eu la chance de s'épanouïr. Nous avons été nombreux à suivre les aléas des membres au sein de formations éloquentes: Kalmah et For My Pain en tête, sans pour autant retrouver la magie qui faisait le charme d'EToS. Depuis combien de temps guettions - nous la moindre news, un petit signe de vie, de l'espoir en somme? Et comme par finalité, la calvaire pris fin 2 ans plus tard. Car en janvier 2005, le groupe annonce son attention de se reformer. Certes c'est avec une line up différente mais une motivation sans faille et une multitude de promesses que le groupe fête sa renaissance.  Pendant plus d'un an les rumeurs vont bon train, les prédictions et autres ragots circulent tant bien que mal autour de l'hypothétique 5e album de nos finlandais préférés. C'est alors qu'une annonce officielle sonne le glas. L'album sera disponible au printemps et la somptueuse pochette fait déjà rêver de nombreux auditeurs. Le titre de l'album, tout aussi poétique annonce franchement la couleur: Before The Bleeding Sun sera un album magique. Le temps passe, l'enregistrement se poursuit et l'on nous fait miroiter monts et merveilles. La tension monte, l'album sera - t - il digne de ces trois longues années d'attente?  C'est un poids énorme qui pèse sur les épaules d'Eternal Tears Of Sorrow car cette nouvelle offrande est attendue aux quatres coins du monde, et déjà de nombreux fans anticipent cette sortie comme l'un des meilleurs albums de l'année. Le groupe se doit de réconforter son auditoire, de démontrer qu'il a encore son mot à dire en cette sombre époque où les come-back affluent, et il se doit d'introduire un line up inédit reconstitué pour l'événement. Car si nos 5 musiciens paufinent leur image extérieure c'est uniquement dans le but d'attiser la curiosité des fans, un moyen de faire monter la pression et d'ajouter au folklore précédent la sortie d'un album très attendu. Un enjeu lourd pour un groupe qui ne craint guère les défis et qui négocie un virage dangereux avec un disque aux influences diverses empruntant au death mélodique, au heavy métal, et ici plus que jamais, au métal symphonique.  Eternal Tears Of Sorrow a soigneusement découpé son album et alterne avec aise ses chansons typiques, celles qui fleurent bon le parfum d'antan avec ces rythmiques incisives, ces rythmes nombreux, ces mélodies enchanteresses. Il semble évident que nos fins compositeurs n'ont pas perdu la main en ce qui concerne les chansons rapides où mélodies et puissance cohabitent au sein de structures efficaces. Des chansons construites selon des schémas simples présentant d'importantes orchestrations, notamment des cuivres et des violons. "Sweet Lilith Of My Dreams" ouvre dignement l'album par de doux accords acoustiques avant que le show EToS ne commence. Un fond heavy guitaristique maîtrisé, un clavier remarquable de mélodie, une ambiance particulière, une voix death parfaitement intégrée car ni trop violente, ni trop soft. Un excellent titre dont le break souligne à merveille le côté plus moderne du combo par un clavier aux consonances electros. Des titres comme "Another Me", "Upon The Moors", "Lost Tunes Of Thunder" et "Tar Still Flow" restent très directs et regorgent de mélodies toutes plus belles les unes que les autres. Nous assistons à un véritable ballet d'accords, une farandole de bonnes idées, une riche démonstration de savoir-faire musical. Tous ces titres débordent de talent. On remarquera que dans l'ensemble le tempo est plus relevé que pour l'album précédent, les différentes rythmiques se montrent plus percutantes et illustrent des sets tantôt très heavy, tantôt plus extrêmes. Il me faut insister sur le meilleur titre de l'album, un hit en puissance dont la composition tutoie la perfection. Il s'agit de "Red Dawn Rising" : une douce mélodie de piano pleine de souvenirs suivie de guitares puissantes sont une introduction à un titre mid tempo d'une grande qualité. Chanté principalement en voix claire, on découvre un vocaliste talentueux en la personne de Jarmo Kylmänen, un titre qui ne tarde pas à se transformer en duo pour finir sur une touche symphonique avec choeurs grandiloquents dans le refrain. Un refrain d'une puissance phénoménale, un air qui hantera votre mémoire de longues heures durant.  