C’est au son de la guitare sèche et de la cornemuse que s’ouvre ce 8e album de Suidakra. Un disque qui symbolise le retour aux sources d’une formation qui a longtemps voyagé sans connaître le véritable échec. Le chemin fût long et parsemé d’embûches mais le groupe n’a pas encore déçu son noyau dur de fans, et même si l’album précédent marquait une césure dans leur discographie, ce « Caledonia » devrait faire son petit effet à condition de passer outre certaines faiblesses qui m’empêchent d’apprécier pleinement ce nouveau brûlot.

Suidakra puise son inspiration dans le folklore celte et enrichit sa musique d’instruments tels la cornemuse et d’autres nouveautés acoustiques. Ce nouvel album souligne d’ailleurs le retour en force de telles influences tant le côté folk semble poussé sur certains titres. Je pense essentiellement aux chansons acoustiques chantées avec un accent moyenâgeux aux multiples mélodies et douceurs. Malheureusement ces titres sont trop nombreux et tous ne sont pas utiles. Ainsi si « The Distant Call » est bien cadencé et parfaitement placé, on ne peut pas en dire autant de « The Ember Deid » qui casse le rythme du disque et « Ramble » dont le vide donne le vertige. Suidakra ne possède plus cet indéniable talent d’écriture tant ses mélodies sonnent creuses et conventionnelles. Au lieu d’apporter de la variété et de la fraîcheur au disque, cet apport folklorique lui confère un goût douteux tant l’ensemble manque de folie et d’audace. C’est triste à dire mais « Caledonia » ne possède pas cette magie d’antant. On sent des structures poussives et même si certains passages mélodieux sont fort bien gérés, la plupart tombe dans un classicisme presque frustrant.

C’est à priori le même constat pour le reste des chansons, celles plus « métal ». On navigue en terrain connu et Suidakra a vraiment du mal à innover. Les chansons sont expéditives et ne possèdent pas cette remarquable fibre que l’on appelle une « accroche ». Le groupe ne propose rien qui n’ait déjà été entendu et même si certaines chansons sont excellentes elles n’en demeurent pas moins presque clichées : je pense à « A Blackened Shield » tandis que d’autres semblent tellement poussives que seul un break de cornemuse parvient à les rendre intéressantes : « Forth Clyde » ou « Dawning Tempest ». Même l’unique pièce épique du disque, « Highland Hills » qui culmine à près de 8min se vautre en beauté. L’introduction est intéressante, la fin l’est également. Fidèle à ses habitudes Suidakra alterne voix death et voix claire : deux chanteurs respectivement bons dans leurs rôles malgré des lignes vocales pas toujours au mieux, et des refrains inexistants. Finalement « Caledonia » manque d’ampleur et de puissance.

En 2006 Suidakra m’a fortement déçu. Ce retour aux sources semble s’être fait de manière un peu rapide et l’inspiration n’a pas forcement suivi même si l’album reste plaisant à écouter. Objectivement ce n’est pas mauvais, certains le trouveront même très bon, mais que voulez-vous… Une déception reste une déception pour ce disque en demi teinte.

…TeRyX…