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Opeth… Avant même de pénétrer dans l’univers musical du groupe, le mystérieux combo suédois attire, fascine, interpelle. Ce logo simple mais si élaboré à la fois, tout en volutes, ces couvertures respirant le mystère, ces titres et textes à la fois morbides et poétiques, cette étrange ode à la nature, cette atmosphère de promenade nocturne, mélange d’angoisse et d’apaisement…

L’art musical d’Opeth repose sur une seule base, très originale : la dualité. A tout moment s’affrontent ombre et lumière, électrique et acoustique, chant death ou clair, dans les deux cas superbes. Entrez donc dans le monde funéraire et magique de ce « parc des eaux sombres… »

J’ai connu le groupe avec son album le plus violent, le chef d’œuvre « Deliverance ». Je m’étais retrouvé très surpris d’apprécier et de réécouter en boucle quelque chose d’aussi brut, obscur… mais toujours si beau à la fois.

Sur foi de très nombreuses chroniques éminemment positives et élogieuses, je décidais donc de me procurer cet opus. Et même si je jugeais Deliverance indétrônable, Blackwater park eut tôt fait de devenir mon opus préféré du groupe. Déjà, si l’on part des précédentes réalisations du groupe, Blackwater park est le premier album entièrement composé en studio et qui voit le groupe bénéficier d’une aide extérieure, Steven Wilson, leader du groupe progressif anglais Porcupine tree. Mickael Ackerfeldt, chanteur d’Opeth, éprouve une immense admiration pour Steven et c’est pour ainsi dire à genoux qu’il lui a demandé de produire l’album. Aujourd’hui les deux artistes et groupes sont amis et se revendiquent comme influence mutuelle !!

L’apport du pianiste anglais est indéniable. Cet album évoque vraiment le ciel gris et les après-midi passées devant la fenêtre à observer la pluie, un spleen typiquement britannique… la production est vraiment puissante, parfaitement équilibrée, vraiment, aucun reproche possible de ce côté-là, chaque instrument s’entend distinctement.

Venons en au contenu à proprement parler : cet album respire le talent et l’inspiration à chacune de ses notes. D’aucuns pourront reprocher à Opeth un aspect légèrement répétitif, ou se montrer hermétiques au côté progressif du groupe, qui enfante toujours de longs morceaux aux structures éminemment complexes. Et pourtant, lorsque le déclic à lieu, cet album est un total envoûtement.

Déjà, Mickael est mon chanteur préféré en matière de death metal, et je sais que je suis très loin d’être le seul à m’incliner devant la profondeur parfaite de son growl et l’incroyable étendue de son talent, aussi bien en tant que musicien que compositeur et artiste tout court.
De plus, son chant clair est beau à arracher des larmes. Sa voix est apaisante, parfaitement posée, exprimant une mélancolie superbe à tout instant. En disant cela, je pense bien sûr à Harvest, qui est probablement la plus belle ballade de nos chers suédois… Ecoutez ce morceau dans un contexte particulier, après des moments forts… et peut-être aurez vous la chance de vous sentir, comme moi, transporté par ce petit chef d’œuvre d’une beauté et d’une tristesse confondantes.

L’album en lui-même forme une entité très homogène et pourtant très variée. Impossible de confondre les morceaux entre eux, chacun possède sa propre force.

Le groupe puise par fois sa force dans la composition de morceaux particulièrement noirs et assez bruts. « The leper affinity », morceau d’ouverture, est un titre sombre, violent et progressif dès les premières notes, mais qui contient quelques variations et breaks inoubliables, ainsi que des solos extrêmement prenants. Steven Wilson assure la conclusion du morceau au piano, pour notre plus grand bonheur. Dans le même registre, « The funeral portrait » nous prouve avec force conviction que les racines d’Opeth se situent bel et bien dans le metal extrême.

D’autres morceaux, au contraire, constituent de purs moments de douceur, de beauté, de poésie : le groupe nous gratifie d’un petit morceau instrumental de transition tout en douceur et volupté, le triste « Patterns in the ivy ». Quant à l’enchaînement « Harvest » « The drapery falls » et « Dirge for november », il constitue pour ma part le coeur et les meilleurs moments de l’opus. Progressifs, parfois tendres aussi, aux solos superbement inspirés, où le chant death se fait sublime (« Dirge for november », un de mes morceaux préférés du groupe, qui donne envie de pleurer avec la guitare), ces morceaux sont de purs joyaux, uniques, et touchés par le génie créatif, impossibles de les décrire autrement. D’une beauté et d’une force évocatrice désarmantes…

Enfin, « Bleak » et « Blackwater park », s’affirment par la puissance de leurs riffs excellemment heavy, à faire headbanguer un chauve par leur puissance, la mélodie et leur efficacité. Ces morceaux s’illustrent aussi par la potion magique réalisée entre acoustique et électrique, l’une n’allant jamais sans l’autre dans cet album. Aucun des 8 morceaux du disque ne suscite l’ennui donc, malgré leur longueur.


Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album est culte en tous points, l’un des tous meilleurs de ma discothèque, toutes catégories confondues. Lorsque l’on s’immerge dans son atmosphère, les sombres eaux du parc emprisonnent votre corps mais délivrent votre esprit. Comment alors renier cet album qui semble tirer sa force évocatrice des recoins insoupçonnés de la grandeur et de la noirceur de l’âme humaine ? Comment cesser d’admirer ce paysage si bucolique, hanté, désenchanté, bouleversant, sincère ?! Ces pointes de mélancolie, ces instants de lumière rendus intenses par une mise en valeur sobre mais efficace au milieu d’un tableau si noir.

L’extrême progressif trouve ici ses lettres de noblesse. Une expérience intense et inoubliable.

Gounouman

0 Comments 26 mai 2006
Whysy

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