Ces premiers titres font mouche et rapellent sans complexe le EToS que l'on a perdu en 2003. Toujours cette même approche de la mélodie, cette recherche de l'accord parfait, cette virtuosité dans le jeu de guitare. Virtuosité vantée par de nombreux solis de guitares. Tous les musiciens sont bons et aucun ne déçoit tant la prestation est de qualité. Quel plaisir de retrouver le growl caractéristique d'Altti Veteläinen! Bien que d'une grande qualité, ces quelques chansons se montrent peu aventureuses et se contentent de satisfaire son auditoire sans véritablement surprendre. Le charme qui émane de ces musiques suffit à rendre heureux toute une catégorie de métalleux. Malgré tout l'effet vient à se dissiper et on se rend compte du manque d'originalité de ces chansons. Où sont les nouveautés que l'on nous a promises?  Comme il avait été annoncé, Before The Bleeding Sun contient quelques surprises de taille qui ne manqueront pas de surprendre les fans de longue date. Tout commence par une longue fresque de plus de 7 minutes découpée en deux chansons indistinctes. "Sakura No Rei" & "Sinister Rain" forment en fait une chanson à part entière développant une ambiance très sombre à l'aide de choeurs lugubres et d'orchestrations riches mais très en retrait. Le rythme est lent et lourd, la voix très solenelle récite calmement quelques phrases: la chanson est très axée sur l'ambiance. On note également une très agréable voix féminine qui prend les commandes à plusieurs moments dont un superbe passage chanté, frissons garantis! Eternal Tears Of Sorrow développe un concept inédit et se laisse aller à l'expérimentation réussie. La chanson est apaisante et les nombreuses influences gothiques sont parfaitement intégrées.  Et pourtant rien ne vous a encore préparer à la claque finale, la véritable surprise de l'album. La dernière chanson "Angelheart, Ravenheart (Act 1: Before The Bleeding Sun)" est une oeuvre à part entière. Cette longue fresque épique s'étend sur presque 9 minutes et rapelle les meilleurs moments de Nightwish, Rhapsody, Avantasia voire Therion. C'est à dire orchestrations de malade, choeurs à foison, mélodies imposantes le tout ordonné selon une grande rigueur et un professionnalisme total. Des guests d'exception en la personne de Tony Kakko et Markko Hietala, tout deux relayés aux back vocaux. Il est dommage qu'ils n'interviennent pas de manière plus poussée, de telles personalités méritent meilleur traitement. D'un point de vue tout à fait objectif cette chanson est un chef d'oeuvre de la musique symphonique et concurrence sans problême les plus grands noms du style. Malheureusement cette dernière piste risque d'être difficile à supporter pour les fans invétérés du groupe. En effet, caché derrière de telles orchestrations, une telle puissance orchestrale on ne reconnait plus Eternal Tears Of Sorrow... Le groupe perd son identité et se fond dans la masse des groupes opportunistes s'essayant aux joies du métal symphonique. Au final nous obtenons une impressionnante chanson, parfaite en tout point, mais dénuée de toute marque, de toute personnalité. La chanson est loin d'être fade, beaucoups crieront au génie mais elle m'agace tant les influences sont ici prépondérantes. EToS n'a pas besoin de tant d'artifices pour impressionner un publique conquis d'avance.  Au final nous obtenons un album contradictoire. D'un coté nous avons des chansons peu originales portant grassement mais fièrement la patte EToS: toutes emplies de bonnes choses bien croustillantes. Des titres qui éveilleront la nostalgies des anciens et impressionneront les plus jeunes par cet incroyable concentré de mélodie et de puissance. Tandis que de l'autre coté nos finlandais ont laissé voguer leurs idées à l'experimentation en nous livrant des chansons réussies mais peut être trop influencées. J'en suis conscient, ces critiques sont conséquentes mais elle transparaissent très peu à l'écoute. Car Before The Bleeding Sun reste un excellent album que l'ont prend plaisir à chantonner encore et encore à toutes heures de la journée. La maitrise musicale est parfaite, la composition fera l'unanimité, l'album est solide et déborde d'énergie. EToS nous offre donc un album faisant la synthèse de ses oeuvres passées tout en proposant une évolution vers un métal symphonique plus marquée. Attention tout de même à ne pas sombrer dans le cliché.  ...TeRyX...

0 Comments 13 mai 2006
Whysy

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