Ah, le voici ! Le retour tant attendu de Grand Illusion ! Les maîtres nordiques du Rock mélodique !  Ils reviennent... 5 longues années après leur séparation qui nous avait plongé dans une incommensurable mélancolie !

Hein ?!? Comment ça... vous ne connaissez pas ?
Et bien... pour être tout à fait honnête... moi non plus !!!
Mes connaissance en terme de Rock mélodique étant des plus restreintes, et pour tout dire limitées à quelques titres entendus sur les ondes radios dans les années 80, j'avoue découvre Grand Illusion avec cet album. Mais si j'en crois les infos glanées ici et là sur le net, il semblerait que le combo suédois soit réputé dans le milieu. Alors faisons comme si de rein n'était, et continuons cette chronique avec l'apparat magnifique du critique bien informé et sûr de lui...

Nous voici donc en présence du quatrième opus de Grand illusion, chantre de douceurs mélodiques sur fond de guitares électriques... Car s'il paraît étonnant pour de nombreux "djeuns" de trouver un tel groupe sur ce site, n'oublions pas que le Rock mélodique, autrement appelé AOR (pour Adult Oriented Rock), fut pendant près de deux décennies l'initiateur et la principale vitrine "politiquement correct" du Metal contemporain. Alors certes, cela peut faire sourire aujourd'hui de voir dans les effluves sucrées du genre les prémices du démon musical moderne, mais il serait injuste et historiquement faux d'oublier les apports et les influences, au sein des formations actuelles, de groupes comme Toto, Foreigner, Magnum, Journey, Asia, Kansas, Def Leppard, Styx, et j'en passe !

Mais revenons à nos moutons (aucun rapport avec la structure capillaire des musiciens)... Ce "Brand New World" s'avère être, à mes oreilles de néophyte, un album tout ce qu'il y a de plus noble dans ce style si raffiné. Certes, sur le fond, la musique ne paraît pas révolutionnaire (depuis le temps, difficile de se réinventer). Mais elle rempli parfaitement son rôle en distillant son flot de mélopées enchanteresses. Le timbre des deux chanteurs Peter Sundell et Anders Rydholm y joue d'ailleurs pour beaucoup, les lignes vocales étant soigneusement peaufinées et réfléchies. Et puis comment résister aux chœurs mielleux et au romantisme du premier titre « Never Find Her Alone » ? Le genre de hit pour emballer en moins de deux (du moins si on était encore en 1986 au bal populaire de la commune voisine...). Et c'est bien là le piège de l'AOR : tomber dans une succession de titres gnian-gnian ou de ballades chiantes à mourir... Or il n'en est rien ! Car s'il semble inévitable de retrouver les traditionnelles ballades sirupeuses (« Emily » et « Forever with you »), Grand Illusion n'a, par bonheur, pas oublié ses racines Rock. Il intègre donc des mid-tempo rythmés (« Brand New World », « Playing With Fire »), des morceaux plus percutants et dynamiques (« All Out Of Love », « 157th Breakdown », « I'm Alive ») ou des titres plus versatiles (« Burning Bed », « Evil and Pain », « Warning signs », « Sacrifice ») qui offrent une vitalité et une ardeur douces mais efficaces.

Sur la forme, rien à redire. Les musiciens sont des professionnels aguerris et ils maitrisent leur sujet. Anders Rydholm, maitre à penser du trio qu'est Grand Illusion, sait y faire pour concocter des hymnes d'une justesse rare. Les mélodies sont belles, travaillées et accrocheuses ; les soli et les lignes mélodiques de six-cordes remarquables. On notera par ailleurs la présence de nombreux invités de choix venus prêter main forte : Gregg Bissonette à la batterie (Toto, Joe Satriani,...), les guitaristes Tim Pierce (Bruce Springsteen, Bon Jovi, Meat Loaf, ...), Mike Slamer (City Boy, Streets, Seventh Key... ), Danny Jacob (Ray Charles, Elton John... ), Roger Ljunggren et Kjell Klaesson, ainsi que l'artiste japonais H.E. Demon Kakka venu pousser la chansonnette sur « Search for light ».

Ainsi, si vous êtes sensibles au Rock mélodique, nostalgique d'une époque semble-t-il révolue, ou tout simplement curieux et ouvert d'esprit, ce nouvel opus de Grand Illusion saura vous faire passer un agréable moment. Quant à savoir s'il s'agit là d'une pièce maîtresse du genre ou simplement d'un bon album, j'avoue ne pas être le mieux placé pour en décider, et je préfère laisser ce jugement aux seuls spécialistes. En d'autres termes, jetez-y une oreille et jugez par vous même... Pour ma part, c'est une belle réussite !