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C’est la fin d’une ère. Pendragon va bientôt prendre des accents métallisés. Mais pas encore, comme dirait Djimon Hounsou dans Gladiator. Mais pas encore. Non, pour le moment, le groupe continue d’officier dans un rock progressif tout ce qu’il y a de plus classique, mais réellement touchant et avec un son original. On reconnait Pendragon à des lieues à la ronde grâce à la sublime voix de Nick Barrett et à leur volonté de toujours rester dans la mélodicité sans jamais sombrer dans un rock trop expérimental ou technique. Ce qui n’empêche pas Nick de nous pondre des compositions d’un quart d’heure, sans pour autant perdre ce côté easy-listening qui fait le charme du groupe. Believe est donc le dernier album dans cette veine onirique et marque aussi l’ultime participation de Fudge Smith derrière les fûts : une grande perte pour Pendragon qui sera toutefois atténuée par l’arrivée du très bon Scott Higham. Cet album adopte de plus un son résolument plus moderne que ses prédécesseurs et l’on commence déjà un peu à perdre ce qui faisait le charme du groupe dans les années 90, à savoir ce son tout droit sorti des années 70, propre, mais typé, à la manière des productions récentes de Yes et de ses side-projects. Believe a de plus sa particularité au sein de l’œuvre de Pendragon puisque c’est l’album dans lequel Nick retombe amoureux de son électro-acoustique, avec des morceaux comme Wisdom Of Solomon ou encore la merveilleuse The Edge Of The World.

Le quartet anglais nous a réservé pour cet album une petite surprise : une petite pièce instrumentale en guise d’introduction, qui ne dure pas plus de trois minutes, un peu à la manière de The Masquerade Overture. Mais ce sera bien le seul point commun de ces deux morceaux, parce que Believe se veut beaucoup plus ambiante et planante. A l’écoute de ce titre, on a l’impression de flotter au dessus de forêts puis d’océans de tranquillité. Cette plénitude est toutefois de courte durée puisque l’on quitte vite les rivages de l’ambiant pour atteindre les falaises du rock pur et dur avec No Place For The Innocent. Pendragon nous assène une claque sévère à travers la face avec un riff digne des plus grands groupes de l’histoire, simple mais mémorable. Et c’est ainsi tout le long du morceau, on se croirait chez The Who ou chez Queen, Mercury en moins. Puis débute Wisdom Of Solomon, probablement le titre le plus faible de l’album, qui lance néanmoins les hostilités avec une introduction très Pendragonesque, à base de claviers et d’envolées magique de Stratocaster : même après des années, la recette continue à fonctionner, mais le reste du morceau est clairement en deçà du reste du disque.

La pièce centrale de Believe, c’est bien entendu The Wishing Well, une fresque épique de plus de vingt minutes qui traite de l’aliénation de l’homme à la technologie et d’autres thèmes chers au rock progressif. Divisé en quatre parties, il alterne les différentes ambiances dans lesquelles Pendragon a puisé tout au long de son existence. For Your Journey est une introduction narrative atmosphérique qui quoique un peu longue a le mérite de nous mettre dans l’ambiance. Sou’ By Sou’west se base presque uniquement sur le tandem lead guitar / voix et nous démontre une fois encore que les refrains sont le fort de Pendragon. And now, everybody to the dancefloor… C’est un peu ce que m’inspire la suite de ce morceau : We Talked est probablement la partie la plus réussie de The Wishing Well et monte en puissance tout du long. Fudge Smith signe ici un fort bel adieu au groupe, et épaulé par Peter Gee, ils délivrent une prestation rythmique de grande qualité. Enfin, Two Roads, tout son sens au morceau grâce à un final épique et à l’alliage de guitares rock, voire metal par instants, aux électro-acoustiques.

L’album se poursuit avec Learning Curve qui symbolise bien le nouveau style du groupe et qui malgré une introduction un peu longue parvient à délivrer un groove très intéressant à partir de la deuxième minute ; les ambiances y sont franchement réussies. The Edge Of The World est le morceau le plus personnel de l’album et constitue un véritable message d’amour aux fans polonais du groupe, qui les ont suivi tout au long de leur carrière, même lorsqu’ils n’en menaient pas large. Une clôture d’album toute en finesse, à coup d’électro-acoustique, de finger picking et de bottle-neck. Un festival d’émotions qui prend tout son sens en concert.

Si Believe n’est pas le meilleur album de Pendragon, notamment à cause de certaines longueurs comme sur Wisdom Of Solomon ou sur Learning Curve, il possède une identité propre et enrichit grandement la discographie du groupe. L’apport de la guitare électro-acoustique donne un sérieux boost à l’album, et Nick Barrett sait alterner avec sa Stratocaster pour satisfaire ses fans de la première heure. On regrettera peut être un peu le trop peu de morceaux chargés en émotions, qui étaient légions sur les albums précédents, et qui se résument ici à Sou’ By Sou’west et The Edge Of The World – magnifiques morceaux soit dit en passant. Believe effectue la transition entre les Pendragon d’hier et d’aujourd’hui d’une bien belle manière, et je conseille aux fans de l’ère Pure de s’y attarder, de même que les puristes de The Masquerade Overture qui souhaiteraient s’intéresser aux œuvres plus récentes du groupe. Dzien dobry !

0 Comments 11 décembre 2008
Whysy

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