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Un homme marche sous la pluie, dans les rues sombres et quasi désertes d’Irlande du Nord. La nuit est tombée depuis longtemps sur Belfast, masquant avec peine les peintures murales glorifiant le Sinn Féin. L’homme, fatigué et épuisé, entre dans un des si nombreux pubs de la ville. En s’installant au comptoir, il remarque au fond de la salle, sur l’estrade, un groupe qui s’apprête à donner un petit concert. Ils sont nombreux, avec des instruments aussi variés qu’une guitare électrique et une flûte, ils sont espagnols s'il en croit le petit drapeau jaune et rouge peint sur un coin de la batterie. Alors qu’il commence à boire sa Guiness, les premières notes résonnent…  C’est ça la force de Mägo de Oz, nous faire voyager non pas seulement au cœur de l’Espagne, mais aussi à travers l’Europe. Un an après Gaïa, le groupe s’expatrie dans le nord du vieux continent pour y puiser de nouvelles inspirations folkloriques.  Ce qui saute aux oreilles immédiatement, c’est que le groupe a fait des progrès au niveau du son, de meilleure qualité par rapport au précédent album. Progression assez logique il faut dire, si l’on considère le succès musical et commercial de Gaïa. Toujours est-il que ça apporte un réel plus à ce Belfast, on peut mieux décortiquer la musique des espagnols, mieux apprécier chaque instrument à sa juste valeur par le biais de cette production très équilibrée.  Car musicalement, Mägo de Oz ne cherche pas à révolutionner son style. Les recettes des albums précédents sont reprises ici : les espagnols ont toujours l’art et la manière de construire des tubes, facilement mémorisables, aux refrains fédérateurs (écoutez Hasta Que Tu Muerte Nos Separe pour vous en convaincre), terriblement simples mais efficaces, de ces refrains qui vous donnent la pêche pour toute la journée. L’assemblage instrumental entre le côté métal (guitare électrique, batterie…) et le côté folklorique (guitare sèche, flûte, violon…) fait encore et toujours mouche.  Cependant, le groupe va plus loin dans sa démarche. Certains titres font apparaître une nouvelle facette plus progressive de la musique : Dama negra ou encore Mujer Amante, plus mid tempo, donnent une place de luxe aux parties plus instrumentales, un peu plus complexes qu’à l’habitude, avec des cassures rythmiques, des riffs ou des solos placés ci et là… La démarche est intéressante et surtout agréable, car ça apporte des moments plus calmes sur l’album. Pour parachever tout cela, les espagnols se mettent à l’anglais sur deux titres, Belfast et la reprise de Somewhere Over The Rainbow, et ça fait son petit effet, apportant une touche autochtone plutôt originale.  Les espagnols nous délivrent donc ici un album plus rock dans son ensemble, plus progressif aussi. Les parties instrumentales ont la part belle, c’est moins direct que sur Gaïa par exemple, mais l’essentiel est assuré : Mägo de Oz parvient encore une fois à nous gratifier de perles de métal folkloriques, par exemple Dame Tu Amor ou encore Mas Que Una Intencion, aux refrains magiques et entraînants. Belfast est un album très dense, varié et original, aux accents celtiques et hispaniques qui s’entremêlent pour nous donner un melting pot des plus réussis. Si l’on ajoute à cela un packaging remarquable, ce Belfast, malgré tout un peu sous estimé en raison de son statut de compilation de raretés et faces B, est encore une belle réussite de la part des espagnols.  … l’homme ressort, le cœur empli de la chaleur ibérique, euphorisé par l’alcool noir et le folklore sudiste. Il pleut toujours sur Belfast, mais d’un coup, cette pluie lui paraît fine, presque douce. Il respire le parfum délicat d’un temps d’orage, écoute l’eau s’abattre sur les pavés sombres et brillants de la rue, puis il s’éloigne, le sourire au coin des lèvres. C’est sans doute ça, la magie de la musique.

0 Comments 09 janvier 2007
Whysy

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